Pourquoi n'ont-ils pas repris "Don't Let the Bed Bug Bite" ???


L'introduction pour tout le monde



Danganronpa ...


Derrière cette appellation suscitant un sentiment d'exotisme se cache une saga à ce jour en 2+1 volets, retraçant les aventures d'un groupe de jeunes gens embarqué dans un jeu mortel. Le pitch des 2 épisodes est le même : notre groupe se retrouve prisonnier d'un lieu, et la seule façon d'en réchapper est de tuer l'un de ses congénères et de ne pas se faire prendre durant le "procès" qui suivra, où chacun échangera ses arguments et ses analyses.


Dans sa structuration, Danganronpa 2 - Goodbye Despair s'inscrit dans la continuité de son aîné, lorgnant très largement sur le registre du visual novel, tout en intégrant des phases de participation un peu plus actives, qu'il s'agisse des phases d'exploration ou d'enquête, ou encore des mini-jeux qui ponctuent chaque procès.


Continuité également d'un point de vue graphique, avec ce design très caractéristique de la saga, constituant des environnements 3D par compilation d'éléments 2D. Assez réussi.


Après, Danganronpa, c'est avant tout une saga un peu barrée, avec des personnages haut en couleurs, et surtout avec des twists tous plus improbables les uns que les autres. Tout le sel de cette série, pour peu que vous acceptiez la passivité inhérente au genre, est de vivre ces moments de retournements de situation ou de bouleversements. Et pour cette critique, pas question de vous gâcher le plaisir. J'ai donc pris le parti de vous faire un texte en trois parties, en fonction de votre connaissance de la saga.



La critique pour ceux qui n'ont pas joué à Danganronpa 1



Si vous n'avez pas joué à Trigger Happy Havoc, vous pouvez bien sur globalement appréhender et comprendre ce qui va se passer dans Goodbye Despair. Néanmoins, c'est vraiment une situation que je ne vous recommande pas.


En effet, une grande partie du plaisir qu'on a à parcourir ce deuxième opus de la saga réside dans la mise en relation avec le premier épisode, qu'il s'agisse de la construction générale de l'histoire, de petites références subtiles ou amusantes, ou encore d'évènements plus structurant qui perdraient du coup de leur charme et de leur portée.


En résumé et pour faire court, dans ce cas, courrez vous procurer le premier épisode, pour peu que vous ne soyez pas hermétique aux jeux un peu narratifs et à un certain esprit WTF (le premier épisode reste plus sage sur ce point).



La critique pour ceux qui ont joué à Danganronpa 1



Si vous faites partie de cette catégorie, mon conseil est également très simple, et vous n'avez finalement pas vraiment besoin que je vous le dise pour aboutir à cette conclusion : lancez vous dans Goodbye Despair !


Vous retrouverez, pour le meilleur et pour le pire, tout ce qui vous a plu ou déplu dans le premier épisode : l'ambiance globale, avec quand même quelques changements de perspectives et de traitement, qui pourront plaire ou déplaire, le jeu des meurtres, les phases de recherche et bien entendu les procès avec leurs retournements de situation si caractéristiques.


La seule chose que je vous dirais sans spoiler l'histoire, ce qui serait un crime (héhé !), c'est que sous ses apparences, ce deuxième épisode est un peu "l'enfant terrible" de son aîné : finalement bien moins sage ...



La critique pour ceux qui ont joué à Danganronpa 1 et 2



Cette section de la critique contient des spoilers majeurs des épisodes 1 et 2, nécessaires pour argumenter mon ressenti du jeu. Si vous n'avez pas joué aux 2 épisodes, ne lisez pas cette section !


Allez !!! On y est ! Attaquons les choses sérieuses ! Nous sommes maintenant entre initiés des 2 épisodes et je peux donc me lâcher, arrêter les formules creuses de tout ce qui a précédé et entrer dans le vif du sujet.


Danganronpa 2 : Goodbye Despair est un jeu complexe à appréhender, notamment dans sa critique et sa notation. Définitivement, je le trouve très bon ! Mais je ressens quand même une pointe de déception liée à la multiplicité des sentiments que j'ai eu en parcourant l'aventure.


En cela, D2 est un jeu qui nous déséquilibre, en jouant à la fois sur des twists assez barrés, mais surtout sur deux attentes contradictoires que - je pense - tout joueur du premier épisode aura : celle de retrouver l'ambiance et la construction de Trigger Happy Havoc, mais aussi celle de prendre son indépendance vis-à-vis de ce premier opus.


Le début de l'aventure représente bien ce déséquilibre permanent qui nous met dans une profonde situation d'interrogation. Le jeu démarre exactement de la même façon que le 1. Le héros principal ressemble à celui du premier épisode, les musiques sont exactement les mêmes, l'entrée en matière également (un groupe d'élèves se retrouve dans un lieu sans savoir comment ni pourquoi). Et pourtant, tout est si bizarrement différent : la (trop ...) gentille Usami a remplacé Monokuma, nous sommes sur une ile paradisiaque, et le but de l'aventure serait de récupérer les fragments d'espoirs ?...


