Dans ce film sombre, le mal est tapi dans l'ombre mais aussi en pleine lumière. Dès le début, ça flingue et ça flambe comme à Marseille quartiers nord. Les porte-flingues adhèrent à la cause de ceux qui les manipulent, parfois par idéalisme comme Stéphane le héros maladroit et malheureux survivant de l'histoire nationaliste du FLNC et d'Armata Corsa, parfois parce c'est l'aventure, l'occasion de vivre en voyou sur un pied trop grand, et d'agir pour la cause qui excuse tout, la fin justifiant les moyens. Cette culture méditéranéenne avant tout masculine du point d'honneur, de la vendetta, de la violence érigée en valeur première, rythmée autant par les mariages que par les enterrements, frôle toujours le néant, le désespoir, et quelquefois, quelquefois seulement la rédemption, le sacrifice du compagnon de lutte qui cherche à sauver son neveu innocent, sans jamais abandonner les armes ni sécher tout à fait les larmes.
Malgré les maladresses de l'ambition artistique, et le personnage de notre antihéros ex étudiant finalement peu politisé qui manque un peu d'épaisseur intellectuelle et affective, la mayonnaise prend, le film s'arrache au documentaire ou à la chronique d'un clan un peu fade et vulgaire. Il s'élève parfois avec force et grâce, comme lors de la dernière scène du film, un travelling, véritable appel désespéré à la vie d'un homme hébété de solitude. Alors, finalement, nous ne sommes plus si loin de la tragi-bouffonerie pasolinienne.

PierreFayollat
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le 27 août 2017

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Pierre Fayollat

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