"... ARE YOU GONNA BE ON MY FUCKING TIME ?!?"

Depuis sa sortie le 24 décembre 2014, je ne voulais qu'une chose : voir Whiplash dans une salle de cinéma. Ce souhait s'est concrétisé la veille de l’écriture de cette critique. Vous vous doutez bien que j'en attendais énormément de ce "Full Metal Jacket" de la musique, comme tout le monde aime l'appeler. Et bien, je n'ai pas été déçu.

Whiplash nous raconte l'histoire d'Andrew Neiman, jeune batteur de 19 ans qui étudie dans la meilleure école de musique du monde, Shaffer. Lors d'un cours avec son groupe de musique où il est batteur remplaçant, le professeur Terrence Fletcher va lui proposer de rejoindre son groupe, le meilleur de l’école. Cependant, ce professeur se révèle tyrannique et violent...

Je n'arrive juste pas à trouver de défauts à ce film. Peut-être que je suis aveuglé par cette satisfaction qui vient terminer un long mois d'attente, mais franchement, je ne vois pas où le film pêche. Son écriture n'est pas prévisible, les dialogues sont très intelligents, je ne me suis pas ennuyé une seule seconde,et j'en redemandais à la fin. Peut-être, si on chipote un peu, on peut avoir l'impression que ce film fait l'apologie du jazz en tant que meilleur style de musique, mais cet univers musical m'a littéralement transporté, fan de rock que je suis. Je ne vais pas non plus juger la bande-son, car c'est évidemment du jazz, le premier thème que l'on entend nous le fait bien comprendre, et elle est juste superbe, alternant entre des rythmes rapides lors des répétitions et des rythmes bien plus lent lors des scènes en dehors de l'école.

Parlons un peu de la réalisation. J'ai adoré tous ces plans d’instruments, lorsque les musiciens s'installent et pendant les concerts. La caméra va évidemment plus se focaliser sur la batterie, en filmant les cymbales, les différentes caisses, en gros plan. On voit ainsi la poussière s’élever des peaux, ainsi que les gouttes de transpiration du jeune batteur s’écraser sur les cymbales, qui montrent à quel point le morceau est difficile. On aura aussi droit à plusieurs gros plans des visages des acteurs, le plus souvent Andrew, afin de mieux voir sa motivation ou sa détresse, ou encore sa colère suite à différentes insultes venant de son professeur. On a droit aussi à des mouvements de caméra rapides lors des concerts, qui alternent entre le chef d'orchestre et le batteur, à la manière d'un match de tennis. On peut aussi noter la forte présence de certaines couleurs, comme le jaune qui évoque le cuivre des trompettes ou saxophones, instruments principaux d'un groupe de jazz, ou encore le rouge qui est le plus souvent montré par le sang des musiciens.

Venons en aux acteurs. Miles Teller interprète très bien ce jeune musicien, en quête de reconnaissance, et près à tout pour arriver à ses fins. Les cicatrices qu'il a sur le visage nous montre que ce batteur a l'habitude de souffrir, comme il va tout donner, jusqu'au limite de son corps pour atteindre son objectif. Ce personnage n'est pas spécialement charismatique, car il est près à perdre toute relation humaine pour la musique, mais je trouve qu'il est très humain, par ses nombreuses envies qui vont souvent se solder par un échec. Ainsi, ne vous attendez pas à voir un Happy End où le héros devient le plus grand musicien du monde, et roule une pelle à sa copine, car vous comprendrez dès les premières minutes du film que ce jeune homme est enchaîné à la désillusion (ce n'est pas pathos non plus, regardez juste le film pour comprendre). J.K Simmons est lui nommé aux Oscars pour son rôle de professeur tyrannique. Le mérite-t-il ? Vous vous doutez bien que oui, si vous avez lu cette critique dans son intégralité. Toujours habillé en noir ce qui le rend menaçant, ce personnage n'hésite pas à insulter ses musiciens, voir à les frapper tout en leur rappelant leurs pires souvenirs (du genre "c'est pour ça que Untel dans ta famille est mort"). Chaque mots qui sort de sa bouche est limite culte lorsqu'il insulte quelqu'un, tandis que les rares scènes où on le voit sourire nous trompent et le rendent sympathique; et c'est ça que je trouve génial dans ce rôle. Bref, je souhaite qu'il gagne cet Oscar.

Bon, j'ai beaucoup trop écrit, la moitié des lecteurs de cette critique ont dû fermer la page en plein milieu, mais si vous êtes venu au bout, juste, foncez. C'est facilement un des meilleurs films qui m'a été donné de voir de toute ma vie.
Hell-Crosses
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le 25 janv. 2015

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Hell-Crosses

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