Bayonetta
7.3
Bayonetta

Jeu de Platinum Games, Hideki Kamiya et Sega (2009Xbox 360)

S’il y a bien un titre que j’attendais en cette fin d’année 2009, c’était bien celui-là : Bayonetta. A la fin de l’aventure Clover, après des titres aussi intéressants que Viewtiful Joe, Okami ou encore God Hand, l’équipe dirigée par Hideki Kamiya s’est regroupée dans une nouvelle structure appelée Platinum Games, chaperonnée par maître Sega. On pouvait donc s’attendre à ce que cette association puisse faire des merveilles, tant Sega était prêt à donner carte blanche à cette petite entité qui fut remarquée jadis pour ses titres tous plus audacieux les uns que les autres, et ce n’était pas la création de Platinum Games qui allait changer quoique ce soit dans la politique du père de Devil May Cry. A leur actif on peut déjà noter MadWorld sur Wii qui releva le (difficile) pari de faire un jeu définitivement adulte – hardcore gamer sur cette console à connotation plus familiale, bien que celui-ci ne connut malheureusement le succès qu’il aurait mérité. Quid donc de ce premier titre sur consoles HD ?

D’entrée de jeu, on peut dire que Bayonetta est à l’image de ses développeurs, à savoir un titre de très grande qualité. J’essayerai au cours de cette critique de ne pas « spoiler » trop d’éléments importants du jeu vu qu’il n’est actuellement sorti qu’au Japon et que certains d’entre vous, amis lecteurs, ne pourront jouer à ce titre qu’à partir de janvier 2010. Pour ceux qui ont été coupés du monde pendant ces derniers mois, un rapide rappel s’impose : Bayonetta est un jeu d’action – beat’em’all entièrement en 3D dans lequel vous dirigez une sorcière brune à lunettes (aux mensurations de rêve) et devez donc botter le train d’anges belliqueux et monstres en tout genre (le bestiaire y est d’ailleurs assez varié). Du côté du scénario, il y a bien entendu une trame, peu classique, difficilement saisissable lors du premier « run » mais que l’on commence à comprendre lors des parties suivantes. L’histoire se déroule sur plusieurs chapitres mis en scène par un prologue et se bouclant par l’épilogue (sic – oui c’est de la langue de bois mais au moins vous ne connaîtrez pas le nombre de niveaux du jeu), 5 niveaux de difficulté dont 2 déblocables après avoir terminé les modes « Normal » et « Difficile », tout en sachant que les 2 premiers niveaux de difficulté sont assez anecdotiques vu qu’ils proposent d’appuyer (quasiment) toujours sur le même bouton pour sortir automatiquement les combos, peu intéressant pour le challenge, vous l’aurez compris. Le titre de Kamiya est doté de très jolies cinématiques au ton très décalé du début à la fin du soft (même pendant les crédits – « mark my words ! ») agrémentés de musiques envoutantes (nous y reviendrons plus tard).

Chose assez rare de nos jours, il est primordial de noter que la durée de vie est assez importante surtout pour un jeu d’action, la « replay value » est énorme pour peu que l’on accroche définitivement au style et à la forme (enfin aux formes plutôt :nerd: ). Outre les 5 niveaux de difficulté, le jeu est parsemé de 30 portails d’Alfsheim, challenges vous demandant de la patience, de la dextérité et surtout beaucoup de pratique pour arriver au bout de ces 30 sessions. Dès que les plus affamés auront terminé cette quête, ils pourront se focaliser sur le scoring soit par le nombre de combos soit par le temps écoulé sur le niveau… avec à la clé la récolte de statues (de pierre, bronze, argent, or ou platine).

Platinum Games a sorti le grand jeu, ça je vous l’ai dit dès le départ, car techniquement cette version Xbox 360 est très propre – à la limite de la perfection, de plus tous les aspects de Bayonetta permettent sans aucune ambigüité de faire taire les détracteurs qui criaient au scandale, ce titre étant pour eux un énième clone de Devil May Cry ou God of War mettant en scène une héroïne siliconée. Je m’explique. Sur le plan graphique, nous sommes en présence d’un « level design » très léché et assez disparate suivant les niveaux parcourus, même si on revient parfois sur certains niveaux qu’on a pu faire préalablement. Les sprites sont très détaillés (HD oblige) que ce soit les ennemis (avec des boss de taille très imposante !) mais les environnements le sont également, on se prend souvent au jeu pendant les phases plus calmes d’admirer les décors et trouver les petits détails sympathiques comme par exemple les ailes de papillon sur le dos de Bayonetta lorsqu’elle saute… les fleurs qui poussent façon Okami dans certains passages (no spoil !). Concernant l’animation, c’est là où l’équipe de Kamiya frappe un coup énorme, ça bouge parfaitement, l’héroïne enchaîne les combos les plus impressionnants sans que cela ne gêne le développement de l’action. Alors, oui au cours de l’aventure entière on notera 2-3 passages où il y a de légères baisses de « framerate » mais vraiment pas de quoi fouetter un chat ! Tout cela est très louable quand on voit l’intensité de l’action à l’écran.

