Les limites de la passion

Je ne vais pas vous raconter l'histoire de Whiplash. Au lieu de cela, je vais tenter de vous faire partager ce que ce film m'a inspiré, comment il m'a touché, peut-être meme marqué plus profondément que je ne le pense. Attention, quelques spoilers.

Un petit mot sur la forme: la réalisation est exceptionnelle. Des gros plans en rythme, des couleurs vives, et bien sûr une bande son à vous mettre en trance.

Mettre en évidence le fond d'un film n'est pas chose facile. Je n'aime pas imposer ma vision de la chose, je préfère de loin soulever des questions et tenter d'y répondre. Et ce film en soulève...
Avoir une passion, est-ce quelque chose de sain? Le film présente la passion comme quelque chose à quoi on dédie son existence. C'est devenir expert dans un domaine jusqu'à faire une croix sur beaucoup d'autres choses/expériences (petite amie, famille). Le personnage s'isole et on s'isole avec lui jusqu'au moment de se rendre compte que les choses vont trop loin. La passion perd le personnage et l'éloigne de la réalité (scène de l'accident dans laquelle il n'a qu'une chose en tête, jouer). Tout compte fait, c'est peut-être ca d'avoir une VRAIE passion: n'avoir qu'une chose en tête. Dans ce cas, la passion me fait peur. D'un autre côté, ne pas avoir de passion c'est se diversifier et du coup, être moyen en tout et bon en rien. La diversification, est-ce synonyme d'ouverture d'esprit et de curiosité? Quel est votre conception de l'accomplissent? Bien faire ce que l'on entreprend sans que cela nous mange, c'est sûrement ma réponse.
Jusqu'où un professeur peut-il aller pour permettre à ses élèves de se dépasser? La pression psychologique et le conditionnement mental sont-ils autorisés? Le professeur est un personnage très marquant. Il a clairement deux facettes aux antipodes. Personnage complexe qui rythme l'évolution d'Andrew. La position du professeur et ses actions sont remises en question à ce moment précis où Andrew a l'occasion de porter plainte contre lui. Dénoncer des pratiques intolérables? Ces mêmes pratiques qui l'ont fait devenir ce qu'il est: un des meilleurs batteurs de son temps. Ou bien, ne rien faire?
Durant tout le film la tension monte, le rythme s'accélère. On a du mal à suivre le tempo grâce aux différents rebondissements. Nous n'avons aucune idée de l'enchainement futur des actions et de leur issue.
C'est en partie comme cela que je reconnais un bon film. Evidement, pour en être un, le film doit me laisser quelque chose. Ici c'est bien le cas.

Mention spéciale à la dernière scène, la trance assurée.