Août 1972, New-York étouffe littéralement sous une chape de chaleur. Sidney Lumet ("12 hommes en colère") nous présente en ce début de décennie des Seventies, une ville au double visage où la pauvreté la plus sordide côtoie l'indécente opulence d'une grande métropole moderne. Côtoyer sans jamais se rencontrer, deux mondes si proches et si éloignés à la fois. Une injustice qui, images à l'appui, va nous amener vers l'histoire qui va suivre. Deux hommes armés font irruption dans une agence bancaire de Brooklyn en plein après-midi, nous sommes le 22 août 1972 et ce braquage au demeurant banal fera la une de tout le pays. A travers les deux personnages principaux : Sonny (Al Pacino, grandiose !), la tête pensante et Sal (John Cazale, formidable !), son partenaire mutique et mystérieux, le réalisateur va aiguiller son long-métrage vers un drame social très fort bien au-delà du simple film de hold-up. Sonny et Sal, les sacrifiés de l'"American Way of Life" vont tenter le tout pour le tout en prenant en otages les employées de l'agence et leur patron. Un geste désespéré dont l'écho ira bien plus loin qu'ils ne l'auraient imaginé. Sidney Lumet joue sur différents points de vue, oscillant entre le huis clos suffoquant où les caractères des personnages s'étoffent au fur et à mesure du récit et le brouhaha extérieur. Il en profite pour fustiger la police et les médias, les uns pour leurs méthodes discutables (je n'en dirai pas plus, je ne veux rien spoiler) et les autres pour leur propension à toujours vouloir faire du sensationnel amenant à un voyeurisme exacerbé ( et Internet n'existait pas encore !). Durant plus de deux heures, le spectateur va être le témoin d'un pathétique fait divers à travers une douloureuse mais nécessaire réflexion sur la société où les otages ne sont pas forcément ceux que l'on croit ! Une tragédie urbaine qui restera longtemps dans les mémoires