Ouais, le parallèle est réfuté par le réalisateur lui même, et il a raison de s'écarter verbalement en interview de ce film (American History X) car il possède une approche beaucoup moins "story-telling" et bien plus "film du réel" à la française. Mais le même thème suit les deux films, la haine de l'autre et toute sa vacuité.


Marco Lopez est un skinhead d’extrême droite qui possède une violence profonde en lui. On le découvre avec ses trois potes en train de poursuivre des jeunes, sans doute de gauche, pour aucune raison particulière expliquée dans le film. Premier plan, plan séquence. Après les avoir rattrapés et bien amochés, ils s'en vont et s'arrêtent devant un bar tout ce qu'il a de plus calme. Ils rentrent à l'intérieur pour martyriser le tenancier et les quelques client qui sont d’origine nord-africaine. Deuxième plan, plan séquence.


Vous aurez compris, Diastème utilise le même procédé de narration visuelle que les Dardennes par exemple. La caméra suite les protagonistes, dans la continuité d'une action pour en faire ressortir tout le coté violent et inattendu. Les cuts ne servent qu'à faire des ellipses la plupart du temps. C'est pas nouveau mais c'est très bien utilisé.


Et l'histoire en elle-même ? Est-ce que ça valait le coup tout ce bordel avec les avants-premières annulées ? Bah... J'en ai eu à me demander si c'est pas volontairement fait par le distributeur. Je m'explique: le film parle d'un sujet qui au final n'est pas souvent abordé comme il le fait (et il le fait excellemment bien), le film a fait parler de lui pour sa censure, c'est un scandale, les médias en parlent, boom promo gratuite. Parce que, sincèrement, je ne vois pas en quoi le film pourrait choquer. Oui il montre des choses pas jolies jolies, mais m**de, si ça c'est choquant au point de craindre des réactions épidermiques, j'en viens vraiment à me poser du degré de perversion de réalité dans lequel la France vit.


Parce que le film montre de façon sincère et SANS POLITISER le moindre du monde ses extrémistes. Il ne fait que suivre la vie de Marco Lopez, du jeune écorché qui crache sa haine de l'étranger et du faible, jusqu'à l'adulte qui a petit à petit compris à quel point cela pouvait être idiot. On suit en parallèle le trajet des deux autres camarades de tabassage vu dans la première scène, qui chacun montre que la haine n’empêche pas la "réussite" ou l'échec. L'un devient un homme politique tandis que l'autre se trouve en prison pour un crime commis sur un vieux noir.


C'est un film qui porte très bien son titre. Et je le recommande chaudement, car il permet peut être à certains de voir clairement comment se manifeste la violence, la haine de l'autre, sans raison apparente, juste parce qu'on a besoin de croire en quelque chose. Et on y croit, jusqu'à ne plus se rendre compte à quel point c'est vide de sens et à quel point on n'arrive plus à penser autrement ou voir autrement. Mention spéciale à Alban Lenoir, que je connais pour ses rôles dans les séries Kaamelot et Hero Corp, et qui m'a bluffé totalement dans son rôle. C'est un excellent acteur qui le prouve totalement dans ce rôle, une nomination aux césars ne m'étonnerait pas.

Yellocrock
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le 23 juin 2015

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