J'aime la façon dont la réalisatrice a réussi par moments à faire du temps le personnage principal, et sinon, à la gérer, à écrire avec les saisons réelles et le temps du tournage et comment cela remplace avantageusement et avec une douceur toute particulière la mécanique d'écriture du récit. Il y aurait comme un laisser faire à l'œuvre, un effacement que j'ai trouvé bien venu avec le sujet et qui rend possible la captation de la douleur adolescente. La première partie (de transition) avec l'architecte norvégion, lorsqu'il n'est que professeur, est particulièrement réussie; il y a un tact dans la direction (en accord avec ce traitement patient du temps) qui permet de délivrer les mots banals (disons, avec Sullivan) puis les incursions de la pensée extériorisée (disons, par le cours d'architecture ou le carnet intime) avec la même tranquille justesse. Qu'il n'y ait pas de grands débordements de sentiments, que les jeunes soient de jeunes fils de bourgeois plutôt aisés permettra sans doute à certains de dénigrer le film, d'en dénigrer la bien pensance française, il est à peu près certain que la réalisatrice n'y a pas pensé cinq minutes.