Horizon: Zero Dawn par Gaël Barzin

Horizon : Zero Dawn est une de ces nouvelles IP qu'on accueille les bras ouverts, malgré un relatif manque d’originalité - je vais être un peu redondant à ce niveau, excusez la chose par avance - apparent (et même au-delà), quand on voit la grande frilosité de certains éditeurs/développeurs à prendre des risques plus ou moins importants, hors champ indépendant, bien évidemment. Ainsi, ce très bel écrin vient s'ajouter à la longue liste des exclusivités de l'univers PlayStation. Horizon : Zero Dawn vient s'inscrire dans cette temporalité que j'affectionne tout particulièrement et ce que j'ai tendance à appeler "le futur du futur". Bien loin des très lumineuses et technologiques cités fantasmées par nos contemporains et de leur surpopulation évidente, l'humanité refait dix mille pas en arrière et revient aux bases de tout. Réduit à l'état tribal, les derniers habitants de la terre vivent donc comme nos aïeuls, par petits groupes, à vénérer des entités pour ce qui paraît inexplicable comme la présence de ces animaux robotisés, coeur matériel du dernier titre de Guérilla Games à qui l'on associait surtout la tripotée des FPS Killzone.

Horizon : Zero Dawn, aux côtés des Uncharted et consorts, se veut être le nouveau porte-étendard graphique de la console. On pourrait craindre que le jeu ne soit que cela, mais, bien heureusement, le jeu propose un contenu pléthorique composé, comme beaucoup de "jeux ouverts", de missions principales et de ses quêtes annexes plus ou moins intéressantes, et, surtout, on y échappe difficilement, à une certaine répétition, passé un moment, notamment dans ces phases de pistage aidées par une technologie antique. Le jeu est donc très beau et bénéficie bien évidemment des performances de la PlayStation Pro que j’utilise depuis peu de temps.

Au niveau de l'histoire, le scénario ne fait pas de miracle : une jeune fille isolée, voire exclue d'emblée de par ses origines obscures "qui font peur" à ceux "qui savent", et qui devient rapidement celle qui arrive à dompter les bêtes de ce nouveau monde et qui trouve le temps de s'occuper des petits soucis de la veuve et de l'orphelin. Son objectif est cousu de fil blanc : découvrir ses origines, qui sont forcément et intimement liées à l'état actuel de la planète Terre. Terre, avec son écosystème artificiel d'animaux rappelant, ici et là, des animaux de notre temps à nous mais aussi plusieurs reliques du passés comme un tigre à dents de sabre et autres mastodontes.

Mais, malgré cette très grande facilité, Horizon : Zéro Dawn arrive aisément à délasser et divertir le joueur, tel un blockbuster estival aussi léché qu'un peu surfait, et fait passer un sacré bon moment, car avec sa technique de haute volée, et malgré une certaine richesse de commandes, tout s'assimile en peu de temps et on prend vite ses repères malgré la taille d'une carte ni trop grande, ni trop petite. Son environnement, offrant un level design assez jouissif par endroits, est d'ailleurs très varié, tantôt des déserts, tantôt des montagnes glacées, le dépaysement est clairement réussi. Niveau combat, l'héroïne, avec ses airs de la princesse du film Rebelle et sa tignasse rouge feu et son caractère bien trempé, va devoir jongler avec différents arcs, lances-bombes et quelques autres outils très utiles pour calmer les ardeurs bestiales des animaux synthétiques. Ni trop dur - je ne suis pas... plus un joueur patient, j'aurais pu lâcher l'affaire il y a un moment, ce qui n’est pas le cas -, ni trop facile, les conflits d'Horizon demanderont pourtant d'être analysés un minimum, surtout face aux plus imposants des ennemis qui laisseront apparaître leurs points faibles ici et là, et il faudra faire preuve de jugeote tout en variant son arsenal. Bref, un pari réussi pour ce nouveau projet du studio néerlandais. Une expérience particulièrement agréable qui souffre pourtant d'un manque net d’inspiration, symbolique d’un titre prévu bien évidemment pour un très large spectre de joueurs. De fait, je crains de ne pas pouvoir me rappeler du titre avec nostalgie dans une dizaine d'années, malheureusement.