BioShock Infinite
7.5
BioShock Infinite

Jeu de Irrational Games et 2K Games (2013PC)

On ne peut mettre une simple note à Bioshock Infinite. Si la presse s'est empressée de lui attribuer des 19/20 et autres joyeusetés élogieuses, il est difficile pour nous autre, joueurs, de juger un tel jeu.
Je viens de le terminer, j'écris donc cette critique après seulement 24h de réflexion. Pourquoi ne pas avoir fait celle-ci dés la fin du générique me direz-vous : C'est à cause de nombres de points venant bousculé ma conception du soft.

Soyons clair, le jeu mérite, subjectivement, un bon gros 10 selon moi. L'univers est incroyable et majestueux, les personnages principaux charismatiques, le scénario intéressant et le gameplay dynamique. Loin de la répulsion que j'éprouve envers les FPS "blockbuster" militaire à la Call of, Gears of War ou Titanfall, Bioshock Infinite nous propose une vraie expérience solo maîtrisée et fascinante, que l'on n'oublie pas une fois le PC éteint.

Oui mais voila, on est sur senscritique. Et sur Senscritique, j'essaie d'être objectif : Je considère, non sans égo, que mon avis sera lu et, peut-être, pris en compte par d'autres joueurs ne connaissant pas encore le binôme Booker-Elisabeth. Je me dois donc de livrer une critique juste, et non un ressenti.
La deuxième raison de cet non-attribution du 10, c'est le recul. Oui, j'ai bien entendu vu et lu les critiques assassines sur le jeu, détruisant son scénario et son gameplay, l'accusant d'insulter la saga originale par sa régression sur plusieurs points.

Et ces critiques ont partiellement raison. Déjà, j'ai été choqué par la linéarité abusive de l'oeuvre : La ou Rapture se délivrait par pan entier de niveaux FACULTATIFS, nous sommes ici guidés comme de véritables automates vers le prochain objectif, ne disposant que d'un ou deux magasins / ruelles pour assouvir notre soif d'exploration.

La ville, justement, est un des gros paradoxes de ce nouvel opus. Bioshock 1 & 2 parlent de Rapture, bien plus qu'ils ne parlent d'Andrew Ryan ou de Lamb. Nous découvrions une "utopie" capitaliste ravagée par ses propres démons et mise à sac par ceux venant y chercher un havre de paix, une sorte de bulle les éloignant des maux de l'autre monde, à savoir les "parasites" et les régles morales.
Ici, Colombia n'est pas ce personnage , Colombia n'est pas une utopie ravagée. Certes, il y a la Vox Populi, mais ce sont plus des opprimés se révoltants que de véritables ressortissants des errements de la ville. Ainsi, les hommes de couleurs s'y révoltant n'ont pas été détruits, à l'instar des chrosomes, par la liberté et l'immunité moral de la ville : Ils sont simplement des travailleurs pauvres opprimés par un riche, soutenu par toute la caste de riches chrétiens habitant la ville.

On a donc ici affaire à un premier problème ; L'essence de Bioshock, Rapture, ne trouve qu'un écho artistique en Colombia, qui redevient bien plus un décor qu'un personnage.

Deuxième point, le gameplay. Haaa, le gameplay des Bioshock.... une histoire d'amour-haine depuis le tout premier. La mollesse des combats du premier et du second étaient rattrapés par la tactique qu'ils nous imposaient, le vaste choix d'armes et de pouvoirs ainsi que la disparité de ces affrontements.
Dans Infinite, changement radical : Les combats sont devenus le centre du jeu. Si l'on pouvait se balader une heure entière dans Rapture sans rencontrer le moindre affrontement, Ceux-ci nous tombent sur le coin de la figure au moindre carrefour de la cité.

Alors heureusement, ils ont subis un sacré lifting : Ultra dynamique, bourrin et rapide, ils offrent des sensations décuplés grâce au feeling des armes (impressionnante amélioration quand on voit celui des armes des deux premiers) tout en gardant l'esprit "Bioshock", c'est à dire des Plasmides (ici nommés "Toniques) comme pouvoirs pour nous débarrasser en beauté des cargos de tirailleurs venus nous mettre du plomb dans l'aile.
Mais ici aussi, le bât blesse. Si l'illusion se maintient durant les premières heures, on comprend bien vite que tout l'aspect tactique des combats est passé à la trappe, et que toute la philosophie de ceux-ci à été revu. Exit les quinze armes portés en même temps : ce sera deux, pas une de plus. Idem pour les Plasmides : d'une quinzaine, ils passent ici à 6, avec un intérêt franchement discutable pour au moins le quart.
Mais le plus important problème de ces combats "New-Gen", c'est leur répétitivité. Les équipes ont totalement détruites l'équilibre entre exploration et affrontement de la saga : Ici, on se bat sans cesse dans des arènes plus ou moins ouverte, avec des vagues d'ennemis de plus en plus puissante nous attaquants de toutes part. J'ai oblitéré les Aérotrame à raison : celles-ci, si l'idée est géniale, est totalement sous-exploité dans le jeu. La ou on aurait espéré des Aérotrame gigantesque sur toute la ville, permettant de s'y déplacer dynamiquement et rapidement, elles se limitent à quelques arènes plus ou moins ouvertes, et n'offrent pas de possibilités plus dingues que ça en terme de level-design.

