David Cage, le Ridley Scott du jeu vidéo de science fiction

L’attente aura été insupportable. Enfin nous y sommes. David Cage et le studio Quantic Dream sont de retour pour un nouveau petit bijou vidéoludique : Detroit Become Human. Tout comme Heavy Rain et Beyond Two Soul, cette nouvelle pépite interactive optant pour un thriller néo futuriste, propose d’évoluer dans un monde dans lequel les androïdes nous ressemblant sont utilisés pour remplacer les humains. Devinez quoi, vous allez en contrôler trois et devrez créer leur destinée…


Pour les fanas de l’univers de Philip K.Dick


Souvenez-vous, en 2012, David Cage réalisait un court métrage, Kara, censé montrer les capacités graphiques sur Playstation 3 et montrant un nouveau moteur, la performance capture. Ce qu’on ne savait pas à l’époque c’est que ce même court métrage allait déboucher sur un jeu : Detroit become human.


https://www.youtube.com/watch?v=ifg6bhoSboo


Quatre ans de travail, plus de 200 personnes mobilisées pour travailler sur ce projet dédié exclusivement à la Playstation 4. Le bougre et son équipe ont bien faits de prendre leur temps: ce jeu est magique. La marque de fabrique du studio: les jeux interactifs. En sommes, vous regardez un film et devez faire des choix influents sur l'histoire. Ses choix, tout comme ceux de Life is strange, seront déchirants, amenant aussi bien à la vie qu’à la mort de tel ou tel personnage. Vous n’avez pas le droit à l’erreur, réfléchissez bien, réfléchissez vite. « Ecrire sa propre histoire », ce sont les maitres mots de ce nouveau Quantic Dream. Serez-vous fidèles à vos valeurs? Ou vous comporterez vous comme un être abject?


Après la série Westworld, et le film Blade Runner 2049, David Cage, s’inspirant des grands films du genre et de l’univers de Philip K.Dick, compte bien loin aussi apporter sa vision d'un futur où les androïdes existent, nous ressemblent traits pour traits allant jusqu'à être plus humains que nous.


En vue de la bande annonce et de la démo, on s’en doutait, Detroit become human repousse les limites. En termes d'esthétisme, de gameplay, de choix influant sur le scénario, de la construction de l'histoire aussi richissime que celle de Blade Runner et du développement de ces personnages diablement attachants, David Cage compte bien proposer bien plus qu'un bête blockbuster vidéoludique.


Visiblement, son jeu est très personnel, l'histoire se suit avec une réelle fascination, bien plus qu'elle ne l'avait été déjà pour le sublissime et inoubliable Heavy Rain (qui m’aura par ailleurs bien déprimé). Detroit Become Human, tout comme les films traitant du même sujet, veut nous faire réagir, veut nous alarmer, développant des enjeux. Humanisme, discrimination, persécution, écologie, économie, avancée technologique, liberté de penser et d’exister, ça va jaser.



N'oubliez pas, ceci n'est pas qu'une simple histoire, ceci est notre
avenir...



La révolution des androïdes


Dans ce jeu, après Beyond two soul et Heavy rain, Quantic Dream veut vous faire jouer sur plusieurs tableaux, basculant de la science fiction à l'action en passant par le thriller noir futuriste. De quoi éviter la redondance, apporter une œuvre dynamique donnant envie de ne pas lâcher la manette.


David Cage promettait une expérience unique. La promesse a été tenue. Longtemps qu’on n’avait pas eu un jeu interactif aussi prenant du début jusqu'à la fin. Il nous avait eu avec Heavy rain et, bien qu'un poil en dessous question personnages, intrigue et choix, Beyond Two Soul. Heavy rain proposait foule de possibilités questions choix et fins. Devinez quoi ? Detrome Become Human multiplie les possibilités par 2. De quoi offrir une durée de vie considérable. Notons que le jeu se termine en approximativement 15heures. Imaginez avec tous ses différents choix la durée de vie du jeu ? Une chose est sure, vous allez y passer tous l’été !


Bien entendu, parmi nos trois personnages, vous aurez votre héros préféré. Et là, Quantic Dream prendra un malin plaisir à vous impliquer émotionnellement. A base de QTE chronométrés vous faisant perdre vos moyens, les enjeux dramatiques, les bons ou mauvais choix, vous allez devoir maitriser vos émotions et ce, même si le jeu causera du stress puissance 10. Tiens, ça rappelle un certain Until Dawn (cf ces petits passages où vous deviez rester, manette en main, statique, ne pas faire de bruit au risque de vous faire repérer par de vilaines bêbêtes et voir votre héros se faire violemment zigouiller sous vos yeux choqués).


Contrairement à Beyond Two souls, Detroit become human se voudra parfois très sombre, choquant, abordant des sujets sensibles, n'allant pas de main morte avec la sensibilité des plus fragiles. Pas de censure, Detroit become human se veut mature, continuant à suivre le message lancé depuis des années par nombreux réalisateurs et romanciers au sujet des dangers de l'avancée technologique.


