Premier long métrage de Damien Chazelle, ce dernier, après avoir écrit deux scénarios et dont celui-ci est le troisième, met en scène un jeune batteur, sans amis, en quête de gloire afin de devenir l'un des meilleurs batteurs du monde. Et pour réaliser son rêve, un professeur tyrannique l'engage dans son orchestre en tant que suppléant et tourneur de page du batteur attitré. Jusqu'à ce que ce qu'il parvienne à obtenir ce titre qu'il convoite tant et ainsi mettre en marche son objectif. On se retrouve dès le début du film avec un travelling majestueux, présentant le jeune personnage de Miles Teller, qui rencontrera par la suite le professeur de musique aux méthodes peu orthodoxes qu'incarne J.K. Simmons. Ce face à face perdurera tout le long du film grâce à un rythme intense, des scènes chocs, comme les innombrables blessures que subit le jeune personnage de par un entraînement rigoureux, mais aussi et surtout grâce à un duo d'acteurs exceptionnel. En effet, Miles Teller, que l'on avait découvert en début d'année dans The Spectacular Now et Divergente, change radicalement de registre pour une performance choc et incroyable. Il doit alors faire face à l'immense J.K. Simmons, le boss du Daily Planet dans les Spider-Man de Sam Raimi, habitué des seconds rôles, en tyran acharné par la perfection de son jeune orchestre de jazz jusqu'à être psychologiquement très violent à l'image du mythique sergent instructeur dans Full Metal Jacket de Kubrick. Et bien que ces deux personnages paraissent diamétralement opposés, ils forment tout de même un duo possédant une alchimie assez rare au cinéma qui fonctionne parfaitement. En poussant à bout son élève, le réalisateur arrive à montrer tout ce qu'un individu serait capable de faire pour être au meilleur niveau, le meilleur tout simplement, et cela sans aucun contact physique. Damien Chazelle nous gratifie aussi d'une mise en scène fabuleuse entre mouvements de caméra brusques en passant du chef d'orchestre au batteur, une musique jazzy forcément délicieuse dont le morceau éponyme en fait parti, et une direction d'acteurs irréprochable. Pas mal pour un premier film. Mais ce qui nous fait réellement halluciner, c'est bien le final du film dont le réalisateur nous gratifie d'un solo de batterie dantesque, jouissif et éprouvant, où les performances de J.K. Simmons mais surtout celle de Miles Teller atteignent leur paroxysme. Un sans faute donc pour ce film produit par Jason Blum, célèbre producteur de films d'horreurs récents, mais aussi par Jason Reitman, qui a ici "prêté" son acteur fétiche J.K. Simmons. Whiplash accentue ainsi la torture psychologique des personnages mais aussi du spectateur qui en ressort alors bouleversé et quelque peu étourdi par cette confrontation désormais mythique menée d'une main de maître par le nouveau réalisateur qu'est Damien Chazelle. L'année 2014 s'achève ainsi en beauté.
Lucas_Perrier
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le 27 déc. 2014

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Lucas Perrier

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