De ce gentil film qui se laisse regarder sans déplaisir et qui risque de se faire oublier sans tarder, on retient que le principal mérite consiste à préserver le spectateur des grands chocs tout en s'appuyant sur un scénario qui donne l'impression qu'il se passe quelque chose alors qu'en fait il ne se passe décidément rien. Le premier choc possible viendrait du cadre dramatique : une jeune mère célibataire qui sort de prison pour reprendre pied dans un quartier populaire de Glasgow. On imagine ce qu'aurait pu tirer de cette situation un Ken Loach, mais chez Harper tout finit par s'arranger et il n'y a aucune raison d'être en colère contre le capitalisme ou contre la bourgeoisie, d'ailleurs, la bourgeoise est ici jouée par une femme noire très classe. Le deuxième choc en puissance viendrait de cette idée de vouloir chanter de la country en Ecosse. Là encore, le film passe à côté de la difficulté alors qu'il existe à l'évidence un " choc de civilisations" entre les deux côtés de l'Atlantique dans le domaine musical. Nashville et le Grand Ole Opry sont expédiés à la vitesse grand V en fin de partition en une visite guidée express alors qu'il s'agit du saint lieu autour duquel gravite la légende. On se dit que le film, un peu mou sur la critique sociale et franchement radin sur la country (qui n'est ici qu'un fond sonore), aurait été plus crédible si la belle Rose-Lynn avait jeté son dévolu, par exemple, sur le style punk mais on se consolera en pensant qu'elle aurait pu être passionnée de cornemuse...
PS: Chère Rose-Lynn, en tant que fan de Hank, d'Emmylou et du vrai Johnny, je suis d'accord avec toi: la country c'est comme le cholestérol, il y a la bonne (que nous appelons la country tout court) et la mauvaise (celle à laquelle on rajoute "western" et qui fait un peu honte quand elle fait danser des square-dances à des retraités coiffés de faux Stetson). Pourquoi Monsieur Harper n'a-t-il pas réussi à nous expliquer ça?