Final Fantasy IX
8.3
Final Fantasy IX

Jeu de SquareSoft et Hiroyuki Itō (2000PlayStation 3)

Il m'a fallu plus de X ans pour y jouer après le traumatisme du VIII.

X ans durant laquelle j'ai fait la série à rebours, recommançant plusieurs fois certains de mes épisodes fétiches en fonction des sorties de remakes et me délectant de certains spin-off, et une fois encore, de leurs remakes.

Ah oui j'ai angoissé avant de me laisser tenter par cette version PSN, je ne voulais pas faire comme avec le X ou le XII et les renier après à peine quelques heures de jeu soporiphiques. FF IX est tout de même le dernier FF de Sakaguchi quoi, il y avait une chance, et puis à la base on a envie de l'aimer, cet ultime retour au SD dans la chronologie principale de la série, tout comme on veut croire en cette promesse de médiéval fantastique avec tout le casting traditionnel qui répond présent : une princesse, un chevalier, un voleur, un mage...

Et là l'aventure commence théatralement par une histoire ... de théâtre ! tout un symbole pour cet épisode qui semble obsédé par la mise en scène. Djidane fait partie d'une troupe de voleurs qui a pour but d'enlever la princesse Grenat en se prétextant troupe de théâtre. Evidemment, de ce pitch minimaliste (mais qui a le bon goût d'inverser les rôles traditionnels), le jeu va vous entraîner dans un de ces bourbiers maudits qui vous poussera à sauver les habitants de votre planète, qu'ils soient, vivant, morts ou un peu tout ça à la fois.

~~~o Une réalisation dans le haut du panier

La réalisation du jeu est plutôt chouette, très "fin de vie de la PS", avec, si on oublie la carte qui a bien veilli, cette technique rodée des éléments 3D incrustés sur un décor en 2Dn une foison de petits détails et d'animations qui caractérisent les personnages et accentuent le plaisir de retrouver des personnage SD. Quelque part entre le registre du groteste et celui de l'exagération théatrale, les personnages, dans leurs déplacements comme leur attitude au combat, adoptent de plus des attitudes très expressives qu'on avait pas connu depuis FF VI. Ô Joie !

Les musiques sont dans le ton de ce qu'on peut attendre d'un FF, avec de beaux passages, mais aussi pas mal de meublage que l'on oubliera rapidement. Elle est loin l'époque d'un Uemastu seul au pilotage d'une BO transcendante, le bilan musical de FFIX est on peut le dire, modeste, au regard de ce que la série a pu nous offrir par le passé. le reste de l'enrobage sonore est par contre de meilleur facture même si il marque forcément moins, mais les chbooïng, slash, zoumm, poum et autres bruitages en combat on la pêche et souligne bien la puissance, la rapidité, la force de certains personnages et de leurs armes.

j'intègre dans ce chapitre un petit mot sur le système de combat, classique comme un FF, et sur le système de gain de capacités, basé sur les armes équipées qui est plutôt sympa et donne envie d'aller friter du monstre pour le plaisir. Plaisir rare cependant, nous y reviendrons...


~~~o L'aspect théatral

Plus que par sa réalisation, FFIX va marquer le joueur par ses choix de mise en scène. En effet, même FFVIII ne prenaît pas autant le joueur par la main. Pendant la majeure partie du jeu, le scénar va en effet vous trimballer gentiment sans jamais vous laisser la main. Il y aura toujours un événement automatique pour vous amener au prochain point de destination (généralement vous aurez le droit au milieu à une cinématique, torture d'une autre époque qui se permettra en outre se saccader afin que la PSP nous rappelle les conditions de jeu original, au regard du lecteur CD parkinsonien de la PS1).

Pire, dans ce mode d'enchaînement, il faut savoir que dès que votre destination s'avère être une ville ou un village, le jeu se permet de décréter l'explosion de votre équipe aux quatres coins de la cité laissant le joueur seul avec Djidane !

L'intérêt se trouve dans l'écriture même du jeu, son déroulement... toujours aussi peu prompt à vous laisser jouer, le jeu vous proposera (imposera) en effet diverses petites scénettes avec les membres séparés de votre équipe. Celles-ci annonceront un futur événement du scénario, permettront de creuser tel ou tel personnage, mais souvent elles seront juste lourdingues.

