Pour se mettre dans l'ambiance de la lecture : https://www.youtube.com/watch?v=KX8ebGCzGeo


2016 aura commencé de la plus triste des manières : disparition de David Bowie, Michel Delpech, Galabru et autres vedettes (inter)nationales. Il fallait bien compenser cette tristesse par un semblant de légèreté, reprendre un peu de lumière et d'espoir dans notre esprit, terrifié par les différents événements de ces derniers mois. C'est là qu’intervient avec brio Life is Strange, dont la version complète et en boîte vient tout juste de débarquer. Comprenant un léger artbook sous forme d’un journal intime et la BO du jeu avec une illustration très sobrement dessinée, le packaging du jeu permet déjà à lui seul de comprendre l’insouciance de notre personnage principal en passe de devenir une jeune adulte.


En 2013, Max Caulfield, étudiante originaire de l’Oregon, revient après cinq ans d’absence dans sa ville natale Arcadia Bay afin d’y étudier la photographie dans la prestigieuse académie Blackwell. C'est alors qu'elle se voit dotée de la faculté de remonter le temps, en tentant d'empêcher le meurtre de sa meilleure amie Chloé dans les toilettes de l'école. De cet évènement vont ainsi les deux jeunes filles tenter de résoudre les mystères qui entourent Arcadia Bay et notamment la disparition d’une certaine Rachel Amber, étudiante à Blackwell.


Dès les premières minutes de l’aventure, on est de suite sous le charme de la direction artistique. Le mélange entre cel-shading et ambiance sundancienne permet d’instaurer un climat chaleureux, familier et propice à une histoire remplie d’insouciance, du moins pendant le début du 1er épisode. L’incorporation de musiques indie-folk (Angus & Julia Stone, Syd Matters…) aux compositions de Jonathan Morali contribue énormément à la réussite de l’histoire et apparaît logiquement comme l’une des meilleures bandes-originale vidéoludique de ces dernières années.


On aurait tendance à s'interroger comment Dontnod allait pouvoir mettre en place les différents choix du joueur et son implication à travers le rewind temporel, et de plus dans un format épisodique. Force est de constater que le pari des développeurs est réussi. L’avantage du pouvoir de Max permet de voir à court terme la conséquence de notre choix après une décision importante. Mais ce même pouvoir rend ainsi cette dernière encore plus dure à prendre, notamment lorsque l’on s’amuse à essayer les différentes combinaisons qui nous sont offertes. Nos choix et responsabilités deviennent alors encore plus difficiles à assumer.


Rarement un jeu vidéo aura réussi, à travers son écriture, de bouleverser émotionnellement le joueur. Partant d’un récit assez simple voire cliché (notamment avec ses personnages : la jeune étudiante insouciante entouré de son amie punk et d’un ami nerd par exemple), le déroulement de l’histoire est de plus en plus intense, développant de façon incroyable ses acteurs et parvenant à tenir en haleine le joueur à la fin de chaque épisode jusqu’à la conclusion. La fin de l’épisode 3 est à ce propos, peut-être la séquence la plus poignante du jeu (et une des plus déchirantes du jeu vidéo), mettant en avant les conséquences des voyages temporels et l’illustration de « l’effet papillon ». Life is Strange parvient de manière intelligente à aborder des thèmes rarement (voire jamais) traités dans un jeu vidéo auparavant : l’euthanasie, le lien entre adolescents et drogue ou encore la question de la sexualité chez les jeunes adultes.


Life is Strange apparaît clairement comme l’une des plus grosses réussites dans le jeu vidéo de ces dernières années. En plus de questionner le joueur sur ses choix, il apporte son lot d’émotions assez conséquent ; de quoi faire également chavirer les plus gros cœurs de pierre.


Il est des expériences nous attristant lorsque l’on arrive à leur terme. Triste de quitter ces personnages auxquels on s’était attachés, à ces lieux que l’on a visités durant toutes ces heures. On est alors anéanti de leur faire nos adieux, de se séparer d’eux et dépité à l’idée qu’une seconde tentative ne pourra jamais combler de la même façon ce vide qui vient de se créer dans notre cœur.
Life is Strange fait partie de ces rares jeux appartenant à cette catégorie. Ode à la vie et à l'amour, il est assurément une très grande œuvre.

Johann_Co_
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le 31 janv. 2016

Critique lue 285 fois

Johann_Co_

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