Je n'ai jamais touché au FFVII d'origine (ni même à aucun de la série), je n'en connaissais que le nom de certains héros, aussi le remake de l'épisode le plus populaire a été pour moi l'occasion de comprendre l'engouement générationnel de la franchise.
J'ai failli déchanter dès le début, en me demandant quel melon il faut pour débiter de manière aussi sérieuse des banalités pareilles, et comment il est permis de construire des personnages aussi caricaturaux. L'excellente production visuelle et sonore m'a cependant gardé en haleine.
Et puis, au bout de quelques heures, je ne saurais dire pourquoi, je suis tombé dedans. Sans oublier le caractère nanardesque de l'ensemble, le côté entier des héros m'a touché, et j'ai réalisé que je voulais absolument connaître la suite, même si je ne comprenais rien à l'univers, et même si incarner Cloud est d'une tristesse infinie.
La rencontre avec Aerith a symbolisé la fascination ambivalente que FFVII a exercé sur moi. J'ai tout de suite adoré ce personnage, faussement naïf, juste assez excentrique sans être pénible, accessoirement très joliment doublé en VF. Mais c'est aussi à ce moment que le jeu se prend les pieds dans le tapis. Le rythme s'effondre, les textures hideuses se multiplient le long de décors peu inspirés, en plus recyclés ad nauseum au sein de quêtes annexes à peine dignes d'un MMO gratuit.
Les ruptures ludo-narratives s'enchaînent (dans les cinématiques, les héros volent littéralement, mais dès qu'on reprend la manette, on se retrouve bloqué à cause d'une échelle un peu trop haute ou une barrière de chantier qui traîne) et les déambulations, qui auraient pu permettre d'approfondir les personnages, sont surtout l'occasion de montrer que FFVII n'est pas un bon RPG.
Heureusement, le dernier tiers du jeu, très généreux en contenu (un peu trop, même) et en mise en scène, s'avère impressionnant (même si j'ai laissé tomber tout espoir de comprendre quelque chose à l'histoire) et permet de finir sur une relative bonne note.
Au final, drôle de constat : super production souvent boursouflée et bancale, tantôt incroyable visuellement, tantôt digne d'une PS2 souffreteuse, aux dialogues hilarants de bêtise entre personnages qu'on adore sans trop savoir pourquoi, le remake de FFVII provoque une attirance étrange, tout autant qu'il répugne.
Il réussit néanmoins son objectif principal : réactiver la mythologie chez les fans de la première heure, et faire comprendre à ceux qui étaient passés à coté quelle trace il est en mesure de laisser, malgré tous ses défauts.
Et on se surprend alors à fredonner les morceaux de l'excellente BO, et d'espérer un jour reboire un verre dans le bar de Tifa, ou jouer à l'équilibriste en compagnie d'Aerith, au dessus des ruines d'un bidonville très vilain, mais plein de vie.