Loin d'être une révolution dans l'univers du jeu d'infiltration, ce petit bijoux de Dishonored a su s'adapter à son époque... et comme disait un homme sage, l'heure est à la personnalisation. Ainsi, on retrouve des maps très ouvert, avec une verticalité impressionnante (la grosse conséquence positive du pouvoir de blink, évitant en effet des phases d'ascension longues ou aux chemins téléphonées). Mais au-delà d'une sensation accrue de liberté de mouvement et d'exploration au sein d'un niveau, la multitude des approches globale du jeu fait plaisir. On pourra choisir de faire de son héros un psychopathe en puissance défiant à l'épée tout un bataillon ; un assassin fourbe coupant des gorges à la vitesse d'une ombre se glissant d'un mur à l'autre ; un clément protecteur royal choisissant de garder les mains propres et assommant quand il ne peut pas simplement se faufiler sans se faire voir ; un brillant ingénieur sorte de MacGyver steampunk qui pirate pylônes et systèmes d'alarmes avant de finir le travail aux mines et au pistolet ; un magicien sombre possédant les animaux et invoquant des pouvoirs surhumains pour au choix duper / tuer les ignorants mortels. Le jeu offre ainsi un arsenal unique qui fait qu'aucune partie ne se ressemble et laisse une liberté d'expression et de créativité colossale au joueur.
Rien que pour cela, le jeu mériterait qu'on s'y attarde plus d'une fois. Mais derrière, il sait aussi revisiter ses classiques de l'infiltration. D'une mission en plein bal costumé qui rappellera les grandes heures de l'agent 47 - à flirter avec les zones à accès interdit tout en se mêlant aux convives - à la subtile évasion de prison, en passant par la classique infiltration de la forteresse ennemie, on a des missions variées, aux atmosphères, décors, ambiances et mécanismes très différentes.
Autre grande qualité du jeu : sa variété de choix qui contribue d'autant plus à rendre l'expérience de jeu unique. Hormis les jeux construits sur ce type de mécanique (Life is Strange), je n'avais plus eu un tel plaisir à explorer un tel labyrinthe scénaristique depuis Resident Evil 3. Ici, outre un grand nombre de quêtes secondaires qui modifient vraiment l'approche des missions (débloquant pas mal de possibilités d'élimination non létales de cibles), on peut choisir entre 3 fins principales décidées en grande partie en raison de notre niveau de chaos (le nombre de pulsions meurtrières auxquelles on a cédé en pleine épidémie de peste). Le chaos influence légèrement sur les missions même. Et entre 10 civils parfaitement inoffensifs et 10 geignards, la différence se sent sur une ou deux missions.
Évidemment le jeu comprend quelques lacunes, légères mais bien réelles. Corvo n'a aucun charisme, c'est une ardoise sur laquelle le joueur met sa propre personnalité et ses envies... difficile d'entrer au panthéon des personnages cultes dans ces conditions. Sa liaison avec l'impératrice et sa probable paternité permettent de mettre un petit de fantaisie dans cette coquille vide. La petite Emily est par contre très mimi, et j'ai été agréablement surpris d'apprendre à mon deuxième run qu'elle possédait déjà une certaine affinité avec l'Outsider.
Si le fil rouge du jeu n'a aucun mérite (coup d'état des plus classiques suivi d'une trahison que tout le monde attendait à des lieux à la ronde), Dishonored compense par la richesse du contexte et des détails de son univers.
Pas une révolution certes, mais quelle claque! Vivement des soldes Steam sur Dishonored 2 pour reprendre la manette.