Oasis ludique sur son lit de désert narratif

Je n'avais pas repris la licence Assassin's Creed depuis le 4 qui a été mon coup de cœur de la saga.
Avec le recul je n'ai vraiment aucune idée de ce que fait mieux le 4 que celui là, mais malheureusement Assassin's Creed Origins a échoué en sa mission de surpasser le plaisir avec lequel j'ai torché l'épisode de piraterie.

Pourtant, Origins ne s'est pas fait discret : La moitié des codes de la saga ont volé en éclat, un vrai système d'xp, des quêtes, un monde totalement fou et incroyablement beau, un open world très vivant et avec des régions vraiment différentes les unes entre elles, les premières heures de jeux sont un réel plaisir, on prend gout à aller checker chaque point d'interrogation, à ne pas quitter une région tant qu'on l'a pas complètement retourné, bref, le gout de l'aventure qui prend.

Le système de combat lui a été repensé pour le mieux, malgré quelques petites fautes de caméra ici et là, c'est presque agréable de foncer dans le tas masse à la main pour aller dégommer du sous-fifre que de se la jouer discret.

Par ailleurs le coté infiltration est enfin là pour de vrai, fini "l'infiltration simplifié" ou on pouvait pas se planquer derrière un fourré, on a enfin le droit à un vrai jeu d'infiltration ou il est possible de se torcher une zone sans se faire repérer, même si y a pas des hautes herbes partout. Et on prend son pied.

Au niveau du gameplay, le jeu atteint le top. C'est toujours aussi "simple" au niveau des mécaniques mais c'est beaucoup plus profond que là ou la série nous avait amené jusqu'à présent. On sent enfin qu'on a le contrôle sur le fait de se faire déglinguer ou pas, et pas appuyer sur une touche en bourrant pour gagner 100% des combats.

Le seul point qui a commencé à me fâcher, et fatalement me lasser à la longue, c'est le système de loot. Tout comme Horizon, qui en plus de ne pas savoir remplir un open world ne connaissait pas non plus la définition du mot "rare", Assassin's Creed vous lâche des items violets à ne plus savoir quoi en faire, et manque l'opportunité d'être attaché à une arme ou un type d'arme.

Même si l'arme trouvée est géniale, elle sera remplacée dans moins de 30mn par une arme du niveau du dessus. Si bien qu'on ne comprend pas bien l'interêt d'aller se casser les noix pour chercher du stuff ou l'améliorer vu qu'on va forcément trouver mieux ailleurs totalement par hasard. Cela retire un gros attachement et un réel plaisir qu'on peut avoir à stuffer son personnage, jamais je n'ai trouvé d'arme nulle, mais je n'en ai jamais trouvé de vraiment forte non plus. Mon stuff évolue, mais je n'y prête guerre attention, changer d'arme se ressent à peine sur l’efficacité.

De plus le déséquilibre entre la force donné par une montée de niveau et le faire de rajouter une arme plus puissante semble très lourd. On se sent super armé et on veut aller péter un mec avec 3 niveaux de plus ? C'est quasi impossible. Revenez 1 ou 2 niveaux plus tard avec le même stuff ou presque, et c'est la boucherie.

A part ça, le vrai problème de Assassin's Creed Origins se trouve dans la narration. Autant Bayek est un personnage auquel on peut s'attacher, autant tous les autres personnages ou presque semblent complètement insignifiants. L'histoire est tantôt très simple, trop simple, à en être niaise ou clichée, et tantôt complètement incompréhensible, avec des personnages qui semblent ultra important mais dont on a entendu parler 2 fois (C'est qui Flavius à la fin ? Moi j'ai toujours pas capté. Je sais même plus qui a tué son fils au final.).
Pire : Quand le jeu propose de quitter l’Égypte pour faire ce qui semble être la dernière mission, c'est en fait l'avant, avant, avant, avant, avant dernière mission, ou on enchaîne les quêtes couloirs et des affrontements peu entraînant. Les batailles navales ponctuelles sont mal-venues. Bien hein, mais on sait pas trop ce que ça vient foutre là.
Pis on fini par prendre le contrôle d'Aya (Pourquoi maintenant ?), Bayek disparaît du jeu sur les 30 dernières minutes pour des raisons complètement obscure, moi j'ai retendu grosso modo "Vas y, prouve au monde que toi aussi t'as des couilles, femme !".

Une réflexion pas nécessairement honteuse voir honorable par les temps qui courent mais enfoncée au marteau pilon au mauvais endroit, comme si, dans la panique du bouclage, on avait inséré un "instant femme" sur les 30 dernières minutes du jeu, parce qu'il en fallait un, un peu à l'arrache.
C'est très sympa de mettre les femmes à l'honneur en lui passant le témoin pour l'assassinat final, mais alors d'une j'aurai préféré contrôler Aya dès le départ si c'est pas trop demandé, ou au moins pour les missions ou elle est là. J'y ai cru pendant un moment pis j'ai compris que j'allais devoir rester avec m'sieur Balek pendant 40h qui a un charisme au moins moitié inférieur à celui d'Aya (surtout quand on lui rase le crâne putain de merde).
Pis de deux y a quand même cette frustration d'avoir accumuler tout ce stuff pour rien, vu que Bayek ne participe pas à la dernière mission. Sans parler du fait (et encore une fois j'ai ptet rien suivi) qu'il me semblait qu'on avait dit adieu à Aya définitivement lors d'une mission (ils passent même leur "dernière nuit" ensemble), mais finalement on la revoit quand même.

Ou alors, j'ai vraiment mais alors vraiment rien compris à l'histoire. Ce qui est pas impossible.

BREF, je ne sais pas si au final c'est moi qui ne suit pas rentré dans l'histoire (pourtant au début j'accrochais) ou si elle m'a lassé à la longue, et si c'est normal qu'à la fin j'en avais plus rien à foutre tant j'ai décroché. Les dialogues sonnent assez faux, certains personnages sont caricaturaux. Certaines quêtes secondaires sont sympas voir amusantes, c'est vraiment l'histoire principale le problème.

Et pis encore ces passages dans le présent, que le jeu semble traîner comme un boulet depuis l'épisode 1. Ils sont discret, mais ils sont toujours là. Ils n'ont pas de sens mais bon. On s'en fout, on a l'habitude de s'en foutre.

Pour conclure : Assassin's Creed Origins est un très bon Assassin's Creed, et j'ai passé un bon moment, sans excès. A part au début, je n'ai pas ressenti d'euphorie, et je ne balançais pas mon cartable sur le canapé en rentrant de chez tata parce que le premier truc que je voulais faire en rentrant c'était "JOUER SASSASSINE CRID".
Si seulement j'avais encore le temps de passer 100h sur un jeu vidéo, je pense néanmoins que je l'aurai fait de fond en comble, rien que pour le plaisir de parcourir cette splendide Egypte.

La série ne manque de plus grand chose pour se débarrasser du cliché de "jeu pop corn" qu'elle traîne depuis des années, juste un peu d'originalité et de prise de risque dans la narration, et on y est je pense.