No Way ...


Et effectivement, l'aventure va basculer. Sans qu'on comprenne trop pourquoi ni comment. L'aventure va ainsi retrouver une voie plus connue. Monokuma va retrouver son rang. Seul subsiste le lieu, finalement moins inquiétant que la Hopes Peak Academy du premier épisode qui servait si bien le concept de huis-clos (c'est d'ailleurs un des changements de traitement de D2 qui pourra décevoir certains joueurs).


Le traitement des meurtres et de l'histoire en général connait également ses spécificités (là encore pour le meilleur ou le pire). L'épisode 1 intégrait une avancée plutôt progressive de l'histoire globale, au gré de découvertes qui s'intensifiaient dans la 2ème moitiée du jeu. Pour le reste, Trigger Happy Havoc se basait énormément sur les twists des meurtres, qui constituaient à eux seul une bonne motivation pour le déroulement du jeu.


Du coup, dans Goodbye Despair, on s'attend à avoir un déroulé un peu similaire, considérant notamment les ressemblances de construction que le jeu nous renvoie constamment. Et non ... Rien ne vient ! Enfin si : les meurtres, les twists, avec cette fois ci une attention particulière donnée aux motivations des crimes. Une grande partie de leur résolution portera ainsi sur les évènements qui auront abouti à cette situation, autant qu'à la résolution des moyens utilisés.


Au fur et à mesure de l'aventure, je trouvais cette construction originale, mais finalement ... inutile. Vu que l'histoire globale n'avançait pas. Approfondir les motivations, et donc les traits de caractère et la sensibilité des personnages est certes intéressant, mais ne semblait pas trouver son utilité dans l'avancement de l'histoire.


Je trouvais néanmoins certains passages particulièrement réussis, comme celui de la Fun House, dont l'ambiance me rappelait le huis-clos du premier épisode (la statue de Sakura est d'ailleurs à la bonne place).


Tout bascule pour moi lors du 5ème procès, dont je trouve le concept particulièrement génial. D'autant plus qu'il répondait à une question que je me posais au fil du jeu : peut-on avoir un crime sans réel coupable ou alors avec un coupable malgré lui ? Un climax dramatique particulièrement réussi selon moi et qui permet de basculer dans la dernière partie de l'aventure.


Et cette dernière partie, c'est vraiment elle qui justifie ce qualificatif d' "enfant terrible" que j'ai utilisé au début de mon texte. Goodbye Despair attendait la dernière ligne droite, peut-être au moment où on avait un peu baissé notre garde, pour nous bousculer violemment. Une véritable fin WHAT THE FUCK, où l'on apprend que tout l'était que mensonges et illusions, avec twist, re-twist et dix de der !


Cette fin, j'ai vraiment du mal à objectiver ce que j'en pense. Je tenterais la formulation suivante : déjà vue mais quand même réussie, dans la mesure où elle est parvenue à évoquer dans mon esprit les scénarios de Virtue's Last Reward ou encore de Metal Gear Solid 2. Une fin qui dure 3-4 heures et qui vient remettre en cause tout ce qu'on avait construit sur le reste du jeu (pour un total de 40-45 heures je crois). Du coup, je suis quand même ressorti de l'aventure avec le sentiment d'un déroulé au mieux déséquilibré, au pire chaotique.


Etait-ce volontaire ? Surement.


Était-ce opportun ? Sans doute dans la mesure où le jeu parvient quand même à nous prendre à revers, mais avec du déjà vu.


Cette fin aurait-elle pu se dérouler sur une construction plus cohérente ? J'en suis convaincu, dans la mesure où, par exemple, l'indice de la transformation de la vache en poule, dès le début de l'aventure, donne trop d'indication sur le caractère irréel du monde dans lequel on évolue, en comparaison du peu d'informations et d'indices qui seront mis sous le nez du joueur dans la majeure partie de l'aventure.


Du coup, je suis à la peine pour la notation. J'ai envie de mettre 8/10 à ce deuxième épisode, mais avec le recul je me dis que Trigger Happy Havoc, à qui j'ai mis 7/10, ne vaut pas moins que ce 2ème opus. Et c'est vraiment ma conclusion, qui justifie ma première partie où je recommande de ne pas faire le 2ème épisode avant le 1er : Goodbye Despair puise sa force et sa faiblesse dans sa relation avec Trigger Happy Havoc, ce dernier en étant la justification finale (avec notamment l'apparition des personnages issus du 1er épisode) ainsi que la grille de lecture, d'orientation et de désorientation.


Pour sa capacité à nous bousculer, parfois maladroitement, de nous engager dans de mauvaises directions et pour son caractère totalement fou sur la fin, je vais lui mettre ce 8/10.



Conclusion pour tout le monde



Vivement l'épisode 3 !!!

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le 22 juin 2016

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Red13

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