Après un grand film soviétique des années 70, nous voici dans un film un peu oublié, injustement, de 2019. A vrai dire, c'est probablement le biopic le plus réussi depuis pas mal de temps.
Adam McKay, réalisateur et auteur de comédie de génie (on se souvient des chefs d'oeuvres Stepbrothers, The Anchorman ou encore The Other Guys), est devenu un réalisateur bankable depuis The Big Short, autre grand biopic- pamphlet politique et économique sur la crise des subprimes de 2007- 2008.
Un oscar du meilleur scénario grapillé après, McKay semble avoir plus de liberté et de budget pour celui- ci, un vrai- faux biopic tragi- comique, dans la même veine que The Big Short, sur Dick Cheney, le n°2 de la présidence Bush le fils .
Et encore une fois, c'est génial. L'humour est parfaitement dosé et très cynique, voire assez grotesque et caricatural par moments, rend certaines scènes tout simplement hilarantes, on voit bien l'influence d'un Ritchie ou d'un Scorsese via ce ton très acide du début jusqu'à la fin. Le rythme est incroyable, on ne s'ennuie pas une seconde, et la mise en scène, tout en mouvement et en rupture avec des pauses délicieuses et une voix- off parfaite, rend l'histoire de l'ascension de ce minable, complètement "dirigé" par sa femme, tout simplement passionnante.
Que dire mais la photographie est vraiment bien foutue, les reconstitutions d'époque, même minimes, restent en tête (notamment les images d'archives), et même les cadres comme le montage est vraiment splendide : le scénario, tout comme le big short, un nouveau pamphlet contre le néo- libéralisme et la politique des républicains, n'est pas super subtil, mais nous narre parfaitement la montée en puissance de Cheney, avec au passage de vrais passages instructifs et intéressants sur le fonctionnement du pouvoir politique et économique aux Etats- Unis.
Mais surtout, c'est la direction d'acteurs qui est à couper le souffle, et les performances sont dantesques : que cela soit Steve Carrell, éblouissant en second rôle grandiose, un Sam Rockwell parfait en Bush junior complètement à côté de la plaque, une Amy Adams irrésistible qui éclipse tout le monde, ou encore un Christian Bale encore une fois méconnaissable et qui est délicieux dans son rôle, on sent que tout le monde prend un pied monstre et cela fait un bien fou. Et puis cette BO pas mal qui nous immerge dans ce monde de requins avec cette mise en scène toujours aussi excellente, bref, on a déjà un biopic qui met à l'amende la plupart des films de son genre.
Bref, on apprend des choses, on se bidonne, on est secoué, et on est pris dans une longue épopée dans l'Amérique de Dick Cheney et ses conséquences désastreuses que l'on sait. Vice est une claque impeccable, un très bon film, et un portrait inestimable d'un magnifique salaud. Welcome to America, ladies and gentlemen.