Je préfère prévenir : il y aura beaucoup de comparaisons avec The Witcher 3, pour la simple et unique raison que ça m'a sauté aux yeux pendant le jeu. Vraiment très fortement.


Un nouvel épisode d'Assassin's Creed, après un temps de gestation correct (il était temps !)


Tout d'abord, petit résumé de ma relation avec la série.
J'avais beaucoup apprécié le premier épisode à l'époque de sa sortie, et également sa suite directe. Je n'ai jamais essayé les épisodes "annexes" tels que Brotherhood. J'avais bien tenté Assassin's Creed 3, mais la mayonnaise n'a pas pris du tout, je l'ai abandonné au bout de 3 heures, avec la nette impression de remanger la même tambouille qu'à l'épisode précédent, le charisme d'Altaïr ou d'Ezio en moins.
Je n'ai jamais touché à Black Flag, malgré la bonne réputation dont il jouit. Je n'ai reposé mes mains sur la franchise qu'avec la sortie d'Unity, jeu offert avec les cartes graphiques au même moment. Si l'histoire se laissait suivre et si la capitale était très bien retranscrite (comme d'habitude), je n'avais constaté aucun changement notable depuis l'épisode 2, ce qui a été une mauvaise surprise. Je n'ai pas touché à Syndicate.


Donc voilà ce nouvel épisode, censé incarner le renouveau de la série. C'est pas faux. Ubisoft a beaucoup joué à The Witcher 3, en tout cas. J'avais eu cette sensation dès la 1ère bande -annonce, et cela s'est complètement confirmé manette (enfin clavier/souris) en main.


Bon déjà, commençons par le fameux open-world : il est magnifique. L'Egypte est superbe, crédible. Ubisoft sait comment bâtir un open-world cohérent et agréable à parcourir. Les précédents épisodes bénéficiaient déjà tous de ce savoir-faire, il n'a pas disparu avec ce renouveau. Nous avons donc un magnifique monde dans lequel nous pouvons aller partout dès le départ (on peut grimper partout, comme dans un certain Zelda : BotW...bizarrement c'était qualifié de "révolutionnaire" dans le jeu de Nintendo alors que ce n'est pratiquement pas évoqué par la presse dans le cas d'Origins...bizarre).
Ubisoft a eu le bon goût de retirer tous ses défis chiants au possible et de ne pas inonder la carte de colletibles sans intérêt. Ils ont préféré s'inspirer de Witcher 3, on retrouve donc divers points d'intérêts indiqués par des "?" sur la carte, et à la place d'une mini-map on se retrouve avec la boussole d'un Elder Scrolls. Un choix qui me semble judicieux, encourageant fortement l'exploration.


Les combats ont également été revus, là encore assez semblables au système d'un Witcher 3 (avec un soupçon de Dark Souls peut-être). Ils sont plus nerveux et plus ardus, bien plus intéressants que par le passé. Le changement de type d'arme a une réelle influence sur la manière d'aborder les conflits.


Les quêtes se veulent plus travaillées que par le passé, on a bien moins de quêtes Fedex. Il y a (presque) toujours un contexte, un véritable enjeu donné par les pnj pour accomplir leurs demandes. Bon l'écriture desdites quêtes est très inégale, allant du très sympathique au franchement fainéant. On sent encore une fois l'influence du titre de CD Projekt.
Le personnage principal, Bayek, est plutôt attachant, de même que les quelques personnages que j'ai eu l'occasion de rencontrer. On sent que les développeurs ont fait de réels efforts à ce niveau, plus encore que sur les autres.


Seulement voilà : l'écriture, malgré toute la meilleure volonté du monde, n'arrive pas à la cheville d'un Witcher 3. La quête principale, surtout, est totalement inintéressante. J'ai arrêté d'y jouer après une bonne trentaine d'heures, et je n'ai jamais ressenti le besoin de la continuer. Problème, les quêtes secondaires ne m'attiraient guère plus.
Reste le monde à explorer. Les "?" disséminés à chaque mètre carré se rapportent soit à un camp de bandit, soit à un trésor attendant d'être pillé. Ils 'agit parfois d'une tanière d'animaux. Bref, après en avoir exploré dans quelques régions, je n'avais aucune envie de continuer à refaire inlassablement la même chose, malgré la beauté du monde. Un peu comme les "?" disséminés un peu partout dans l'archipel de Skellige dans Witcher 3 : du remplissage franchement inutile.
Les combats sont certes bons, mais le bestiaire uniquement composé d'hommes et d'animaux sauvages le rend vite redondant, et manque singulièrement de profondeur. Witcher 3 (oui, encore lui) obligeait le joueur à adopter une pléthore d'approches différentes selon le type d'ennemi (humain, et pleins de monstres différents), sans parler du système de compétences infiniment plus poussé que l'arbre on ne peut plus classique de notre Bayek, qui permettait de complètement changer le gameplay des combats.
Ajoutez un système de craft aussi basique qu'inutile, du loot à foison pas franchement intéressant, mais qui a le mérite de ne pas être envahissant.


Mais finalement, mon principal reproche à cet Assassins's Creed : Origins, c'est qu'il perd son identité d'assassin. Les cibles à abattre ne sont présentes que parce qu'Ubi s'est souvenu au dernier moment que c'était bien un nouvel Assassins's Creed qu'ils développaient...Il n'y a pratiquement plus aucune question d'approche, d'étude de la cible. Il y a bien sûr quelques variantes, mais il n'y a jamais le frisson que j'ai pu ressentir sur le premier épisode quand je parvenais enfin à abattre ma proie.
L'infiltration est toujours aussi ratée qu'auparavant, la faute notamment à l'IA préhistorique de tous les jeux Ubi depuis...5, 7 ans ? C'est vraiment dommage car je pense qu'ils avaient moyen de bien implémenter cette feature essentielle de la série dans cet épisode.


Bref, ce Witcher-like est plutôt sympathique, beau, pétri de bonnes intentions, mais s'inspire beaucoup trop du jeu de CDProjekt sans jamais parvenir à l'égaler. Une histoire et une narration bancale, un gameplay (combat, craft) trop superficiel, une exploration certes agréable, mais rarement surprenante m'auront lassé bien plus rapidement que ce que je pensais.


La magnifique Egypte et le sympathique Bayek m'avaient pourtant séduit durant les premières heures, mais le charme n'a pas duré.


Ce qui est paradoxal, c'est que je trouve ce jeu bien meilleur qu'Unity, alors que j'ai terminé Unity (je suis assez sensible aux bonnes narrations, et l'histoire, à défaut d'être passionnante, n'était pas inintéressante).


Je ne m'attarderai pas sur l'aigle tiré de Far Cry Primal (Ubi adore se copier lui-même), pratique mais un peu grosbill et tiré par les cheveux dans cet univers, les bugs classiques des open-worlds d'Ubi (qui sont autant drôles que pathétiques), sur l'arc mitrailleur (c'est quoi cette idée ???), ou encore sur les phases dans la vraie vie véritable réelle (ils ne savent plus comment se dépêtrer de cet héritage des premiers épisodes).


En conclusion, Assassin's Creed : Origins, en perdant l'essence de sa franchise, en cherchant à copier absolument le succès de Witcher 3, et en restant trop superficiel dans son gameplay, reste, pour moi, un jeu sympathique, agréable, mais complètement oubliable. Dommage.

Cacaillou
6
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le 19 avr. 2018

Critique lue 362 fois

3 j'aime

Cacaillou

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