« Wild » faussement sauvage

Une jeune femme, Cheryl Strayed, entreprend un long voyage, intérieur et extérieur, en quête de son identité.
On suit son parcours et son introspection, chaque jour nous en apportant un peu plus sur son passé et ce qui l’a poussée à entamer un tel périple de plusieurs milliers de kilomètres.


La narration est un retour incessant entre passé et présent, l’un (les flashbacks, centrés principalement sur la relation avec sa mère) et l’autre (le périple) partageant à peu près le même temps à l’écran.
J’ai eu finalement assez de mal à m’émouvoir pour ce passé prévisible, Cheryl, après la mort de sa mère, enchaînant drogues, sexe et compagnie pour oublier son mal-être. Pas fouillé, on reste un peu sur les clichés de la jeunesse désespérée sans chercher à les approfondir. La petite touche féministe abordée dans le film (la difficulté pour elle d’entreprendre des choses seules, que ce soit une randonnée ou une nouvelle vie, à cause des préjugés ou de la crainte suscitée par certains hommes) aurait pu être exploitée avec plus de finesse également.


Au delà de ça, ce qui est surtout dommage, c’est que l’aspect contemplatif est un peu délaissé. Les plans restent souvent près des protagonistes, se concentrant plus sur le danger à venir (rochers, neige, inconnus…) que sur la nature qui l’entoure. Les magnifiques paysages, vastes et variés, de ce Pacific Crest Trail long de 4 000 kilomètres, reliant à pied le Mexique au Canada, s’y prêtaient pourtant à merveille. Ça manque souvent de hauteur, et les plans où notre vue peut enfin s’épanouir dans cette immensité de roches et de forêts, désertique et sauvage, ces quelques plans où on peut frissonner devant tant de beauté inaltérée, se retrouvent vite coupés par un énième flashback.
Le titre du film n’est pas mensonger, mais devient quelque peu vide de sens. (est-ce pour attirer les amateurs d’Into the Wild ?)


Le jeu de Reese Witherspoon est bon, mais pas de quoi mériter l’Oscar (elle est nominée à celui de la meilleure actrice, aux dernières nouvelles).


Pour tout dire, je me suis pas ennuyé non plus, on arrive à se laisser porter malgré tout par l’histoire, et ça reste agréable de marcher à ses côtés, surtout si vous aussi vous avez le désir de partir à l’aventure un jour ou l’autre. Mais l’émotion et la contemplation que j’avais espérées (c’est souvent ce qu’on espère d’un road-movie) se cachaient un peu. On ne s’écarte pas trop du chemin balisé, à la fois pour Cheryl et pour Jean-Marc Vallée. C’est un petit peu dommage. Ce ne fut pas mauvais non plus. 5,5/10, arrondi à 6.

Oxymiro
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le 25 janv. 2015

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