Concernant la jouabilité, rien à redire non plus, tout s’enchaîne à vitesse grand V, en plus de cela pendant les phases de chargement (moins importantes que sur PS3), vous vous retrouvés face au mode entraînement vous permettant de vous exercer à la pratique des combos. Et vous verrez que, comme moi, vous passerez du temps sur ce « training mode » pour parfaire vos stratégies de combat. La prise en main demande un léger moment d’adaptation, le temps se rendre compte de la possibilité de déclencher le « witch time » pour ralentir l’action et exterminer plus aisément les ennemis… mais également pour comprendre les différentes possibilités de combos offertes et les combinaisons d’armes envisageables par la suite… bref, en matière de « gameplay », rien à redire, tout s’enchaîne facilement et de manière logique. Cette prise en main est d’ailleurs enrichie d’un positionnement de la caméra plutôt bonne, on voit que de l’eau a coulé sous les ponts depuis God Hand dont le principal défaut résidait dans sa caméra assez aléatoire. Ici, on prend plaisir à bouger dans tous les sens car on sait que derrière on ne sera pas pris au dépourvu d’une faiblesse technique.

Du point de vue musical, rien à redire de ce côté-là, entre remix de titres en hommage à Sega (After Burner, Outrun, Space Harrier…), titres à connotation nippone notamment avec une voix magnifique (par exemple lors du remix de « Fly Me To The Moon » de Frank Sinatra), tout a été fait pour créer le décalage entre ce qu’on pouvait attendre d’un jeu de ce genre (classiquement ce qui se fait dans un Devil May Cry) et ce qu’est Bayonetta… un genre de parodie maîtrisé de fond en comble, poussant le délire – que l’on appréciera plus ou moins suivant le degré d’addiction – là où on n’aurait jamais cru pouvoir aller !

Du délire parlons-en car Platinum Games nous a bien gâtés de ce côté-là. Une héroïne aux formes avantageuses, des poses assez suggestives, des mutations dénudant en grande partie cette Bayonetta, bref, vous l’aurez compris, nous sommes en présence d’un contexte à forte symbolique érotique limite tendance S/M par moment (tenue en cuir, fouet, exécutions)… même si le registre utilisé reste très sobre et très classe. Il ne sera pas rare que la caméra fasse un zoom bien placé ou accentuera la démarche vue de dos du personnage principal, un délice pour tous les geeks que nous sommes. L’autre partie amusante dont nous ont gratifié les développeurs n’est autre que cet hommage permanent à Sega mais également à différentes productions « made in » Clover / Capcom.

Sans dévoiler ces petits délices que tous les fans reconnaîtront, on peut dire que Platinum n’y est pas allé avec le dos de la cuillère, en consacrant certains niveaux entiers à Sega, n’en déplaisent à certains testeurs de sites internet connus, me concernant j’ai plus qu’adoré ces hommages. Ici et là au cours de votre aventure, je suis sûr que vous découvrirez comme moi ces petits trésors cachés qui ajoutent un plus non négligeable pour les fans. L’autre aspect intéressant de ce Bayonetta n’est autre qu’un véritable retour aux sources du jeu vidéo, en effet, de nombreux bonus sont déblocables dans le jeu directement, à l’ancienne comme au bon vieux temps des jeux Megadrive ou Saturn où il fallait appliquer telle ou telle action pour débloquer une tenue supplémentaire (et il y en a quelques unes vraiment intéressantes), des nouveaux personnages (chose également possible dans Bayonetta reste à voir qui et comment le débloquer), des modes de jeu… Et là, Platinum a vraiment tout fait pour donner du plaisir aux nostalgiques de cette époque, en évitant de sombrer tel Capcom avec ses DLC payants… c’est devenu tellement rare de nos jours qu’il est vraiment intéressant de le faire remarquer.

Pour conclure, car il faut bien une conclusion… j’aurais pu continuer à vous vanter les mérites de ce Bayonetta mais je pense que le meilleur moyen de s’en rendre compte est de le tester pad en main, vous savez donc ce qu’il vous reste à faire (sortie PAL/US prévue le 8 janvier 2010). Je disais donc que le premier titre HD de Platinum s’en sort avec plus que les honneurs, alors oui, on pouvait être sceptique à l’annonce de la note parfaite (40/40) du magazine Famitsu tellement les rédacteurs de ce dernier avaient été généreux dans ce domaine depuis quelques mois. Oui aussi au fait que le jeu ne plaira pas forcément à tout le monde (style de jeu particulier . Hormis ceci, nous sommes en présence d’un énorme titre qui regroupe toutes les qualités requises pour le titre de Jeu de l’Année 2009…
Man_Jimaru
9
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le 27 mars 2013

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Man Jimaru

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