Il y a maintenant quelques années, en 2012, la démo technique intitulée « Kara » m’avait fait une très forte impression. Je n’avais encore jamais touché à un jeu de Quantic Dream et je connaissais les critiques qui étaient régulièrement faites sur leurs jeux, notamment concernant l’« absence » de gameplay qui représente pour certains le gros défaut de ces productions. La sortie de Detroit : Become Human, avec son thème sur les androïdes qui ne me laisse pas indifférent, était l’occasion de me faire mon propre avis sur la proposition du studio. Et j’ai vécu là une de mes meilleures expériences vidéoludiques !
Dès le premier chapitre, qui m’a au passage énormément marqué et que j’ai trouvé extrêmement réussi dans sa mise en scène, je me suis surpris à m’immerger complètement dans l’histoire et me prendre naturellement au jeu, avec une facilité déconcertante. Happé par l’ambiance visuelle et sonore, les heures de jeu se sont enchaînées sans que je m’en rende compte et j’ai suivi l’histoire sans déplaisir ni ennui. J’ai trouvé les personnages très réussis et me suis rapidement attaché à eux. Tout au long de l’aventure, je me suis prêté à l’exercice avec plaisir, et me suis retrouvé à devenir à la fois aussi protecteur que Kara envers la fragile Alice, aussi pensif et désemparé que Markus et aussi têtu que Connor vis-à-vis de sa condition (dans la mesure du possible avec ce dernier). Une petite pensée pour Hank, le vieux flic bourru, qui m’a fait énormément rire avec son caractère impulsif et agacé.
Passons rapidement les détails graphiques, car les images du jeu parlent d’elles-mêmes : celui-ci propose un rendu réaliste splendide et la modélisation des visages est très réussie, l’esthétique du jeu participe à sa qualité. Par ailleurs, le fond de l’histoire ne sera pas étranger à ceux qui ont connaissance des histoires d’Isaac Asimov ou des œuvres qui s’en sont inspirées. Mais ce n’est pas grave, car le scénario du jeu s’appuie dessus correctement pour dérouler un récit original.
J’ai réellement accroché à la proposition du studio, avec ces interactions contextuelles et ces choix d’actions et de dialogues. Sur l’instant, je me suis débrouillé comme je l’ai pu, en tentant de concilier mes valeurs personnelles avec les circonstances. Les moments les plus forts ont été ceux durant lesquels le jeu m’a mis sous pression, en me forçant à agir le plus rapidement et le plus instinctivement possible, me laissant orienter l’histoire selon mes préférences avec l’espoir que ces choix ne seront pas lourds de conséquence. Comme dans la vraie vie, on progresse et agit du mieux que l’on peut, de la façon que l’on estime la meilleure selon la situation et les enjeux. Rarement un jeu vidéo n’a su m’immerger entièrement dans son univers, au point que je m’investisse corps et âme pour mener les objectifs à bien.
Au final, je suis plutôt satisfait de mon histoire. Les trois personnages principaux sont parvenus jusqu’à la fin de l’aventure en vie avec, malgré tout, quelques pots cassés. Le jeu est surprenant dans le fait qu’il m’a plusieurs fois récompensé pour mes choix précédents, en déclenchant des évènements inattendus lorsque la situation devenait dangereuse. Et c’est avec une grande réjouissance que j’explorerai les embranchements scénaristiques que je n’ai pas découverts, soit en les grignotant chacun à leur tour, soit en débutant une nouvelle histoire.
Mais, pour l’heure, je laisse les choses décanter quelques temps, afin de ne pas dénaturer ces souvenirs fabuleux de mon passage dans la ville de Détroit, au milieu de ses androïdes d’une humanité épatante.