Depuis quelques années déjà, un genre émergé du Japon vient régulièrement gonfler les catalogues du PC ou des consoles portables. Il s’agit du visual novel, le roman interactif. Beaucoup de textes, donc, énormément de texte mais aussi quelques notions de gameplay. Des énigmes, des dialogues à choix, de l’exploration, ce genre de choses qui se retrouve donc couplé à une farandole de lignes qui se succèdent encore et encore. C’est le principe. 999 (appelons comme ceci par soucis de lisibilité) est l’un des premiers à débarquer dans nos contrées avec Le Sanglot des Cigales et autres exemples du style. Le soft arrive ainsi sur Nintendo DS en 2010, 2013 pour iOS et enfin 2017 pour Steam sous l’égide d’une compilation incluant également sa suite. Malheureusement, le jeu se présente toujours en anglais ou en japonais. Néanmoins, le niveau est accessible et né présente aucune difficulté particulière. Réputé pour être le pivot d’une saga au scénario rarement égalé, que vaut donc ce fameux 999 ?



Pour 999 : beaucoup de textes contre peu de gameplay



Il faut d’abord comprendre que le visual novel est encore plus paresseux que le point and click. Parcourir 999 revient à lire un gros roman plusieurs fois car plusieurs fins sont disponibles, toutes complémentaires. La nécessité d’une certaine patience apparaît ainsi comme indiscutable. De ce fait, l’action du jeu s’en retrouve amoindri, le rythme s’en retrouvera immanquablement lent et poussif. Une intrigue forte, bien ficelée et séduisante semble donc de rigueur pour maintenir l’intérêt du titre. Le gameplay étant plus que secondaire, c’est bien le scénario qui doit montrer savoir faire la différence. Ce scénario, c’est d’ailleurs souvent le motif d’achat de 999 (et des visual novels, par extension). Celui de ce dernier va se montrer particulièrement tragique !
Tout d’abord, nous suivons les aventures de Junpei, jeune adolescent un peu dégingandé mais intelligent et intuitif. Le pauvre se retrouve enfermé dans un immense bateau en compagnie de huit autres personnes. Il retrouve, dans ce groupe, une amie d’enfance en la personne de June. Le peuple commence donc à se poser des questions. Que se passé-t-il ? Pourquoi sommes-nous emprisonné ? Et par qui ? Certains se connaissent-ils ? Où sommes-nous ? Voilà. Mais une voix vient répondre à certaines de leurs interrogations, celle de Zero, le capitaine du navire. Il explique qu’ils sont piégés dans le Nonary Game. Pour faire court, ils sont 9, ont 9 heures pour s’enfuir et doivent trouver une porte avec un 9 dessus. D’où le titre du jeu. En plus de cela, plusieurs énigmes seront proposées afin de passer d’une pièce à l’autre.
Seulement voilà, 999 emprunte beaucoup aux théories scientifiques, spirituels ainsi que mathématiques pour bâtir son scénario. Chaque porte menant à une nouvelle section comporte un chiffre. Et chacun des participants reçoit un bracelet indiquant un numéro allant de 1 à 9. Les protagonistes sont donc tous uniques de ce point de vue. Mais si le chiffre 5 ouvrait la porte 5, ce serait bien trop facile. Sur les portes, ce sont des racines numériques, c’est-à-dire la somme de plusieurs chiffres dans un nombre jusqu’à tomber sur un entier non nul compris entre 1 et 9. Par exemple, pour 945, on trouve 9 car 9+4+5 = 18 et que 1+8 = 9.



