Comme on le dit bien trop souvent, l'art, c'est subjectif. Est-ce que cet adage s'applique au 7ème art ? Je n'en sais rien, mais ça s'appliquerait à merveille à ce Velvet Buzzsaw.
Etrange croisement entre un film d'horreur et un trip sous acide, cette œuvre m'a laissé un arrière goût familier, celui que laissent les films voulant en raconter plus qu'ils ne le montrent. Cette "seconde lecture" est très commune dans le paysage cinématographique et donne de la profondeur aux œuvres filmiques. Ceci pourrait s'appliquer à Velvet Buzzsaw. Le film suit une trame horrifique classique tout en ayant l'air de vouloir en dire plus. Mais le déroulement des différents événements et le rythme font remettre en question cette classification. Les scènes se succèdent, mais rien ne semble réellement avancer. Les œuvres d'art se mettent à tuer, mais sans apporter un réel poids dans l'histoire (on connait les enjeux, mais rien ne donne la sensation d'urgence). Par ailleurs, les fameux meurtres causés par des tableaux, des robots foireux et autres graffitis ne sont franchement pas très intéressant et auraient pu être bien mieux utilisés. C'est certes assez perturbant, mais ça sent méchamment le "sous-exploité". De plus, l'origine de la "possession" de ces œuvres n'est que brièvement abordé, et c'est très dommage car les événements auraient pu prendre une tournure tout à fait macabre et perturbante.
Mais s'il foire du côté de l'horreur, peut-être que le film de Dan Gilroy cherche effectivement à en raconter plus qu'il ne le montre ? Peut-être cherche-t-il à décrier ou dénoncer l'industrie de l'art tel qu'il est actuellement ? Si là étaient les intentions du réalisateur, je pense que c'est là aussi raté. Le film montre certes un monde étrange et surréaliste dans lequel tout le monde semble se comporter comme un faux cul et un connard tout en gardant un air sérieux et supérieur (le personnage incarné par Zave Ashton en est le meilleur exemple : magnifique mais détestable à souhait), mais rien n'a réellement une quelconque gravité. Les personnages sont également des pures caricatures, ce qui a tendance à énerver par moment (le critique d'art pédé incarné par Jake Gyllenhall, tellement subtil) sans apporter quoi que ce soit au récit. Je dois cependant dire que j'ai beaucoup appris sur l'industrie de l'art que présentait le film. J'ignorais jusqu'à présent le fonctionnement des galleries, le recrutement des artistes, etc. C'était franchement très intéressant et il s'agit peut-être même de la meilleure facette de ce film : faire découvrir un monde surréaliste où les plus faibles se font dévorer par les puissants acheteurs de toiles. On laissera malheureusement le reste dans un coin.
Mélange foireux ne sachant pas dans quelle direction aller, Velvet Buzzsaw est un film totalement oubliable qui passe à côté d'un immense potentiel en s'empêtrant dans une bouillie qui veut se la jouer maligne. Cette œuvre parlera peut-être à certaines personne, mais en tout cas pas à moi. Ce film, c'est de l'art abstrait sur pellicule, et je n'aime pas l'art abstrait.