Infinity ? Non, t'es sûr ? Bon...

Perso, j'avais fait le premier "Bioshock" et j'étais légèrement circonspect quant à la pluie d'éloges qu'avaient récolté le "chef d’œuvre" d'Irrational. Mouais, bon le gameplay n'était pas révolutionnaire et l'histoire était soit cryptique soit pseudo-intellectuellement méta (avant l'heure car la mode n'y était pas, d'ailleurs y avait pas de mot pour ça...). Le deuxième était basé sur des mécanismes toujours aussi classiques et ne cherchaient pas à réécrire la bible mais plutôt à la transcender (et là ça partait en FPS classique mais bien foutu).

Là, bah, que dire... Le gameplay est devenu encore plus classique (car les pouvoirs sont soit anecdotiques soit trop faibles et coûtent trop chers pour être exploités) et l'histoire encore plus méta.

On quitte le cloisonnement moral de Rapture pour embrasser l'ouverture spirituelle de Columbia. Mouais. Si dans les deux premiers, on nous faisait croire maladroitement à un possible choix, ici on ne nous fait même pas l'affront de nous en donner l'ombre d'un. On nous dit qu'on en a et c'est tout (ah si : la cage ou l'oiseau !). On a surtout l'impression, réelle, que nos choix sont noyés parmi une infinité de possibilités qui ont déjà été choisies ou qui seront choisies. A la manière d'un Matrix 2 ou 3 (je ne sais plus) on nous dit qu'on fait partie d'une multitude de possibilités et qu'on vit l'une d'elle. Encore une fois : mouais.

"Mais si je choisis de refaire le jeu, est ce que je pourrais avoir une autre possibilité ?
-Bah non gamin, c'est méta. Ça te montre que même si on te donne la liberté du choix, il n'est pas réellement présent car dans une certaine mesure l'infinité de tes choix se résume toujours à la même chose.
-... Mais c'est bidon ton idée ! Ça ne laisse pas la possibilité à celui qui pourrait décider de faire quelque chose de spécial de le faire.
-Oui mais c'est pour dire que toutes les possibilités se valent ; celle ci est unique mais incluse parmi une infinité. On te dit un truc, on n'essaie pas de te le prouver !
-Ouais je comprends. Ça te donne l'illusion du choix, en te disant que c'est normal que tu ne l'aies pas car tu l'as déjà fait en amont.
-Exactement !
-Donc c'est ce que je te dis, c'est bidon. Tu vas être l'acteur/témoin d'une possibilité parmi une infinité COMME DANS TOUS LES JEUX !!! Sauf que là on te le dit".

Voilà l'histoire de Bioshock infinite. Faire croire un truc au joueur, le faire joliment, artistiquement, intellectuellement mais aussi maladroitement. Car un peu comme à chaque fois, le gameplay est le parent pauvre du jeu. Tout d'abord les pouvoirs sont pénibles à développer et n'ont finalement que peu d'intérêt, d'autant qu'ils sont rarement utilisable en adéquation avec l'environnement. Ensuite les améliorations des armes ont droit au même traitement, à savoir un punch sommaire qui peut être exploité par des améliorations payables avec de l'argent... qu'on perd lors des "morts" successives ! Ce qui fait que plus on meurt, plus on perd de l'argent, moins on peut améliorer ses armes et ses pouvoirs et donc plus on a de mal à progresser pour améliorer nos compétences et donc moins mourir. L'histoire du serpent, tout ça...

Après, Bioshock infinite sert une réflexion plus ou moins complexe sur un principe inhérent au jeu vidéo. On n'est pas dans la réflexion philosophique mais on dépasse le simple discours habituel dans le média, surtout dans le cadre d'une production très grand public. Est ce que ça en fait un jeu intelligent ? Sans doute bien plus que la moyenne. Est ce que ça en fait un grand jeu ? Disons que depuis le premier opus, on réfléchit beaucoup plus dans les jeux et on donne beaucoup plus à réfléchir...