Il ne faudra que quelques minutes à Oliver Stone pour annoncer ce qui est à venir : un film à la fois déjanté et haut en couleurs, mais trop peu subtil pour être consacré.


L'histoire commence dans un désert en noir et blanc, appuyé en bande-son par la voix envoûtante de Leonard Cohen. L’image passe subitement à la couleur, puis vire au rouge pour se fixer dans un diner perdu au fin fond du Nouveau-Mexique. C'est là que Mickey commande son déjeuner pendant que Mallory se dirige vers le jukebox et se met à danser. Natural Born Killers raconte l’histoire d’amour sulfureuse et fusionnelle de ces deux âmes meurtries, qui trouvent en l’une et l’autre un compagnon de route pour le road trip sanglant qui les rendra célèbres. En moins de trois semaines, Mickey et Mallory traversent l'Amérique et tuent de sang froid plus de soixante personnes. Devenus des icônes populaires en une des mass media, les fugitifs sont poursuivis dans une chasse à l'homme historique rappelant l'échappée folle de Bonnie and Clyde.


Si Oliver Stone livre une belle interprétation de ce qui crée et alimente la folie assassine, Natural Born Killers n’en est pas moins un film dont le rythme et la saturation d'images étouffent. Le parti pris du cinéaste est simple : pas plus de quelques secondes par plan et aucune vue de face. Sans cesse placé dans la diagonale de l’écran, le spectateur est harassé d’images tout en étant exclu du cadre direct de l’action. L’image saturée tantôt bleue, rouge, verte, en noir et blanc ou en animé devient indéchiffrable, et l’apparition redondante d'images télé des années 50 ou de corps mutilés par le duo psychopathe crée un mélange indigeste voire morbide.


A trop vouloir styliser chaque plan, Oliver Stone enraye le sens et s'engage vers le road movie comico-gore. Malgré le jeu d’acteurs remarquable du couple Jennifer Lewis-Woody Harrelson, la réalisation place le récit à l’arrière-plan et insiste sur une ultra-violence épileptique. Natural Born Killers marque l'apogée d'une violence-kitsch au croisement du film d'horreur et du thriller, mais reste un film hybride à voir au moins une fois.

JulietteT
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le 15 janv. 2016

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