Il faut juger Fugue in Void pour ce qu'il est. A savoir une courte expérience vidéoludique dénuée de challenge, et où le rôle du joueur est réduit à celui de spectateur errant.
En ce sens, cette proposition particulièrement abstraite recèle quelques beaux moments, quelques visions inspirées qui laissent fantasmer des mondes complexes et vastes.
Très influencé par le brutalisme, mais évoquant aussi le travail d'artistes comme Pablo Valbuena, c'est surtout du côté de l'excellent NaissanceE, du studio Limasse Five, que Fugue in Void tire une énorme partie de son inspiration. Tout ou presque semble avoir été ici repris quasiment à l'identique : l'architecture labyrinthique, le design sonore de nappes graves et profondes, l'errance abstraite, le jeu de lumières hypnotisant, l'univers cryptique, le vertige de certaines visions...
Mais la comparaison avec NaissanceE s'arrête ici. Car là où ce dernier enfonçait le joueur dans une perte de repère aussi complexe qu'inoubliable, Fugue in Void ressemble davantage à un patchwork d'idées agglomérées les unes aux autres sans grand effort de construction ; et laisse à penser qu'il s'agit pour le jeune développeur Moshe Linke de proposer là une démo technique de ce qu'il pourra être amené à proposer dans le futur plus qu'un véritable jeu vidéo, réfléchi et abouti.