Ce monde n’aime pas ce qui est différent, jugeant constamment, se permettant de dire quel être mérite le plus de vivre qu’un autre. Les animaux, les insectes, maintenant les androïdes viennent s’ajouter à la liste. Les propos et les comportements seront parfois durs, montrant la manière dont sont traités au quotidien ces êtres nous ressemblant. Aussi étonnant que sa puisse paraitre, devant nos yeux, les contrôlant, nous les percevrons d’une autre manière, une manière plus positive. Ces êtres synthétiques sont tellement plus bons que nous. La vision de Quantic Dream se voudra proche de l'apocalyptique, foutant sacrément les chocottes. On sait que ça arrivera un jour, on sait qu'on ne pourra rien éviter, on sait que l'être humain n'en fera qu'à sa tête et ce, même si on l'a prévenu maintes et maintes fois.



L’humanité est tellement déprimante. Seul compte l’avidité, la
stupidité et la violence…5000 ans de civilisation, tout ça pour en
arriver là…



Rêverons-nous de licorne ici aussi ?


Ce que j’ai toujours aimé dans les univers futuristes : découvrir les nouvelles technologies, les looks vestimentaires. Avec Detroit Become human, je n’ai pas été déçu. Comme un gosse, j’ai été comme un gosse, découvrant toute sa foule de petits détails tels les magazines tactiles du futur, les tenues propres aux androïdes (nom, matricule et petit logo en led bleue pour différencier robots d’humains), panneaux publicitaires holographiques (ah ce petit cinéma), gadgets intégrés dans les domiciles, nous découvrons ce à quoi pourrait ressembler plausiblement le monde de demain . Pas de voitures volantes, mais du drone, des dirigeables, tout un tas de gadgets high tech comme on avait aimé voir dans les Total Recall, Retour vers le futur 2 et d’autres. Typiquement le genre de jeu donnant envie de fouiller les lieux dans les moindres recoins.


Quantic Dream oblige, question émotion, réalisme des personnages (gestuelle, expressivité vous donnant envie de pleurer comme une madeleine tant ils paraissent réels), effets d’eau (la pluie, L’EFFET le plus beau d’Heavy Rain ), musiques et bruitages, c’est le pied total. Detroit Become human vous prendra aux tripes, par les sentiments, comptant bien vous donner envie de vous y remettre à plusieurs fois. Les jeux créant une rejouabilité, j’approuve à 100%.


Nos androïdes ne sont pas acceptés parmi les humains, ils ne sont pas acceptés pour ce qu'ils sont. Ils vont donc ce battre pour leur liberté, se battre pour avoir des droits.Detroit become human vous fera voir des têtes connues. Parmi elles, Clancy Brown, célèbre Kurgan d’Highlander, Jesse Williams de la série Greys Anatomy, et Valorie Curry (Jane, la copine de Wallace dans la saison 2 de Veronica Mars) qui avait déjà interprétée Kara dans le court métrage. A tous les fans d'Alien, Lance Henriksen lui même, celui qui avait interprété un certain Bishop, joue dans ce jeu...un humain.


Techniquement, j’ai beau chercher, ce jeu est irréprochable. Les personnages sont moins raides qu’Heavy Rain (pas de soucis de cervicales avec votre personnage ne quittant pas un point fixe en tournant la tête à 360degrés), la est ville lumineuse et plein de vie, donnant cette folle envie de la visiter, nous avons la possibilité de scanner pour voir toutes les taches et autres interactions disponibles dans telle ou telle pièce, analyser les objets (description détaillée), évaluer les probabilités de réussite lors d'une action (digne d'un terminator je vous dit!) parfois chronométrée, changer l’angle de la caméra en la plaçant soit à l’avant, soit à l’arrière du personnage, la possibilité de la tourner, bref, coté déplacements, maniabilité et surtout ajustement de la caméra, c’est nickel. Quantic Dream oblige, vous mimerez, cette fois sans le psmove, les gestes du quotidien, utilisant le stick et le pavé tactile. Immersif à petite dose de ce coté là, mais sympathique tout de même.


Détroit become human propose donc d’incarner trois androïdes à la vie bien différente. Nous vivrons donc leur quotidien, cernerons mieux les choses, ayant leur propre point de vue. C’est jubilatoire d’entrer dans la peau de quelqu’un d’autre, de s’échapper de nous mêmes. Rien que cette idée, pour éviter toute agression, de voir les androïdes avoir leur propre compartiment dans les bus, je valide. Et ce n’est que les premières minutes de jeu. La suite est d’autant plus passionnante.


Tout comme Beyond two soul, Detroit become human fonctionne par chapitres, des courts ou longs chapitres. Quant aux musiques signées Philip Sheppard, Nima Fakharara et John Paesano, le pied total. Tantôt dramatiques, mélancoliques, dignes d’un thriller, les pistes musicales de Detroit become human méritent d’êtres cultes. Vous serez chamboulez, ô que oui !



Parfois je me dis que tu as plus d’humanité que la plupart des
humains…



Au final, immersif, philosophique, poétique, réfléchit, empathique, psychologique, captivant, réaliste, intelligent, Detroit become human, fait rire, fait pleurer, met en colère, éblouit. En vue du comportement des êtres humains, difficile de ne pas se dire que les androïdes méritent plus de compassion et plus de respect. Detroit become human réussit sur tous les tableaux, livrant un spectacle extraordinairement réaliste tout en nous poussant à revoir notre façon de vivre et de se comporter vis-à-vis des êtres vivants peuplant notre planète. Un chef d’œuvre, ni plus ni moins allant bien au-delà de nos attentes.

Jay77
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le 26 mai 2018

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Jay77

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