10 années, ça fait travailler l'imagination. Imaginez une mythologie, riche et passionnante, Fabula Nova Crystallis, le cœur de toute un régiment de jeux ainsi nommés : "Final Fantasy XIII". Imaginez des jeux, diamétralement opposés, un Final Fantasy XIII et un Final Fantasy Versus XIII. Ce fut la promesse de Square Enix. Hélas, elle ne fut qu'à moitié tenue, car en dépit des deux suites que Square accorda au mal-aimé et pourtant grandiose Final Fantasy XIII, l'on ne peut qu'être interloqué face au déni du studio envers cette mythologie, Final Fantasy Agito XIII devint Final Fantasy Type-0 et le si prometteur Final Fantasy Versus XIII devint le pauvre Final Fantasy XV. Le pauvre, car le dernier né de Square est un jeu scarifié, malade de ses 10 années en salle d'attente. Le temps, qui d'ordinaire donne conseil, n'a ici que vidé cet opus de sa substance un peu plus chaque année, jusqu'à sa mythologie. Et aujourd'hui, enfin révélé aux yeux de tous, Final Fantasy XV se révèle être un jeu vide et surtout un jeu en retard...
En retard, car aujourd'hui, peu importe les mondes ouverts, tous sont plus fades les uns que les autres. Or Square semble être resté en 2009, eux et leur promesse de produire un Final Fantasy en open world. Pour ne rien arranger, Final Fantasy XV hérite de tous les travers que peut déceler un tel jeu : des zones de jeu vides, des quêtes annexes fainéantes, des éléments de décors clonés de manière outrancière... Après quelques heures de jeu, l'ennui prend le relai et nous incite à user et abuser du voyage rapide, car en plus d'être vide, ce monde ouvert est trop grand. Et lorsque l'on n'arpente pas les plaines de la désolation artistique, on se doit de subir le châtiment ultime, la terreur de tous les joueurs : les temps de changements. Et qu'ils sont longs...
La direction artistique, à peine l'ai-je évoqué, me souffle le chaud et le froid. D'un côté, on a un monde ouvert, bien que trop grand, plutôt varié et parfois bien level designé en offrant une gestion des reliefs étonnamment réaliste. Mais de l'autre, on doit subir ces personnages principaux aux design relativement douteux (ceci étant par miracle corrigé lors du dernier chapitre), une Cindy provoquante et ridiculement dénudée, et surtout une absence de magie dans "tout ça" absolument effroyable. On ne se croit à aucun moment dans un Final Fantasy !
Cela n'est pas aidé par l'histoire et les personnages qui, j'insiste fermement, sont tous moyens ! Ardyn n'est pas crédible une seconde, Noctis et ses compagnons sont agaçants, Luna meurt avant même d'avoir eu le temps de vivre, et l'empereur... est simplement absent ! C'est un scandale ! Ces trous, ces personnages fantômes ne sont que les symptômes d'une histoire volontairement et criminellement détruite. Le rythme est aux fraises et aucun effort n'est effectué pour creuser les relations père-fils, Noctis-Luna, Régis-l'empereur, Ardyn-Noctis, en bref ce qui est nécessaire dans un Final Fantasy, le background, ou alors ils sont soit minimalistes soit maladroits soit pénibles, on a tous en tête le fameux chapitre 13, un démon du passé, tout droit sorti des pires heures de la Playstation 2. C'est d'ailleurs ce qui me viendrait à l'esprit pour qualifier la mise en scène de ce Final Fantasy XV, minimaliste pour les optimistes, honteuse pour les réalistes, à vous de choisir. Et pourtant, le reste d'histoire que Square nous a servi, même séparé de son Fabula Nova Crystallis, semble encore porter quelques bribes de Final Fantasy Versus XIII via les daemons, ces créatures maudites, certainement des descendants - illégitimes cela va de soi - des Cie'th terrorisants la trilogie Final Fantasy XIII.
Et tout cela pour quoi ou pour qui ? Pourquoi proposer une histoire qui brille tant par son absence ? Pourquoi n'ai-je eu aucun game over en 35 heures de jeu ? Pourquoi le jeu est-il si court ? Pourquoi le jeu est-il si facile ? Pourquoi un open world ? Pourquoi ce jeu est-il si fauché ? Square a eu la gentillesse de répondre à toutes nos interrogations avant même que l'on ne se les pose, dès le lancement du jeu :
"Un Final Fantasy pour les fans et les nouveaux venus."