Et maintenant, le troisième point, qui sera également une sorte de passage entre l'objectivité et la subjectivité de ma critique : le scénario.
Soyons clair : je n'ai ni tout vu, ni tout lu, ni tout fait. Je n'ai donc peut-être pas le recul culturel nécessaire pour critiquer objectivement celui d"Infinite. Néanmoins, je trouve clairement les critiques assassines sur celui-ci trop dures.

[SPOIILER] [SPOILER] {SPOILER]

Oui, le voyage dans le temps/dimension est totalement abracadabrantesque, avec des voyages entre dimensions et époques ayant parfois des conséquences, parfois aucunes, et une sorte de complaisance qu'à Levine à tenter de nous perdre dans une complexité qui n'existe pas. Oui, certains points du scénario sont décidément très sombre et ne sont pas résolus alors qu'ils le devraient :
Pourquoi le Siphon ? Pour empêcher Elisabeth d'utiliser ses pouvoirs ? Pour alimenter une quelconque machine ? on ne sait pas.
Pourquoi Comstock veut-il détruire New-York ? Pourquoi la prophétie indique-t-elle, selon lui, qu'Elisabeth doit faire pleuvoir le feu sur les hommes ? Si je comprend bien, Booker à vendu sa fille pour rembourser ses dettes à Comstock, qui est en fait Booker ayant ouvert un passage dans cette réalité pour récupérer sa fille grâce à la machine des Lutèce. Ensuite, pour que personne ne sache la vérité, il aurait tué les Lutèce et Mme Comstock afin de garder le secret sur l'origine d'Elisabeth, et maintenir l'illusion qu'elle est d’engeance divine.
Ainsi, tout ce qu'aurait fait Booker-Comstock, c'est à dire fonder Colombia et créé le culte ultra-chrétien la gouvernant, ça aurait été pour réparer ses erreurs et récupérer sa fille ? Oui, mais encore une fois, dans quel but ? pourquoi la garder enfermée ? pourquoi vouloir détruire la "Sodome d'en-bas" ?
Et enfin, pourquoi ne pas expliciter un peu plus cette histoire de milliers de portes ? Pourquoi "tout commence par un phare" ? Les bioshocks seraient-ils tous une redite de l'histoire d'Elisabteh et Booker, dans des univers et des circonstances différentes ? la même histoire, avec simplement des variables et des constantes ? d'accord, c'est plutôt couillu, mais quel est le but derrière tout ça ?
Enfin, si je comprend le principe "d'étouffer Comstock avant sa naissance", je ne comprend pas pourquoi les différentes Elisabeth tuent Booker à la fin. Est-il condamné à être Comstock ? ça parait peu probable, il lui suffit de revenir en arrière et de l'empêcher de revendre sa fille, en lui faisant parvenir de l'argent par exemple.

Bref, vous l'avez compris, le jeu dispose de défauts évident. mais c'est sans compter sur ses qualités qui, pour moi, transcendent le soft. Déjà, si Colombia est moins profonde que Bioshock, elle n'en reste pas moins sublime et fascinante. La direction artistique du jeu est sans conteste une claque dans son genre, et il fera certainement date comme l'un des plus beaux tableaux vidéoludiques de tour les temps.
Ensuite, même si le gameplay à souffert d'une régression, il n'en reste pas moins hyper fun et dynamique à défaut d'être intelligent. Le jeu se parcoure sans mal, et les combats ne se font redondants que sur la fin.
Et le scénario. Si quelques incohérences subsistent, force est de constater qu'il est ultra efficace, et surf avec la science et le fantastique comme peu avant lui. Le scénario est comme un bon livre dont le twist final serait un peu bâclé : oui, le délire du "le méchant, c'est toi" fait trés série B, mais regardez le truc dans son ensemble : ne vous êtes-vous pas laissez porter par cette histoire de failles, de voyages quantique, de jeune fille enfermé et de grand Prophète ? ne vous êtes vous pas attacher à ses personnages, à leurs enjeux et leurs doutes ? et cette fin, si elle manque de cohérence, n'est-elle pas pour autant glorieuse, réalisée d'une main de maître et juste assez mystérieuse pour nous la faire garder en tête de longues heures après le générique ?

J'ai adoré le jeu. C'est, sans conteste, un chef d'oeuvre. J'ai tout aimé du début à la fin (à part les combats qui devenaient chiants et répétitifs, mais bon on est dans un jeu vidéo hein) et même si le scénar ne tient pas la comparaison, en terme de profondeur, avec un The Last of Us, j'ai surkiffé l'ambiance scientifico-fantastique du jeu, son rythme et effréné et, surtout, la majesté de ses décors.

Infinite est un chef d'oeuvre, et comme tout les chef d'oeuvre une partie des gens le détestent et le détesteront. à l'instar d'un Kubrick ou d'un George Lucas, il attirera autant les louanges que la haine.

Après tout, c'est la marque des grand jeux.
fuckmacron
7
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le 23 juil. 2014

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fuckmacron

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