Il les écrits mieux que personne, les histoires de femmes entre femmes. C’est comme si il les comprenait intimement. Et l’histoire à beau être simple, les sentiments exprimés sont complexes, et les enchevètrements multiples. Meurtre, mensonge, deuil, résurrection, la mort sociale contre la mort physique, les conflits entre soeurs, le ton est tout sauf dramatisé. Il n’y a que Pedro qui puisse mélanger tous ces ingrédients et ne pas être lourdingue pathos, et mélo tire-larmes. Ça devrait être chargé, c’est léger comme un flamenco qui passe en jupons et nous touche en plein cœur. Complicité mère-fille dans le meurtre, amour-haine, solidarité entre voisines et femmes, un vrai portrait de groupe inter âge. Et les hommes dans tout ça ? Et bien ils sont aux abonnés absents, ou bien ils sont en train de faire la vaisselle, en tout cas ils ne sont pas là. Et j’attends comme à chaque fois cette touche de rouge. A chaque film de Pedro, je sais que je vais voir des tomates bien rouges, un téléphone rouge, une robe rouge, une femme en rouge. Comme d’hab un humour pince-sans-rire, des répliques qui font mouche, un univers qu’on reconnaît et qu’il connaît sur le bout des doigts. Un monde en rouge et noir, avec la mélancolie chassée par les grands yeux noirs de Pénélope Cruz, par le retour de Carmen Maura, par le charme candide de Laula Dueñas . Un Pedro classique sous tous rapport, mais toujours maître de son art, ça ne se refuse pas.