Cornillac passe derrière la camera. Dieu que c'est réussi. Original et inventif.

On ne présente plus Clovis Cornillac acteur : plus de 50 films, une trentaine de téléfilms et séries, une vingtaine de pièces de théâtre. Ce dernier n'a plus grand chose à prouver de ce côté. Mais aujourd'hui, l'acteur passe enfin derrière la caméra après quelques années d''hésitation.


Et en voyant ce film, on se dit que ça valait le coup d’attendre. Le nouveau réalisateur nous offre une comédie romantique originale et vraiment bien foutue. Une énorme bulle d’air dans le paysage de la comédie « stéréotypée » à la française.


À commencer par le pitch : D'un côté, « Machin », un créateur de casse-têtes investi, taciturne et solitaire qui ne peut travailler que dans le calme complet (Cornillac). De l'autre, « Machine », une jeune pianiste fraîchement installée dans son nouvel appartement (Mélanie Bernier). Elle prépare un concours important et doit beaucoup s'entraîner pour le réussir. Entre eux, une cloison minuscule, créant une cohabitation forcée et aveugle. Oui « Machin » et « Machine » vous avez bien lu.


Le principe de départ est brillant et on ne peut s’empêcher d’aimer ce joli film servi par des intentions absolument pures.


Déjà, Clovis Cornillac intervient dans un genre où on ne l’attendait pas et qui lui va super bien au final. Et il nous le sert avec une touchante personnalité, et ça, ça ne court pas les rues dans le paysage cinématographique made in France. Le metteur en scène nous raconte avec un charme dénué de toute mièvrerie, notre époque où, malgré l'explosion des moyens de communication, la solitude n'a jamais semblée aussi difficile à vivre.


Plus qu’agréable, la mise en scène est pertinente (toujours pop et enlevée), mais surtout s’éloigne des codes du genre de la Com’Rom. Certains pourront être gênés par ce semi huit clos mais les autres prendront un énorme plaisir tout comme moi. Un petit point faible tout de même puisque quelques scènes auraient pu être un poil raccourcies pour éviter une ou deux longueurs et une fin pas décevante mais moins original que le reste du film.


La distribution est parfaite et Cornillac, qui aurait pu, peut-être, être un peu plus investi dans son rôle, offre à ses partenaires les plus beaux rôles (Tout comme l’a fait Alex Lutz pour son film, ma critique est ici : http://www.senscritique.com/film/Le_Talent_de_mes_amis/critique/55023812)


En commençant par Mélanie Bernier. Trop rare, l’actrice que l’on n’avait pas revu depuis Les Gamins et Au Bonheur des Ogres en 2013 est une nouvelle fois épatante. Fraiche, pétillante, jouant toujours juste, elle se voit offrir ici une jolie palette d’émotions. « Mélanie revient vite » !


Philippe Duquesne est comme toujours impeccable. Il campe ici le meilleur ami de « Machin » et prouve une fois de plus, s’il en est, qu’il fait parti des acteurs qu’on aime retrouver et ce, dans n’importe quel film.


Enfin la compagne du réalisateur Lilou Fogli (qui a donné cette idée a son compagnon et qui a participé au scénario) est tout bonnement géniale dans le rôle de la sœur de « Machine », un brin obsédée et frivole. Une découverte.


On retrouve également Grégoire Œstermann, un grand acteur de théâtre lui aussi plutôt rare au cinéma, il joue ici un prof de piano, à qui on a envie d’arracher les yeux.


On notera la présence de Gérard Laroche qui a beaucoup tourné avec le réalisateur, il lui offre donc ici un petit rôle.


Et puis Manu Payet, pour un clin d’œil le temps de deux petites scènes très drôles (non ce n’est pas un spoiler on le voit dans la BA).


La BO tient vraiment la route et vous reconnaitrez des morceaux connus tout au long du film.


En bref: Inattendu et rafraîchissant, « Un peu, beaucoup, aveuglément » apporte la bulle d'air indispensable à un genre moribond malgré une longueur ou deux et une fin moins surprenante. La première réalisation de Clovis Cornillac surprend autant qu'elle charme et c'est bien là son seul objectif, et sa plus grande qualité. Un vrai coup de cœur.

Georgio_Tribout
8
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le 11 mai 2015

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Georgio_Tribout

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