Les années 2000 et sa folie du cuir, beaucoup de cuir, beaucoup trop de cuir. Cette overdose d'excès, cette envie de puiser dans les tendances rock/goth pour jouer les prolongations des années 90.
J'ai détesté ce film au premier visionnage, me bidonnant tout du long entre deux états de somnolence avancée, tellement je me suis ennuyée comme pas permis. Au second, c'était un peu mieux. J'avais mûri, et je ne regardais plus les films "nuls" juste par souci de me marrer, mais bien pour pouvoir juger en pleine connaissance de cause.
S'il y a un aspect plutôt positif à retenir de tout cela, c'est bien la culture revisitée autour de la société vampirique, qui donne une matière sympathique à regarder (même si là encore il y a de quoi ricaner en constatant le plagiat éhonté de la Mascarade). Tout n'est pas à jeter. L'organisation hiérarchique, les différents statuts, l'esthétique qui, passé le côté un peu kitsch, reste très agréable à visionner. Dommage que Selene soit creuse au possible, obsédée par une énième histoire de vengeance personnelle à satisfaire, qui la maintient branchée sur sa décision depuis quatre siècles non stop, et qu'un pauvre mec sans charisme arrive à interrompre sans même qu'on ne comprenne vraiment pourquoi. Car c'est bien beau de se la jouer à la Roméo & Juliette du pauvre, mais si l'écriture sublime de Shakespeare et le jeu rafraîchissant d'un DiCaprio et d'une Danes donnaient tout son sens et son charme à l'histoire originelle et à l'un des films adaptés, Underworld se contente de l'inspiration grossière, sans aucun sens ni valeur à cette romance à laquelle on ne croit pas une seconde.
La bande-son est plus qu'honorable, prenante, se liant sans difficulté aucune à une ambiance poisseuse et noircie au possible, aidée par la localisation originale du récit : la Hongrie. Pour une fois que ça se bastonne pas dans une arrière- cour de New York, l'effort vaut largement d'être souligné.
Pour tout le reste, circulez, rien à voir. Les effets spéciaux des lycans sont à vomir, venant saccager une opposition intéressante entre les deux races. Les personnages sont survolés, les liens entre eux demeurant ou superficiels, ou inexpliqués, remplacés par des scènes d'une mièvrerie à pleurer, ou d'une volonté de "faire cool" pour séduire un public adolescent et avide de baston sans avoir besoin de justification à cela. Certaines répliques devraient être interdites par la convention de Genève ("Time to die!" / "Ton heure a sonné !" => oui, parce que je me suis farcie la VF au premier visionnage, et la VO au second), et bien que la photographie reste soignée la plupart du temps, avec certaines scènes particulièrement classes (notamment celle d'intro), Underworld ne casse pas trois pattes à un canard et se perd dans une overdose de cool. Quand la moitié du clan vampirique se résume à marcher vite dans un couloir en prenant une gueule sérieuse sur une musique trop dark, ça donne plus envie de rire que de s'inquiéter pour la suite. Beckinsale fait le taff, aidée par sa plastique impeccable, mais on ne pourra pas en dire autant de son compagnon de route, interprétant Michael Corvin, et dont on ne s'étonnera pas de l'absence totale de carrière à côté des films Underworld.
La saga aura au moins réussi un coup de maître en imposant définitivement dans les esprits quelques pierres à l'édifice de l'univers surnaturel, notamment en solidifiant la rivalité vampires / lycans. Un gâchis certain, compte tenu du fait que tout était loin d'être à jeter, et qu'avec un projet plus ambitieux, le film aurait pu peser lourd comme pilier du cinéma de genre.