Vice
7.1
Vice

Film de Adam McKay (2018)

Vice est une satire politique féroce et acerbe, un portrait au vitriol de celui qui aura su à grands coups de manœuvres politiques machiavéliques transformer le poste anecdotique de Vice-Président des Etats-Unis en celui de l’homme le plus puissant du pays (et donc de la planète).
Comme il l’avait fait pour illustrer brillamment la crise des subprimes dans l’excellent The Big Short, Adam McKay fait appel aux ressorts de la comédie et de la farce pour appuyer sa démonstration. A la fois divertissant et éclairant, Vice nous apprend beaucoup sur les arcanes du pouvoir américain et les failles dans lesquelles Dick Cheney s’est engouffré avec une gloutonnerie et une ambition monstrueuse.
Ce n’est certainement pas le premier film à décortiquer la perversité et le cynisme du monde politique, mais Vice se distingue par la vitalité de sa mise en scène, sa malice, son ton léger et humoristique qui bien loin de passer pour de la futilité crédibilise avec force le travail d’investigation et amplifie le sentiment de consternation. McKay joue du double sens, du off, innove sur la forme, détourne des images, utilise habilement la vivacité du montage pour faire passer ses messages (géniale idée de faux générique au milieu de film). Fascinant et glaçant. Ainsi même si on sait maintenant qu’il n’y a jamais eu d’arme de destruction massive en Irak, on assiste ébahis aux manœuvres d’un homme pour créer le vide autour de lui, s’appuyer sur un système nécrosé et imposer une guerre absurde sans autre but que de servir ses intérêts politiques et financiers. Avec comme conséquence bien réelle l’émergence de Daesh, comme la guerre américaine en Afghanistan à la fin des années 70 avait créé Ben Laden.
L’interprétation massive de Bale, monstre de cynisme et impressionnant de mimétisme avec l’ancien VP, le place idéalement dans la course à l’Oscar, l’académie raffolant des biopics et tout ce que ça signifie en grimage et performance over the top. Mais il serait presque éclipsé par Amy Adams, qui tout comme son personnage tire son partenaire masculin vers le haut. A eux deux, ils sont la parfaite illustration du couple politique arriviste à l’ancienne, manipulateur et peu scrupuleux, que rien ne semble pouvoir arrêter.
Passionnant, édifiant et éloquent

Thibault_du_Verne
8

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Créée

le 18 févr. 2019

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