Lands of Lore : les Gardiens de la Destinée sort quatre ans après le premier volet et est sa suite directe. Suite qui marque un changement radical puisqu'elle propose d'évoluer dans un univers tout en 3D, donnant ainsi au gameplay une grosse impression de liberté par rapport à celui du premier jeu où l'on était cloitré dans des "cases".
Comme je l'ai dit l'histoire fait directement suite à celle du jeu initial : Scotia a été vaincue – c'est d'ailleurs Kieran, le voleur huline, qui a été choisi comme vainqueur parmi les quatre potentiels héros de Lands of Lore : The Throne of Chaos – et nous apprenons qu'elle avait un fils issu d'une liaison avec un paysan (je crois) qui se retrouve emprisonné dans le donjon de Gladstone. Cet homme s'appelle Luther et c'est lui que nous allons incarner dans le jeu. Il est victime d'une malédiction, seul héritage généreusement laissé par sa mère, qui le métamorphose aléatoirement en lézard ou en bête. Sa quête est donc de trouver le moyen de s'en débarrasser.
Si l'aspect graphique du jeu est loin d'être parfait, il faut tout de même reconnaître qu'un grand soin y a été apporté. Les environnements sont certes pixélisés mais à côté de ça il y a une myriade de cutscenes (souvent cachées) et surtout les personnages sont pour la plupart incarnés par de véritables acteurs incrustés dans les décors. Le rendu est souvent grossier mais ça donne plus d'impact aux personnages, ils font plus réels. Et puis Dawn est une bombasse.
Ce qui est vraiment appréciable c'est le gros travail fait sur le background. C'est non seulement cohérent avec les bases posées par le volet précédent mais c'est surtout encore plus étoffé. Nous retrouvons ainsi plusieurs têtes connues : Dawn, son apprenti Bacatta, le Draracle et Jakel, Kieran et Scotia en portrait ; et plusieurs aspects de l'histoire sont approfondis : nous rencontrons la civilisation des Hulines dont Kieran fait partie, nous explorons d'anciennes ruines Dracoïdes (race à peine survolée dans le premier jeu), et le voile se lève sur les origines du Draracle. De plus un niveau totalement optionnel - le musée du Draracle - apporte beaucoup d'informations sur l'univers de Lands of Lore. Le concept des "pierres parlantes" est également très intéressant et offre quelques cinématiques supplémentaires.
Les périples de Luther ne laisseront donc pas le joueur indifférent, surtout que les endroits visités sont variés : les classiques grottes, la jungle verdoyante, les cavernes de lave, les sinistres ruines Dracoïdes, l'encore plus sinistre cimetière, les montagnes glacées, la mystérieuse citadelle des Rulois, la majestueuse citée des anciens... en outre le jeu propose deux niveaux totalement optionnels : le musée du Draracle dont j'ai parlé précédemment, mais aussi le Hall des Ténèbres. Ce dernier bénéficie d'une ambiance tellement lugubre qu'il me terrifiait réellement quand j'étais gosse. Et même si ce niveau ne sert pas à grand chose (on monte en expérience et on trouve quelques items) il casse la linéarité de l'histoire et réserve quelques frissons. Tous ces niveaux sont d'ailleurs dotés d'une bande son de qualité qui fait plus office d'ambiance que de véritable musique, l'immersion s'en retrouve donc accentuée.
Quant au gameplay il est plutôt agréable, même si les mouvements/sauts ne sont pas toujours faciles à effectuer. Les transformations de Luther ajoutent du piment au jeu mais deviennent vite lassantes : se transformer en lézard n'est pas trop gênant car il est un excellent magicien et se déplace rapidement, en revanche la bête est complètement inutile puisqu'elle se déplace très lentement et ne tape même pas plus fort que le Luther humain armé d'une bonne épée. Heureusement nous obtenons assez vite un sort permettant d'empêcher la transformation. Il faut aussi noter que l'inventaire est beaucoup trop petit par rapport aux nombreux objets que l'on peut ramasser et il faudra bien vite faire des choix difficiles. Mais de toute façon il n'existe aucun système de commerce dans le jeu, donc garder de vieux équipements ne sert absolument à rien.
Une suite qui ne fait donc pas honte à son prédécesseur, même si une grosse partie du charme initial a disparu avec le passage à la 3D. L'univers est cohérent et encore plus fouillé ce qui rend l'aventure assez riche pour être prenante du début à la fin. Il y a d'ailleurs plusieurs fins différentes selon nos actions le long de la partie, l'intérêt de rejouabilité en est ainsi accentué. J'ai lu à de nombreuses reprises que ce jeu est une "bouse infâme". Eh bien je me gausse, je me gausse.