* Un scénario qui part bien mais qui se perd vers la fin *



Les bases du Nonary Game sont donc posés, il va falloir allier dextérité ainsi que réflexion pour s’en sortir. On commence aisément à comprendre qu’il va s’agir de survie et de confiance entre les pions du jeu. On comprendra rapidement qu’ils ont tous leur rôle à jouer, à leur rythme et leur niveau. Personne n’est là par hasard (ce qui rend le scénario aussi téléphoné qu’intéressant selon la perspective que l’on préfère). De plus, il est interdit de franchir une porte à moins de trois et à plus de quatre ; des équipes vont donc devoir se former. Selon les co-équipiers choisis, des fragments de scénario se révéleront et se compléteront.
Car s’il existe une chose qu’il est difficile de reprocher à 999, c’est bien sa rejouabilité. Finir le jeu né suffit pas pour tout comprendre. Tout bêtement, c’est une astuce pour nous faire recommencer et allonger la durée de vie. Pourquoi né pas avoir toute l’histoire d’un coup ? La réponse se trouve dans le scénario même, ce qui implique que l’histoire même du jeu justifie les new games. Junpei se rendra vite compte qu’il possède des souvenirs ou des connaissances inconscientes qu’il a acquis durant les précédentes parties ; cette sensation et cette théorie sert de base à l’intrigue de 999. Malheureusement, même si elle est impeccablement introduite et cohérente, elle use bien vite de ses cartouches.
La vérité est ailleurs ! Les mystères inexpliqués sont légion à l’intérieur de 999. Il est mention de réalité alternative, de voyage entre les époques et même d’univers parallèle. L’utilisation de ce genre d’événements incréés peut paraître redondante car aucune base scientifique, rationnelle né l’explique. On peut donc en user à l’infini sans justification pré-existante, il faut simplement que le procédé s’appliqué aux règles elles-même établies par l’histoire. C’est de cette manière que réussissait Donnie Darko et là où se viandait Mr. Nobody ! Il est donc extrêmement facile de justifier son histoire par l’injustifiable, les retournements de situation sont donc totalement imprévisibles pour la majorité des joueurs. Si en plus, le scénario vient se contredire lui-même, c’est la folie.



Une ambiance dérangeante, déconcertante et oppressante



En effet, 999 utilise des concepts ésotériques, empruntant au monde du spirituel plus qu’au scientifique (tout en plaçant les mathématiques au centre des mécaniques de jeu). Certains twists prennent donc l’aspect d’un deus ex machina qui peut décevoir autant que fasciner. Impossible de faire sa propre enquête dans sa tête, de réfléchir ; c’est selon les règles introduites par le jeu que son scénario va se dérouler. De plus, lorsque ce dernier présente de véritables maladies, idéologies et théories, ce sont souvent des cas peu connus, auxquels le jeu né pense pas forcément comme la prosopagnosie. Au moins, le soft nous apprend des trucs et fort heureusement, il né se démenti pas lui-même.
Comme déjà dit, pour avoir la fin canonique dite True Ending, il va falloir finir le jeu plusieurs fois. On peut facilement tomber sur un épilogue assez ridicule, synonyme de Bad Ending, qui coupe le rythme d’un seul coup même s’il éclaircit le caractère de certains personnages. Il est donc nécessaire de recommencer pour dévoiler chaque fin, les différentes parties étant représentées par les réalités alternatives décrites dans le scénario. Un pari narratif risqué mais qui fonctionne. Attention, néanmoins, car sous ses aspects de chara-design bien nippons et enfantins, l’ambiance du titre reste morbide et cruel. Certains événements décrits né sont pas non plus illisibles mais peuvent démanger quelques estomacs.
Au-delà de ça, 999 offre des graphismes assez sobre, donnant l’impression de se balader dans un grand manga. Évidemment, la version iOS ainsi que PC sont bien au-dessus de la qualité DS ; de nouvelles animations arrivent et le gameplay se diversifie empruntant plus au point and click qu’au visual novel. Il est donc préférable, pour des soucis de praticité, de choisir la version Steam ou iOS à la limite (celle-ci pouvant tout à fait supprimer les énigmes). La bande-son se fait assez discrète mais propose tout de même quelques thèmes forts et musiques d’ambiance reconnaissables mais difficile d’écouter l’O.S.T en dehors du jeu. Pour un roman interactif, on peut aisément convenir qu’il né s’agit pas d’un grave manquement.


Finalement, 999 fait ce qu’on lui demande sans trop de mauvaises surprise. Il est, cependant, dommage que les énigmes soient aussi simplistes et que le scénario use de ficelles un peu trop ésotériques. Les explications sur la véritable nature du Nonary Game tende légèrement vers l’immatériel, ce qui ouvre la porte à toutes les facéties. Dans le contexte de 999, là où tout semble rationnel jusqu’aux premières révélations, la pilule risqué de mal passer. On sent que certains éléments concluants de l’histoire né sont pas tout à fait assumés. De plus, la vraie fin laisse encore énormément de questions en suspens et se stop brutalement sans y répondre. Fort heureusement, le rythme est bien traité, les rebondissements arrivent au bon moment et l’ambiance générale appelle le joueur à continuer pour enfin comprendre le fin mot de l’histoire. Mention spécial au personnage d’Ace, personnage torturé, plein de surprises et de caractères. Attention cependant car, comme dit Mylène Farmer : qui entre dans l’histoire entre dans le noir.


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Djokaire
3
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le 4 oct. 2017

Critique lue 220 fois

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