Le premier jour du reste d'un heureux évènement
Ah l'animation française... une grande et longue histoire. D'amour ? Pas sûr, pas à chaque fois en tout cas. De talent ? Bof, non plus. Du moins, ceux qui s'y sont collés ont eu pour tendance de se démarquer des autres (Chomet) ou de partir outre Atlantique, là où le budget est plus conséquent (Pierre Coffin avec Despicable Me). Et le reste ? Et ben pas grand chose. A part Chomet ou Ocelot et ses horribles effets de style, on ne se souvient pas, par exemple, de Un Monstre à Paris. Alors quand le réalisateur le plus insupportable du moment, Rémi Bezançon s'attaque à un simili-Kirikou, accompagné justement du superviseur des effets visuels de ce dernier, on tremblait de peur, avec un mauvais arrière-gout dans la bouche. Allait-on avoir le droit à un récit sur la vie, dire que quand même, la vie, parfois, c'est pas cool, à coup de voix off de Louise Bourgoin ?
Et ben pas loin. Non non, ne partez pas. Le responsable d'Un heureux évènement s'est calmé, ou du moins, a visé un public en bas âge. Oui, Zarafa est un récit sur la vie à coup de voix off (mais pas de Bourgoin cette fois). Et pourtant c'est clairement moins mauvais que ça en a l'air.
L'histoire se base sur une histoire vraie. Zarafa est effectivement une girafe qui a vraiment existé, offerte par Méhémet Ali à Charles X et a vécu dans le Jardin des Plantes. Ici, Bezançon a décidé d'inventer une amitié liant un jeune garçon, Kirikou Maki avec la girafe, tout en contant le voyage de l'animal jusqu'en France. Les deux seront aidé de Hassan et de Malaterre, en essayant d'échapper au terrible Moreno. Seulement voilà, c'est à peu près tout. On suit le voyage du gamin et de Zarafa, sans rebondissement puisque tout pointe le bout de son nez au moment attendu. Le méchant est très méchant les gentils sont très gentils, les esclaves sont libérés et tout est bien qui finit bien. Ils croiseront quelques personnages sur leur chemin, et même si l'un d'eux vient à mourir, il est réincarné dans un autre animal. Vous l'avez compris, c'est bel et bien sur le scénario que le bat blesse. A trop vouloir cibler les enfants, les réalisateurs en oublient les adultes.
Même si on ne demandait pas plusieurs niveaux de lectures, un déroulement parfois un peu plus adulte aurait été préférable. La majorité des problèmes est cependant dû à la courte durée du film. En effet, les situations problématiques sont résolues de manière très abrupte et les relations entre les personnages se font et se défont non pas sans lien mais sans émotion. Par exemple, Maki rencontre une jeune fille et pleure son départ dix minutes après leur rencontre (j'exagère à peine). Heureusement l'ensemble tient suffisamment la route pour qu'on s'y intéresse.
Mais surtout, Zarafa est à retenir pour son visuel. En effet, une animation classique en 2D est un projet louable, d'autant plus lorsque c'est très soigné. Ainsi donc, on oublie par moment le scénario bancale et on se laisse entraîner dans une Afrique sublime dont certains passages sont époustouflants (le Sahara notamment) et quelques personnages, comme Charles X, rappelleront le design de Chomet. Et heureusement d'ailleurs, parce que l'animation arrive à sauver un scénario bien trop classique et enfantin. Ca aurait pu être remarquable, ce n'est que vaguement marquant. Dommage. Quoiqu'il en soit, on espère qu'il va renouveler son expérience de l'animation et mettre un peu de côté ses films « sur la vie ». Ce qui ne semble pas le cas au vu de son prochain projet (un film sur la crise de la quarantaine).