Mafia II
7.1
Mafia II

Jeu de 2K Czech et Take-Two Interactive Software (2010Xbox 360)

Mafia II se situe de nouveau dans Empire Bay, ville hybride mêlant New-York, Chicago et San Francisco. L'action débute avant la Seconde Guerre Mondiale et se termine au milieu des années 50. Vous incarnez Vito Scaletta, jeune immigré italien arrivé dans les années folles avec votre famille. Schéma classique de l'école : papa travaille aux docks comme un forcené et dilapide la majorité de sa paie en alcool. Forcément le fiston, que vous êtes, grandit dans les rues et fricote avec de la mauvaise graine. Vous devenez ami avec le petit Joe Barbaro et vous passez votre enfance dans les quartiers pauvres, dans lequel vous voyez passer avec admiration de luxueuses voitures conduites par des hommes en costume... Admiration nourrie jusqu'à votre adolescence où, avec Joe, vous décidez de jouer les durs. Manque de bol vous vous faites arrêter, Joe prend la fuite et l'Amérique, alors en guerre, vous envoie en Sicile pour lutter contre les hommes de Mussolini. Début du jeu.

Le scénario, même s'il n'a rien d'original, est sympathiquement amené et vous allez devoir gravir les échelons de la mafia pour gagner de l'argent, vous faire un nom, et devenir un de ces hommes que vous admiriez étant enfant. De coups foireux en embuscade, vous allez devoir prendre du galon en enchaînant les missions pour le compte de diverses familles de mafieux. Sans entrer dans les détails (je vous laisse découvrir les ficelles de l'histoire), disons que le tout est classique : trahisons, fusillades, exécutions... Bref, le quotidien de la mafia. Vous allez devoir exécuter quinze missions réparties dans autant de chapitres. Si les premiers se passent assez rapidement, la durée se rallonge avec le temps et les derniers chapitres durent facilement plus d'une heure. Et malheureusement, c'est un des points faibles du jeu : la durée de vie.

En effet, le titre se veut être un jeu au monde ouvert, avec la ville d'Empire Bay comme terrain de jeu. Autrement dit un terrain de jeu plutôt vaste, et pas grand chose à y faire. En dehors des missions qui font progresser le scénario, aucune activité annexe ne vient faire dérailler le joueur qui filera tête baissée vers la fin d'une mission. Ceux qui voudront ajouter un peu de piquant devront se tourner vers les succès pour déverrouiller ceux en rapport avec une quelconque collecte d'objets. Mais c'est tout ce que propose le jeu en matière de bonus : trouver 159 avis de recherche disséminés à travers la ville, ramasser 50 couvertures de Playboy (et encore, cette opération ne s'effectue que lors des missions), ramener 5 voitures à un individu et 5 à un autre. Rien de bien excitant. Et c'est bien ce qu'on peut reprocher à ce jeu, sa faible durée de vie bien en dessous de nos attentes, surtout pour un titre de ce type. Entre 12 et 15h pour boucler le titre, que vous n'hésiterez pas à faire en mode difficile, aucune difficulté notable ne venant entacher votre progression.


American dream

Et c'est bien dommage car l'ambiance est là pour faire profiter au joueur de cette ambiance des années 40/50. Les costumes des personnages sont classieux, les voitures fidèles à l'époque, la radio diffuse de nombreux tubes de l'époque, bref on se sent immergé dans cette ville très vite. Le jeu n'a rien d'aussi nerveux qu'un GTA et ça colle très bien. Le fait de devoir limiter sa vitesse lorsque l'on croise des policiers, de devoir régulièrement faire le plein sous peine de tomber en rade, de pouvoir réparer son moteur en cas de panne... Tous ces petits détails bien sympathiques nous plongent dans le jeu comme il se doit. Dommage que quelques défauts viennent nous en sortir aussi vite.

Graphiquement le titre tire bien son épingle du jeu : les visages, même en gros plan, son extrêmement bien modélisés, même s'ils manquent un peu d'expression. En même temps on ne s'attend pas à ce qu'un mafieux nous fasse un fou rire toutes les 5 minutes. Mais on peut remarquer de nombreux bugs de collision dans le titre qui contrastent méchamment avec le réalisme dans lequel nous sommes censés être plongés. Par exemple, arpentez un couloir au pas de course et foncez vers une porte pour éventuellement la traverser. Rentrez à vitesse réduite dans un lampadaire pour que celui-ci élise domicile dans votre capot. Bref, des petits défauts qui peuvent paraître insignifiants mais qui n'ont pas leur place dans un soft de 2010, et encore moins quand il a l'ambition de faire suite au célèbre Mafia.

Autre petit défaut de graphisme, il s'agit de la présence du clipping. Il n'est pas extrêmement flagrant mais tout de même, voir les ombres se tailler au fur et à mesure de notre passage, ce n'est pas top. La physique du jeu, quand à elle, s'en sort très bien, et on ne fera qu'admirer les différents effets disséminés dans le jeu. Par exemple, la neige qui s'accumule sur le toit d'une voiture lorsqu'elle est à l'arrêt et la légère poussière nuageuse qui s'envole dans les airs lorsqu'on démarre. Car oui, le jeu, malgré les quelques défauts énoncés, reste beau.


