Everybody knows

Ils avaient tout prévu. 360 000 fusils SND pour sniper. 1 084 000 grenades GP-30. 45 000 missiles sol-air SKO. 100 millions de cartouches d'AK-47. (Je ne sais pas ce que c'est, mais ça a l'air cool). Et la mort de Leonard Cohen aussi. Everybody knows - d'où mon super titre.

War Dogs est parti d'un article de Guy Lawson publié dans le magazine Rolling Stone en 2011. Le trailer annonçait donc un film basé sur des faits réels, à savoir l'histoire des trafiquants d'armes David Packouz (Miles Teller, Whiplash) et Efraim Diveroli (Jonah Hill, 21 Jump Street), réalisé par Todd Philips (Very Bad Trip) avec Cliff Martinez à la BO (le compositeur chéri de Nicolas Winding Refn). Passé le plaisir de retrouver deux acteurs avec qui j'étais en bons termes, je me suis demandé ce qu'allait bien pouvoir donner un mix entre Le Loup de Wall Street, Lord of War, et Very Bad Trip.

Cela ne pouvait pas donner plus que War Dogs. Embrigadé dans les petites magouilles de son pote d'enfance Efraim, David s'est décidé à abandonner sa petite existence minable pour vivre enfin le rêve américain et tous deux se lancent donc dans le trafic d'armes en répondant à des appels d'offres du gouvernement américain. Un scénario qui rappelle un peu trop Lord of War. A contrario de ce que promettait la bande annonce, ce n'est pas une comédie ; le film s'apparente plus à un drame, avec des relents de thriller, ce qui le rend très proche du petit dernier de Scorsese. War Dogs installe donc une atmosphère de déjà-vu, mélangeant ces deux films sans toutefois être véritablement à la hauteur de l'un d'entre eux.

Cependant tout est loin d'être déplaisant dans War Dogs ; et si on ne ressent pas une grande affection pour les deux protagonistes, leurs rôles sont servis par de bonnes prestations. Jonah Hill ne fait que rejouer le rôle qu'il tenait il y a trois ans dans Le Loup de Wall Street sans en posséder les meilleurs répliques, mais il est toujours aussi poilant dans le rôle du sale type opportuniste ; et sans retrouver la grâce de Whiplash, Miles Teller est plutôt convaincant dans le rôle du looser un peu paumé tiraillé entre son buisness et sa petite famille. Reste l'interprétation décevante d'Ana de Armas dans le rôle de la jolie copine de ce dernier, et le rôle complètement caricatural de Bradley Cooper.

Malgré une fin que l'on devine dramatique, le principaux atouts du film résident principalement dans ses scènes comiques. Je garderai en mémoire la scène où Efraim se fait prendre son fric pour du shit qu'il ne verra jamais par un black musclé qui lui montre son gun pour lui faire comprendre qu'il s'est bien fait niquer...

Encore une fois, c'est le charisme de Jonah Hill, et aussi la belle entente avec son partenaire Miles Teller, qui font que le film est majoritairement un bon divertissement plutôt qu'un film faisant réellement réfléchir. A nous donc de l'interpréter comme tel et d'apprécier War Dogs pour ce qu'il est, à défaut de ce à quoi il voudrait tendre.

Dommage que l'on remarque peu la BO de Cliff Martinez, éclipsée par le film et la narration en elle-même. Orchestrée par le personnage de David, elle m'a rappelé tout le long la narration opérée dans The Bling Ring par Marc, manipulé par sa nouvelle amie qu'il adore et engagé dans le cambriolage de people, un peu comme David admire Efraim et s'engage avec lui dans le trafic d'armes. D'une façon ou d'une d'autre, War Dogs contribue lui aussi à montrer que les ricains ont plus d'un tour dans leur sac quand il s'agit de faire d'un petit looser un véritable opportuniste prêt en découdre avec l'argent. Dommage que Todd Philips ne soit pas encore lui, tout à fait prêt à en découdre avec le cinéma.