L'hubris est ce qui fait chuter l'univers des Bioshock. Dans le cas de Bioshock Infinite, c'est ce qui a probablement saisi Ken Levine pendant sa conception. Après le succès mérité du premier Bioshock, Irrantionnal Games a visiblement décidé d'appliquer la même recette à un univers différent.
Sur bien des points, c'est plutôt réussi. Columbia partage avec Rapture l'originalité et une ambiance malsaine, ici à base de suprémacistes anglo-américains dont le fanatisme religieux a dégénéré en culte sectaire d'un triptyque de pères fondateurs. Les paysages et l'ambiance sont très réussis et on assiste à quelques scènes de vie normale, durant lesquelles on anticipe avec une certaine appréhension le moment où la violence se déchainera.
Ensuite, la frustration prendra bien vite ses droits, car les combats sont pour le moins brouillons et expéditifs, le nombre limité d'armes que l'on peut porter, malgré son réalisme certain, empêche un peu trop le développement de tactiques intéressantes. Les pouvoirs magiques sont sympathiques et utiles ; il parait que l'on peut combiner des trucs et des machins, mais j'ai eu un peu de mal à comprendre comment. Surtout, on croise assez régulièrement des ennemis à la fois coriaces et très puissants, cassant complètement la dynamique des combats, qui deviennent alors longs et répétitifs.
Le joueur attentif remarquera alors que la structure du jeu est virtuellement identique à celle d'un Crysis 2 : des couloirs plus ou moins longs mènent à des arènes dans lesquelles il faudra combattre quelques vagues d'ennemis, parfois ponctués par des ennemis puissant.
Reste le scénario, dans lequel Irrationnal Games s'est malheureusement un peu trop empêtré en essayant peut-être de retrouver le coup de génie de la confrontation avec Andrew Ryan dans le premier Bioshock. Ici, c'est à base de physique quantique et d'univers parallèles, cela sert parfois bien le jeu en soit durant les combats, mais c'est à moitié convainquant. Tout comme le voyage temporel, le problème de ce genre de thème, c'est qu'il est très difficile de ne pas donner l'impression que l'auteur abuse de ses pouvoirs divins pour amener l'histoire où il le souhaite et Bioshock Infinite n'y échappe malheureusement pas. La séquence de fin parvient à une jolie mise en abyme, avec peut-être même quelque clin d'oeil à la fin de System Shock 2, mais sa conclusion ne convainc guère.
Fort heureusement, la relation entre Élisabeth et Booker, elle, fonctionne plutôt bien sur tous les plans et c'est ce qui sauve le jeu du naufrage complet. Au final, Bioshock a des combats assez moyennement intéressants et plutôt frustrants dans un univers très bien fichu, le tout dans une histoire ne parvenant pas à égaler le génie de son illustre prédécesseur. Dommage que six mois avant soit sorti Dishonored...