Il ne faut pas forcément craindre d’un titre prévu pour l’international un buffet d’images népotistes qui fait rouler des yeux en disant ”Ils sont fous ces Italiens !”. Il faut juste suspendre son incrédulité un peu vite car les personnages sont envoyés directement sur une île pour subir une tempête du siècle que Bergman n’aurait boudée que pour la chaleur, mais qui a surtout le tort de présenter les caractères sans soin ni inventivité.


Un tour de passe-passe & voilà que la réunion de famille d’un jour s’allonge de deux : ce n’est pas l’hypocrisie qui empêchait les invités de prendre congé, car personne ne s’est jamais gêné pour dire ses quatre vérités entre autant de z’yeux. Il n’y avait donc pas un ange exterminateur mais plusieurs, autant de ressentiments que l’imprévu fait exploser dans des drames de famille qui se bousculent.


En sa qualité de film familial, Une Famille italienne n’offre rien de spécial & il balance vraiment tout d’un coup à la figure du spectateur, remplissant joyeusement les lits la nuit & déliant sans moins de délices les langues de jour. Bizarrement, la réussite de la famille n’est pas relationnelle mais bêtement technique, parce que le casting est modeste mais enfle à la dimension d’une foule comme la caméra ne s’intéresse qu’aux humains & que le montage se refusera à laisser le moindre conflit en suspens. Si tout arrive d’un coup, c’en est un… de théâtre : un théâtre multi-tableaux où la caméra danse agilement, sûre d’elle, pas curieuse mais témoin, jusqu’à ce que des erreurs attribuées aux acteurs – des sourires trop insistants, par exemple – passent aux protagonistes, épaississant leur crédibilité sans qu’on ait à les connaître vraiment.


Chercheurs de nouveauté & concepteurs de familles modernes, passez votre chemin. En revanche, si les îles cathartiques méridionales que peuplent autant de cactées que d’actes inconsidérés vous intéressent, il y a de quoi manger.


Quantième Art

EowynCwper
5
Écrit par

Créée

le 26 oct. 2019

Critique lue 292 fois

Eowyn Cwper

Écrit par

Critique lue 292 fois

D'autres avis sur Une famille italienne

Une famille italienne
JorikVesperhaven
5

Radotant, Muccino ne parvient pas cette fois à nous emporter dans le tourbillon de ses passions.

Gabriele Muccino revient définitivement à sa terre natale, l’Italie, après une parenthèse hollywoodienne de dix ans moyennement convaincante (« A la recherche du bonheur », « Love Coach », …). Et...

le 4 août 2018

3 j'aime

Une famille italienne
Daddy-Cool
5

Gâchis à l'italienne

La comédie italienne des années 60 a produit de nombreux chefs d'œuvre de Dino Risi, Ettore Scola (Affreux, sales et méchants est le summum de la comédie sur une famille italienne en décomposition...

le 6 août 2018

2 j'aime

Une famille italienne
SimonOzir
1

Bastaaaaaaaa

Je pense qu'il y a moins de cliché dans une pub Santa Lucia... Ça sent la naphtaline on peut anticiper sur les dialogues, puis ça devient de plus en plus gênant. Même la mise ensemble scène donne...

le 11 mars 2019

1 j'aime

Du même critique

Ne coupez pas !
EowynCwper
10

Du pur génie, un cours de cinéma drôle et magnifique

Quand on m’a contacté pour me proposer de voir le film en avant-première, je suis parti avec de gros préjugés : je ne suis pas un grand fan du cinéma japonais, et encore moins de films d’horreur. En...

le 25 oct. 2018

8 j'aime

Mélancolie ouvrière
EowynCwper
3

Le non-échec quand il est marqué du sceau de la télé

Si vous entendez dire qu'il y a Cluzet dans ce téléfilm, c'est vrai, mais attention, fiez-vous plutôt à l'affiche car son rôle n'est pas grand. L'œuvre est aussi modeste que son sujet ; Ledoyen porte...

le 25 août 2018

7 j'aime

3

La Forêt sombre
EowynCwper
3

Critique de La Forêt sombre par Eowyn Cwper

(Pour un maximum d'éléments de contexte, voyez ma critique du premier tome.) Liu Cixin signe une ouverture qui a du mal à renouer avec son style, ce qui est le premier signe avant-coureur d'une...

le 16 juil. 2018

7 j'aime