Un pas vers l'abîme

Deux ou trois mots rapides.
Visuellement, ça a quand même très mal vieilli. Les effets spéciaux concernant la machine de Magneto ou la scène de la mort du sénateur, c'est un peu ridicule. Le comble revient aux personnages qui volent, que ce soit Magneto ou Tornade.
Cela n'empêche pas d'avoir deux ou trois scènes d'actions bien sympa, comme celle du train.
Deuxièmement, je trouve que la scène d'introduction, dans le camp de concentration, est une mauvaise idée. Mêler l'horreur inimaginable et irreprésentable de la Solution Finale à un film de divertissement, ça ne frôle pas le mauvais goût, ça s'y enfonce carrément. On pouvait très bien faire de Magneto un personnage dégouté de l'humanité sans avoir à montrer cette scène péniblement tire-larmes.

Une fois ceci dit, le reste est plutôt pas mal. On sent la volonté de Singer de ne pas faire dans la surenchère d'actions pour se concentrer sur ce qu'il cherche à dire. Le racisme contre les mutants, avec ses arguments bien rodés, est bien vu. A travers les arguments employés, on peut reconnaître n'importe quelle idéologie de rejet de l'autre (c'est-à-dire n'importe quelle idéologie, puisque le principe de base d'une idéologie est de rejeter ceux qui ne la partagent pas). De même, la punition de Magneto

est un retournement très sympa.
Singer décrit bien comment les extrémistes des deux camps jouent main dans la main, chacun servant à l'autre les arguments dont il a besoin. Magneto croit que l'humanité veut la destruction des siens, donc il attaque. Dans cette l'attaque, les anti-mutants voient la confirmation de leurs craintes et de leurs accusations, donc ils avancent encore d'un pas dans la direction du conflit. Cette façon qu'ont les extrémismes de se nourrir mutuellement, d'être indispensables à leur croissance respective, est sans aucun doute l'aspect le plus réussi du film, et trouve pas mal de résonances dans le monde actuel.
De fait, autre belle réussite, Singer parvient à imposer une ambiance de danger permanent. On sent constamment que l'on avance vers le précipice, et que les solutions pacifistes se réduisent à vue d’œil.
Dernier élément non négligeable de qualité : le casting. Certes, Ian McKellen et Patrick Stewart sont excellents, mais ce n'est tellement pas une surprise que je préférerait m'attarder sur autre chose : le choix des actrices.
Franchement, messieurs, un film qui réunit halle Berry, Rebecca Romijn et Famke Janssen...
No comment.

[+2]