Lourdingues car cette structure là prive le joueur de quelques libertés fondamentales comme celle d'aller faire du leveling pour gagner des capacités hyper sympa, sauf à vouloir tenter l'expérience en solo... difficile, et peu intéressant car cela ne profiterai qu'au seul Djidane... un très mauvais point donc, qui on s'en doute ne s'applique pas aux dernières heures de jeu, un peu plus libre, comme le veut la tradition.


~~~o L'histoire

Mais comment faire alors pour passionner le joueur jusqu'au bout, tout en l'ayant privé de ses droits les plus sommaires de rôliste ? avec une belle histoire bien sûr ! et ça chez Square, ils savent faire, en particulier dans les Final Fantasy !

Le scénario de FFIX, je le dis sans gêne, propose certainement les plus grosses audaces métaphoriques, les plus belles mises en abimes de la série. Le sens de la vie et de la mort (que certains n'hésitent pas à voir comme un message appliqué à la série, en guise d'adieu de Sakaguchi), le changement, sont les thèmes profonds qui se cachent derrière les situations rencontrées, sans jamais s'annoncer comme tels. Et pour nous faire revenir au coeur de cette réflexion, le jeu joue sur des inversions de rôle inattendues.

On peut évidemment se contenter de faire basiquement, en prenant chaque élément de l'histoire pour un simple fait scénaristique, mais ce serait rater la sève de cette histoire, qui si elle fait sens dans l'analyse se prend un peu les pieds dans le tapis sur ces aspects les plus factuels. Oh certes on en est pas au désastre de FFVIII qui garde la palme des situations débiles et abracadabrantes, mais bien souvent FF IX sera plus passionnant et plus clair si on suit le jeu pour son sens caché que si l'on cherche à digérer tous les éléments asbscons qu'il enchaîne sur le moment, et notamment sur la fin du 3ème CD où l'on nage en plein n'importe quoi. Il faut cependant admettre que c'est souvent dans le bordel le plus complet que le jeu gagne malgré tout en relief et en intérêt du fait de certaines situations dérangeantes rencontrées qui sont la porte vers les aspects plus profond évoqués plus haut.

Je passe par conséquent sur le demi million de cataclysme simili-atomiques que le jeu déroule dans une certaine froideur, je crois pas avoir connu un tel massacre depuis que j'ai lu l'intégrale d'Akira ou depuis que les méchants de DBZ ont explosé 150 la terre, vous aurez compris que l'intérêt n'était pas là. Au bout d'un moment il faut quand même admettre que ça épuise un peu le joueur, et ça le rend exigeant en terme de tension et de rythme pour la suite, un aspect sur lequel le jeu n'est pas un parfait exemple d'équilibre...

Je ne peux pas par contre oublier que dans chaque FF il existe un boulet qui ne supporte pas les responsabilités et qui viendra régulièrement vous gonfler avec ses états d'âmes qui seront plein de conséquences, cette fois-ci le nominé est une femme et s'appelle la Princesse Grenat et qui cumule avec l'autre rôle traditionnel de brune sans charisme dont les héros est épris (mais pourquoi les héros de RPG jap tombent toujours amoureux de nana qui servent à rien ???).

~~~o Pour conclure

FF IX est un FF avec des qualités et des défauts. Il excèle vraiment là où il faut mouche autant qu'il énerve là où il ne fait pas l'unanimité. C'est sa faiblesse. En effet il ne peut pas satisfaire entièrement un gamer old school autant, qu'on le sait, il repousse les fans de FF récents, aux personnages réalistes et aux ambiances futuristes.

Au lieu d'être l'épisode de la réconciliation, FF IX est celui de la division, où chacun peut voir ce qu'il n'aime pas. En ce qui me concerne, vous l'aurez compris, c'est un dirigisme certain et une histoire en dent de scie (et un peu fumette) qui me gênent, et que ne compensent pas tout à fait une jolie réalisation, un système d'évolution motivant (mais castré) et pas même une belle profondeur au niveau du sens. Celà suffit cependant à faire de FF IX quelque chose de bien meilleur qu'une bouse...
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le 21 oct. 2010

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