« Quand une femme est en danger, Yor ne peut pas résister»

A écouter sur une des musiques les plus délicieusement ringardes que vous ayez jamais entendues : https://www.youtube.com/watch?v=Dx-F6VnLezM
Le titre est une vraie réplique du film. Méditez cela.

Ce n’est pas rare de voir un nanar pour lequel on a de l’affection, j’en ai fait mainte fois l’expérience maintenant : et « Yor’s world » est de ceux-là.
C’est long (88 minutes de souffrances), ce n’est pas spécialement drôle, c’est juste tout pourri. Malgré tout il exerce sur moi une étrange fascination, que je pense personnellement plus dûe à la folie qui commence, lentement mais sûrement, à s’immiscer dans mon cerveau.
Imaginez-vous catapultés dans ce qui ressemble à la Préhistoire, mais avec des dinosaures en carton-pâte. Le plan d’intro est culte à lui tout seul : un Rahan en slip caracole dans le désert sur une musique incroyablement kitsch (tellement kitsch qu’elle rendrait Les Chiffres et les Lettres à la pointe de la mode en fait). Vous apprendrez que tout ça se déroule en fait dans le FUTUR, un futur POST-APOCALYPTIQUE (le nucléaire, c’est mal).
Un monde où vous apprendrez qu’il est bon d’attaquer un ennemi féroce à coup de bout de bois, de massue, de gourdin, d’épée en feu et de javelots couleur sucre d’orge, mais qu’une fois un gun en votre possession, le mieux est de le jeter (les armes, c’est mal).
Un monde où la « coutume » autorise un homme à avoir deux femmes (la polygamie, c’est bien).
Un monde où même si vous êtes un Suédois extraterrestre aussi bronzé qu’une cagole un jour de marché à Nice, vous serez toujours sauvé par un vieux avec un arc.
Un monde où lorsque les grottes s’écroulent, la caméra bouge dans tous les sens et les acteurs font genre qu’ils tombent, avec tout pleins de faux raccords en bonus.
Un monde où les haut-parleurs aliens tombent du ciel et ressemblent à des grille-pains.

A l’époque, ce film voulait concurrencer Star Wars. Bon, c’est bien évidemment raté, mais on apprécie l’effort de copie, euhm d’inspiration pardon. On retrouve donc un désert semblable à la planète Tatouine (excepté le littoral breton, quand ils vont à la mer, je sais pas pourquoi), des rayons lasers verts et rouges qui font piou piou - piou, et un méchant qui ressemble à Palpatine et qui commande une armée de… Dark Vadors ?
Mais vous ne verrez le Vilain que dans les dernières minutes du film, le reste étant consacré à des guerres intestines entre des races d’hommes des cavernes… parce que ce film dérive pas mal sur des théories de supériorités des races… les poilus (qu’ils appellent les « hommes bleus », aucune idée du pourquoi de la chose, ne me demandez pas) c’est les méchants, les bruns intermédiaires sont sympas mais un peu inutiles, et les blonds-Suédois-bien-Aryens, c’est les tout puissants. POINT GODWIN ATTEINT.
Côté machisme vous serez bien servis, entre les répliques du genre « Tu es l'archétype de la fertilité », le moment où Palpatine enjoint les héros « génétiquement parfaits » à, je cite, « s’accoupler », et les bonasses en slip de peau de bête qui se succèdent aux côtés du héros. Lui leur sert des sourires Colgates et leur sort qu’il « n’oubliera jamais ce qu’elle a fait pour lui », depuis les 10 minutes qu’il la connait. Puis il se casse invariablement chasser un quelconque Schtroumpf poilu/lobby nucléaire… qu’elles se fassent donc violer chez elles, ces pauvresses.
Vous aurez même droit à un combat de femme dans la boue, d’une durée phénoménale de 15 secondes et à peu près aussi convaincant que le jeu d’acteur du héros (c’est-à-dire pas des masses, vous vous imaginez). Tu me diras y’en as une qui avait le nom de la maman Gorille dans Tarzan, et l’autre des oreilles de Vulcains, alors niveau intensité dramatique…

Non mais honnêtement, ça peut être crédible… Il suffit de faire abstraction du plot obvious et mal ammené (« oh mais dis donc monsieur ce médaillon je le connais, j’ai vu le même au cou d’une alien, seriez vous un alien par le plus grand des hasards monsieur ? »), d’oublier les décors de m- ET OH MON DIEU EST-CE QU’IL VIENT DE FAIRE UNE FIGURE SUR UN TRAPEZE ?

Ne le regardez pas, ça ne vaut pas le coup. Conservez en juste la morale pas du tout relou assénée à la fin avec la subtilité de La Fontaine, le talent en moins :
Amour, Tolérance, Polygamie. <3

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Merci à Embrouille, Alfred Tordu, thomasete, MissGenki, Mashiro, Kika, Alex La Biche, Houblon-Warrior et Gloomy. Malgré le décompte difficile pour lancer le film (« FERMEZ VOS GUEULES PUTAIN » « FERMEZ VOS PUTAINS DE GUEULES » étant un ordre difficile à suivre quand on communique par clavier), heureusement que notre conversation était drôle parce que j’aurais pas supporté Yor bien longtemps (à moins d’être maso, mais ne tirez pas de conclusions hâtives vils chenapans).
[On m’as dit que je faisais que citer les autres dans mes critiques de nanars, alors m’voyez, jme suis abstenue cette fois.]

Fiche Nanarland (que je n’ai pas lue je précise) : http://www.nanarland.com/Chroniques/chronique-yor-yor-le-chasseur-du-futur.html

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le 20 oct. 2014

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Lucie L.

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