La solitude d’un homme au sein du groupe clandestin Armata Corsa

Le film reprend le tournant des années 2000, alors que le nationalisme corse vit ses heures dissidentes en se scindant politiquement.


Ce qui est mis en lumière dans ce long métrage, c’est le besoin de reconnaissance officielle du peuple corse, qui souhaite conserver l’intégrité de l’île tant au niveau géographique, paysager (vs stations balnéaires) que politico-culturel. Stéphane, intellectuel corse militant exilé à Paris, juge que le FLNC ne remplit plus son contrat au regard du peuple corse et intègre la branche Armata Corsa, suite à sa rencontre en prison de ses futurs frères d’armes, dans un contexte de pleine confusion des enjeux nationalistes.


Peretti réussit un coup de maître, en travaillant à l’extrême les dialogues qui décortiquent la complexité entremêlée des idéaux et de la lutte armée. Notamment, les discussions déclinent en tout réalisme le sens que Stéphane veut trouver au mouvement politico-révolutionnaire, alors qu’il peine à s’identifier aux actions conduites. Plus sanguinaires parfois que les actes, les mots sont d’ailleurs davantage le porte-parole d’ « Une vie violente ». Le cessez-le-feu qui existe réellement par moments laisse déraper la situation vers une puissance verbale totalement performative. Tant et si bien qu’on ne peut s’empêcher de la rapprocher de celle de Michel Audiard.


On peut enfin souligner l’intérêt sociologique du film, qui au-delà de son analyse du groupe politique et de la famille, restitue la place des femmes corses dans ce contexte insulaire, notamment dans l’unique scène qui les montre autour d’un verre de blanc sans compagnie masculine. Formatées culturellement dans leur discours bien que parfois désinvoltes, elles en reviennent à ce principe qu’elles n’enfreindront jamais : « La règle, c’est la règle. »

MarianneBordreau
10

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le 1 sept. 2017

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Cephise Lanoire

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