Dear Esther
6.1
Dear Esther

Jeu de The Chinese Room et Curve Digital (2012PC)

[Critique qui contient des spoilers (très softs)]

Chère Esther,

Je ne te connais pas, et ne te connaîtrai jamais. Je ne sais pas qui tu es, d'où tu viens, où tu as vécu, ni ce que tu fais.

Je parcours une Ile inhabitée, britannique semble-t-il, et j'en explore les paysages magnifiques, guidé par la seule lueur rouge d'une station radio abandonnée, au loin, et qui clignote au rythme doucereux des vagues qui s'abîment sur les rochers en contrebas.

J'entends une voix triste, désabusée. Je ne sais pas qui parle, mais je sais qu'il s'agit d'une personne proche de toi. Des noms reviennent: Jakobson. Donnelly. Paul. Qui sont-ils ? Qu'ont-ils à voir avec moi ? A mesure que ma quête progresse, les questions se multiplient et les réponses s'amenuisent. Comme toi, elles m'apparaissent floues, disséminées dans les peintures que j'aperçois et dans les mots que j'entends, seule compagnie tangible sur une île envoutante mais déserte.

Le décors parfois fantomatique me laisse penser que ce qui m'entoure n'est pas entièrement réel: quelle beauté époustouflante... Au gré de mon errance, j'aperçois des peintures murales, symboles de chimie et phrases pieuses. J'aperçois aussi des pneus de voiture, des ruines de bâtiments et de navires, ainsi que quelques silhouettes immobiles... Elles semblent m'observer. L'indolence initiale laisse place à une curiosité grandissante que je n'arrive pas à purger, faute d'éléments nécessaires...

Je devine une histoire. Non, je ressens une histoire. Comment pourrait-il en être autrement, quand tout ce qui m'entoure me perturbe tant dans mes perceptions ? Invité d'un corps qui ne m'appartient pas et d'un esprit qui me sert de fenêtre sur un autre monde, j'essaye de comprendre, sans succès. Et pourtant, la tristesse me gagne lentement sans que je ne parvienne à me l'expliquer. Qui es-tu, Esther ?

Ma quête touche à sa fin et tu ne te dévoiles pas. Je comprends ce qu'il s'est passé et je sais enfin quelque chose de toi, peut être d'importance, certainement d'ailleurs pour celui qui me prête ses yeux, mais qui ne me permet pas d'appréhender le reste.

Doucement, lentement, j'émerge de ce monde féérique où je me suis envolé le temps d'un songe, et j'atterris dans ma réalité, celle que je saisis et que je connais.

De cette aventure, tout ce que tu me laisses est un ressenti.

Et je t'en remercie.
Sheffie
10
Écrit par

Créée

le 1 mai 2013

Modifiée

le 2 mai 2013

Critique lue 245 fois

Sheffie

Écrit par

Critique lue 245 fois

D'autres avis sur Dear Esther

Dear Esther
khms
9

Nuit alcoolisée et regrets

J'ai rencontré Dear Esther après une soirée quelque peu arrosée. L'ennui me titillant et la fatigue ne voulant pas venir, j'ai cherché quelque chose à faire en continuant de siroter le reste de ma...

Par

le 10 oct. 2012

42 j'aime

4

Dear Esther
Nooky
8

Critique de Dear Esther par Nooky

Simulateur de balade et poésie. Dear Esther est la version deluxe du mod éponyme pour HL2. Ce n'est pas un FPS ni même un jeu, c'est une courte expérience. Si vous n'accrochez pas à l'univers, pas...

le 15 févr. 2012

29 j'aime

2

Dear Esther
yavin
9

Critique de Dear Esther par yavin

Je regarde ce bloc de texte encore vide, je tique sur mon "Envie d'y rejouer" et je m'en veux. Non pas d'avoir envie de retourner à nouveau sur cette île étrange aux décors magnifiques, pas plus que...

le 26 mai 2012

25 j'aime

1

Du même critique

Blood Diamond
Sheffie
8

Critique de Blood Diamond par Sheffie

Les critiques que j'ai lu m'ont laissé pantois. Dans mes souvenirs, Blood Diamond était un bon film, malgré les clichés. Mais je ne le voyais certainement pas manichéen. J'ai donc décidé de le...

le 30 avr. 2011

6 j'aime

Les Larmes du soleil
Sheffie
3

Critique de Les Larmes du soleil par Sheffie

Absolument improbable comme scénario. Voyez le Lieutenant sauce "Bad-ass" semi muet, meurtri et insensible. Voyez son équipe de rambos en puissance. Voyez la jolie doctoresse et ses protégés,...

le 21 avr. 2011

3 j'aime

1

Magnolia
Sheffie
10

Critique de Magnolia par Sheffie

Je ... Je ... Mon dieu ce film. Rare sont les films de trois heures (mise à part la trilogie du Seigneur des Anneaux) qui ont réussi à ne pas me faire mourir d'ennui à partir de la moitié. Encore, le...

le 23 avr. 2013

2 j'aime