On les tient pour acquises, ces comédies rebelles d'une Amérique qui commence, à l'époque de décollage de cet opus, à ne plus savoir maintenir l'illusion que son cinéma est un seul gros bloc inamovible. Ça, c'est parce qu'elles sont devenues cultes, mais on a perdu de vue ce que cela leur a coûté.
Airplane! se situe dans une traînée de comédies plus ou moins aérophiles, associant le film catastrophe à la parodie dans ce qui deviendra un genre très daté dont l'humour n'a pas pris une ride. Peut-être était-ce dû au fait que l'absurde est intemporel, ou bien c'est parce qu'on n'a jamais réussi, ni avant ni après, à convaincre une génération d'acteurs aussi conservatistes que Leslie Nielsen ou Peter Graves de se mêler à un registre tellement opposé à leurs canons.
Grâce à cette collaboration inattendue de réalisateurs fous avec des acteurs trop sages, le film est un monument de l'humour pince-sans-rire créant un cocktail générationnel qu'on n'égalera plus, car il y n'y a plus assez de traditionnalisme dans les veines du septième art pour qu'on puisse s'y confronter de façon si explosive. Le premier degré ne vieillit pas, les running gags sont légendaires, et l'on peut toujours faire le choix d'ignorer qu'il y a eu une suite, réentamant la transformation du cinéma américain en un gros bloc inamovible. Au moins, il y aura eu Airplane!.
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