Le Corvo et le Renard

Jouer à Dishonored, c'est osciller constamment entre l'euphorie et la déception.

Comme ce gameplay aux petits oignons, véritable pièce maitresse du jeu, qui se contrôle au doigt et à l'oeil. Etre assassin n'a jamais été aussi facile : on se téléporte, on étouffe, on transporte, et tout ça de manière quasi-instinctive (oui, je jouais discrétion-non létal).
Malheureusement, cela signifie aussi que le jeu est lui aussi facile, les gardes devant affronter une sorte de demi-dieu débordant de pouvoirs et de possibilités. Pas facile d'être un humain normal face à un condensé de X-Men.

Les graphismes eux sont extrêmement plaisants, d'un point de vue design. Un univers steampunk, finement ciselé, à la patte propre et cohérente.
Mais d'un point de vue technique, c'est tout de suite moins beau. Pas mal de textures bavent allègrement, les lumières ne sont pas particulièrement exploitées, bref, ça doit tourner sur console.

Et l'histoire, humm, l'histoire.
Dishonored est construit sur un univers plutôt intéressant : sombre, adulte, sans trop de mélodrame ou de réactions surjouées, tout dans les réactions est dans l'humainement plausible, la plupart des points intéressants sont distillés dans des textes et des indices parsemant les différents niveaux. Et si la lutte pour le pouvoir est un élément des plus classiques, on parle assez rarement des épidémies, comme celle de la peste qui tue à petit feu le pays de Corvo.
Mais il y a aussi pas mal de réchauffé dans ce scénario. La trahison, le gentil accusé à tort, la vengeance à la Monte Cristo, les personnages peut-être un peu trop classiques. On pourra rajouter, et cela me gène déjà plus, que pas mal d'énigmes restent sans réponse franche (l'Outsider ? Le Coeur ?), et la fin est particulièrement courte (encore plus si vous faite la "bonne").

Au final, Dishonored reste un très bon jeu. Agréable, beau, efficace, et très bien construit dans son level design, il incite à explorer, essayer, et presque toutes les idées auxquelles vous pensez marchent.
Mais on sent qu'il pourrait aller encore plus loin, tout en restant fidèle à lui même. Plus beau, avec plus de scénario, un peu plus difficile aussi ? Pas mal de pistes d'amélioration pour une éventuelle suite, même s'il se suffit déjà largement à lui-même.