Inévitables comparaisons...

Revu ce jour au cinéma, afin de profiter de la présentation de M. Rouyer, j'ai pu de nouveau l'apprécier, mais sous un jour nouveau.

M. Rouyer a ainsi expliqué que Forman, après avoir vu l'adaptation théâtrale des Liaisons Dangereuses par Christopher Hampton (avec Alan Rickman qui joue Valmont), s'est dans un premier temps vu proposer de transposer cette pièce dans une nouvelle adaptation filmique, Roger Vadim en ayant déjà livré une version avec Gérard Philipe dans le rôle de Valmont.

Au final, les droits sont vendus à Stephen Frears, Forman décidant de garder une certaine liberté vis-à-vis du roman et de la pièce, en réécrivant l'histoire, modifiant ici certains aspects de la pièce (l'âge des deux personnages principaux, plus âgés dans la pièce alors que leurs âges ne sont pas précisés dans le livre), là le déroulement des événements évoqués dans le livre.

Et c'est ce qui fut le drame de ce film. On ne peut s'empêcher de comparer, souvent à son désavantage. Il est librement inspiré de l'oeuvre de Choderlos de Laclos. Beaucoup lui reprocheront cette infidélité à l'histoire et aux destins de Mme de Tourvel et de Cécile de Volange. D'autres déploreront qu'il soit sorti après le film extrêmement réussi de Frears, alors qu'il avait commencé son projet avant, seulement Frears se basant sur la pièce, a pu réaliser son film beaucoup plus vite que Forman qui lui partait de zéro...

De plus, le casting de Frears était beaucoup plus sexy et connu (Malkovich, Close, Pfeiffer, Reeves, Thurman) comparé à celui de Forman (Firth, Benning, Meg Tilly, Henry Thomas, Balk). Seul Thomas était connu en France grâce à son inoubliable rôle dans E.T.

Pourtant, l'interprétation des personnages, que certains pourraient trouver caricaturale, est réussie à mes yeux, chacun, représentant un archétype. Benning en Merteuil, boursouflée par son immense orgueil, Balk en Volange, d'une innocence, d'une naïveté et d'une fraîcheur confondantes, Tilly en Tourvel, totalement pénétrée dans un premier de sa piété avant de tourner sa ferveur vers son amour total et sincère pour Valmont, Thomas en Danceny, d'une chevalerie si extrême qu'il en devient agaçant alors que Firth en Valmont, cet être immoral et plus guidé par ses pulsions sexuelles, finit par paraître sympathique en comparaison... Belle inversion de l'échelle des valeurs ;-)

Voilà donc un beau film maudit, qui s'est vautré dans les grandes largeurs, mais qui retrouvera du crédit avec le temps, enfin, je l'espère... ^^