Que dire de ce film apart une déception extrême, pour ma part. L'affiche était prometteuse, Michael Douglas, dans son indémodable classe, surgissant en homme de l'ombre prêt à avaler son naïf protégé (pas si naïf que cela d'ailleurs) qu'est Shia LaBeouf. La phrase d'accroche, elle, était encore plus prometteuse "Soyez proche de vos amis. Et encore plus de vos ennemis".

Et bien, cela n'en est rien. Les amateurs en exergue de thrillers financiers se sont tout bonnement retrouvés en face d'un espèce de mélodrame avec la Bourse pour décor, les escroqueries étant reléguées au second, pour ne pas dire dernier plan.

Au début, la scène d'ouverture est convaincante : on remet à Gekko ses effets personnels, avec l'inutile précaution de les nommer, puisqu'a priori ils ne serviront plus dans le film (La pince à billets en or, vestige du temps où Gekko était un monstre). On se laisse ensuite gentiment berner par l'atmosphère de la concurrence qui fait fureur à Wall Street; on se laisse envelopper dans la réalité impitoyable des salles de marchés, où l'argent l'emporte sur la morale et où les puissants leaders, tout de costards italiens vêtus, font régner la cupidité et la soif de profit. Enfin, la scène de suicide de Zabel dans le métro est remarquablement filmée, émouvante et constitue à mon avis une des meilleures scènes du film. On aurait pu croire que de là s'ensuivrait une bataille sans merci composée de dialogues cinglants entre diplômés d'Harvard : il n'en est "pratiquement" rien.

On pense à chaque fois qu'il se cache un évènement dont le film va bientôt nous révéler l'existence, mais on se trouve inexorablement en présence de longues tirades inutiles, de scènes dont l'intérêt est discutable (Pourquoi avoir gaspillé autant de temps lors de la promenade en moto entre James et Moore, alors qu'il le licencie tout de suite après, qu'ils s'étaient déjà entretenus et que le désir de vengeance de Moore était déjà connu ?)
On attend avec impatience, depuis sa tirade devant les jeunes traders, que Michael Douglas daigne nous en mettre plein la vue et remette le couvert afin de nous prouver son vrai retour. Au final, il escroque juste sa fille, manoeuvre que l'on ne voit même pas.

Carey Mulligan joue cependant à merveille son rôle de fille paumée dans ses relations houleuses avec son escroc de père, enchaînant les crises de larmes avec une efficacité et une facilité déconcertantes, qui mettent en avant son talent d'actrice 00's. Eli Wallach, méconnaissable, agit en tant qu'ancêtre du cinéma et sa présence est loin de poser problème. Shia LaBeouf est parfait dans le rôle du jeune trader intrépide, dont la ressemblance avec notre trader national Jérôme Kerviel est déconcertante.

Beaucoup de temps gaspillé donc, beaucoup de scènes qui n'apportent pas grand chose, un gros manque d'escroqueries et de filouteries qui caractérisent pourtant tellement la réalité des salles de marchés. Si telle était la volonté d'Oliver Stone, l'expert en biopics, d'organiser un mélodrame constituant une suite plus légère et plus soft du Wall Street précédent, il aurait tout simplement fallu changer l'affiche afin de ne pas faire de fausse joie au spectateur avide de coups bas, de dialogues violents et de regards de fer : en somme, le vrai Wall Street.

Wall Street : l'argent ne dort jamais ? En effet, il dors trop, et tel est le problème majeur qu'a connu la suite d'un film pourtant culte.
alexandraerika
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le 26 oct. 2011

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