Videodrome m'a (enfin) permis de comprendre un peu plus l'étrange univers de David Cronenberg. Jusqu'alors cantonné à La Mouche, ExistenZ et History of Violence, voilà bien un film qui m'a donné littéralement envie de faire quelques recherche après le visionnage tant quelque chose s'est débloqué dans mon esprit, prêt à accéder (ou accepter ?) à celui du réalisateur.


Bon, sur cette critique, difficile d'être objectif à 100%, le film appartenant à son époque a certainement pris un coup de je-ne-sais-quoi, de vieux, non, mais de technologie peut-être. Il faut vraiment se replonger dans le contexte de l'ère industrielle de la VHS et de la télé américaine des années 80 pour être immergé.


Si je devais utiliser un seul mot pour qualifier Videodrome, j'utiliserais l'onomatopée "Gloups"... Vous savez... Ce bruit de déglutition caractéristique d'une digestion compliquée, d'une inquiétude latente, ou du dégoût à la vue de quelque chose de peu ragoûtant.


C'est ça, Videodrome, en fait ; un film qui remue les entrailles en faisant réfléchir (il y a bientôt quarante ans déjà, c'est dingue) sur le concept de média tout puissant aux étranges pouvoirs lobotomisants et expiateurs des pulsions les plus noires de l'esprit humain. (Tiens, c'est drôle, parce qu'en 2020, avec la télé-merdalité, internet, les réseaux sociaux et tout le toutim, on est encore en plus dedans...)


Ça fait "Gloups", donc, déjà dans le thème. C'est pas très positif. Ça fait "Gloups" aussi dans l'ambiance, très... Cronenbergienne, si j'ose dire ; sombre, organique, malsaine et glauque à souhait, so 80's que ça te fout mal à l'aise car ce monde n'existe plus vraiment... Ça fait "Gloups" aussi parce que y'a pas à dire, les maquillages et effets spéciaux à la sauce Cronenberg, c'est franchement écœurant et fascinant à la fois car la moindre plaie a du sens, chez ce type. Il suffit d'une fente de magnétoscope dans le bide de Max pour que tu t'interroges sur la forme, le sens, la profondeur, ce que ça contient... Du beau boulot ! Et surtout ça fait "Gloups", parce qu'une fois terminé, tu ne sais toujours pas si ce que tu as vu était bien réel... ou pas.


Le film présente tout de même quelques longueurs. J'ai trouvé James Woods un peu plat et chauvin, et certaines lenteurs te font parfois fermer doucement un œil, jusqu'à ce qu'une main-flingue bien dégueulasse te rappelle à la raison / folie de ce que tu es en train de regarder. Quelques différences de rythme, certes, mais globalement un film assez chouette que j'aurais certainement beaucoup plus apprécié si je l'avais vu 20 ans plus tôt.

Le-Dank
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le 14 févr. 2020

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