Quand on fait l'impasse sur le fond, pour surenchérir la forme

Natural Born Killers est un film intriguant, étonnant, original sans être novateur mais nous présente un peu trop de "Regardez ce que je sais faire". N'étant pas assez familiarisé avec le cinéma d'Oliver Stone, n'ayant vu, jusque là, que Platoon et Sowden... je ne suis pas a même de juger sa mise en scène. Cependant, je suis certains que ce n'est pas ce qu'il maîtrise le mieux.


En effet, si le scénario offert par Tarantino est intéressant, il présente de nombreux vides qui ne sont comblés que par des gimmicks de mise en scène dont je n'arrive pas à percevoir le symbole. D'ailleurs, parlons-en de la mise en scène. On a le droit une orgie visuelle à base de travellings et de cadres imposés par la caméra débullée, des changements de filtres marquant l'évolution des couleurs de manière peu subtile, de cuts rapides, la surenchère de plans décadrés et de plans en contre-plongées, l'utilisation de la surimpression, images distordues etc... Si ce film est un chef d’œuvre de mise en scène, cette surenchère gâche pratiquement sa visibilité. Cependant, je ne doute pas du fait que ce soir volontaire, un choix purement artistique du réalisateur... mais pour illustrer quoi ? Eh bien, nous n'en saurons rien étant donné que le film...


se termine sur une fausse fin : la fuite des deux personnages principaux et l'assassinat de Wayne Gale n'apporte rien si ce n'est une scène légèrement comique qui nous laisse froid car aucun apport psychologique au personnage de Gale a été traité de manière sérieuse. Pourtant, dans le message (véritablement flou) que le film essaye d'apporter, je suppose que Gale représente la décadence d'un système médiatique établie dans une Amérique qui nous paraît, cru, dure telle qu'elle est montrée dans le film. Mais ici, il est traité comme un comic relief.


Mais, je suis obligé de ressortir des éléments positifs de part certaines idées introduites dans le scénario qui sont, à mon avis, dans les attentes des spectateurs. La première partie fait du film, l'une des meilleurs séquences de Road Movie des années 1990. De plus, certaines scènes sont traités de manière ironique pour contraster la situation de chaque personnage. Le fait d’introduire le background de Mallory Knox comme une sitcom est juste énorme. La scène est véritablement comique.


Autres points forts, les performances. Il se dégage un espèce de folie contrôlée dans le jeu de Woody Harrelson qui contraste tellement bien avec la folie un poil hystérique interprétée par Juliette Lewis. Ce qui marque un parallèle avec le couple de Clarence & Alabama dans True Romance (1993) de Tony Scott. J'ai véritablement cru voir Patricia Arquette en brune. On notera également l'un des meilleurs rôles comiques de Robert Downey Jr. (sans ampleur psychologique) dont chacune de ses séquences sont cultes ainsi qu'un Tommy Lee Jones qui porte son hystérie incontrôlée sur la gueule.
On notera également, le surjeu omniprésent créant un décalage narratif.


En conclusion, Natural Born Killers (parce que c'est quand même plus badass que "Tueurs Nés") est un film qu'il faut voir car personne ne pouvait s'attendre à un tel film en 1994. De plus, c'est un film qui va jusqu'au bout de son expression de la violence à l'origine de sa controverse.

nbls
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le 30 mai 2017

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nbls

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