Un homme pressé pourrait passer pour un cliché des comédies dramatiques à la française: intro sur fond de musique classique, une berline qui sillonne les beaux quartiers de la capitale avec à son bord un odieux personnage qui va apprendre des autres et de lui-même, la course au fric, à la gagne et puis l'accident. Alors vient la découverte de la vie, la VRAIE; Celle des gens, des terrasses de café, du retour à la nature, de la famille, de l'immigration positive, brève toutes ces fadaises bobos que l'on nous ressasse à longueur de temps.
Mais c'est sans compter l'atout majeur du film: Fabrice Luchini. Du Luchini qui fait du Luchini sans pour autant cabotiner. Comme on l'aime. Cet amoureux des mots, ce gourmet de la langue met à profit son phrasé si particulier pour construire et déconstruire le vocabulaire de la langue de Molière. Il crée des jeux de mots incroyables, inaudibles et pourtant si compréhensibles. Il nous fait rire. Ce grand patron jadis écouté de tous, victime d'un AVC, s'humanise à travers une belle galerie de personnage: son orthophoniste, le personnel hospitalier (extraordinaire Igor Gotesman!), ses domestiques...
Le film parvient à nous accrocher et bien qu'il soit très classique voir démago, décousu et longuet on assiste à de beaux moments, drôles et inattendus. Une comédie pas trop mal relevée par un Fabrice Luchini qui sait prendre son temps.