United States of Vito

Comment se déroule la mécanique du jeu ? Comme nous l'avons dit, le titre se découpe en 15 missions, qui commencent plus ou moins de la même manière : un coup de fil. Une urgence à régler, un pote à aider, il faut foncer sur un lieu précis et prendre un véhicule. S'ensuit une discussion avec un mafieux qui vous annonce que la famille a besoin de vous. Et ensuite c'est le festival de la fusillade. Il ne faudra toutefois pas se laisser tromper, ici il ne s'agit pas de foncer dans le tas. Le système de couverture sera mis à rude épreuve et y aller tête baissée ne vous vaudra que de recommencer. Ainsi donc on progresse lors des gunfights avec parcimonie, se déplaçant d'abri en abri. Une pression sur A et Vito se planque contre un mur. Le joystick vous permet de vous déplacer latéralement, et une nouvelle pression sur A pour sortir de votre couvert. Rien de bien compliqué, mais il faut toutefois faire attention à là où vous vous planquez : un mur de bois sera traversé par les balles, et vous avec. Attention donc !

Si vous vous faites toucher mais qu'avant de rendre l'âme vous arrivez à vous mettre à couvert, pas de problème, vos vies vont remonter toutes seules. Mais pas au maximum ! Environ ¾ de votre barre de vie fera le plein, ce qui sera amplement suffisant pour reprendre votre nettoyage par le vide. Il en va de même pour les poursuites véhiculées. Elles sont peu nombreuses, Vito n'est jamais passager, et ne peut pas tirer tout en conduisant. Ce qui vous permet de vous focaliser sur la route, et quelque part ce n'est pas plus mal. Vos collègues se feront un plaisir de vous dégager le passage devant et derrière. Parlons justement des poursuites : la police vous recherchera de plusieurs manières : si vous commettez un crime en étant à pied, ce sera votre physique qui sera recherché. Un petit passage chez un tailleur pour changer de vêtements, et vous voilà incognito. Si vous ne changer pas de fringues, empruntez une voiture, ainsi vous serez plus difficilement reconnaissable derrière un volant. Vous pouvez encore appeler une personne qui s'occupera, contre monnaie sonnante et trébuchante, de faire cesser la poursuite. Et si jamais vous vous faites attraper, pas de problème, vous avez le choix entre soudoyer les agents ou résister à une arrestation.

Si vous résistez, la course reprend de plus belle. On donne deux ou trois baffes aux policiers, on pique une voiture et on repart. Vous n'arrivez pas à semer la police ? Pas de problème, trouvez un garage pour modifier votre véhicule afin de redevenir totalement incognito. Les garages vous permettent différents types de customisation. Vous pouvez déjà réparer votre véhicule ; vous pouvez ensuite le repeindre, vous pouvez changer les jantes, modifier la plaque d'immatriculation (les plus mégalos d'entre vous y mettront à coup sûr leur nom) et enfin, vous pouvez améliorer le moteur, et ce, par deux fois. Ainsi, lors de votre prochaine course poursuite, on désactive le limitateur de vitesse et on regarde nos assaillants devenir un petit point noir dans le rétro. Exaltant. Mais bien sûr, tout ceci a un coût, et ce ne sont pas les moyens de gagner des billets verts qui manquent. Le moyen premier, bien sûr, est de remplir des missions. Mais si l'on veut mener une vie de nabab, ça ne va pas suffire, d'autant qu'en début de partie, on gagne à peine de quoi faire un plein d'essence. Si vous voulez accélérer les choses, vous pouvez braquer les magasins qui parsèment la ville. Ceux-ci sont d'ailleurs peu nombreux : magasins de vêtements, brasseries, armurerie et station essence. Il vous suffit d'entrer dedans, de bousculer le/la caissier(ère) et de piquer dans la caisse. Si la police n'était pas dans les parages, vous pouvez partir en sifflotant. Sinon il va falloir piquer un petit sprint.


Eh mec, elle est où ma caisse ?

Un dernier moyen de gagner de l'argent est d'aller revendre des voitures, soit à la casse locale, soit à un mafieux résidant sur le port. Mais attention, ce dernier n'accepte que les voitures de luxe. Et à quoi va vous servir l'argent ? Et bien finalement à pas grand chose. Acheter des armes ? Pas franchement la peine, puisqu'on en ramasse à la pelle sur les cadavres lors des missions. Acheter des vêtements ? Pourquoi pas, même si il n'y a pas des masses de costumes à acheter, ça peut être sympa d'avoir une garde robe variée. Acheter des demeures ? Impossible, vous changez d'habitat automatiquement au fil de la progression de l'histoire. Acheter des voitures ? Impossible, aucun concessionnaire n'est présent. Et après tout, il suffit de se servir dans la rue. En gros, il vous reste vos sous pour réparer votre véhicule et le customiser, à aller manger un petit quelque chose au bar du coin histoire de restaurer complètement votre barre de vie, ou tout simplement finir ivre mort. Parce que c'est ça aussi, la vie de mafieux.

Voici donc ce qui vous attend dans Mafia II. Le jeu est porté sur de solides rails scénaristiques et rien ne viendra dérouter le joueur. L'exploration de la carte est possible mais superflue (sauf pour la chasse aux succès) et les niveaux, s'ils peuvent donner une impression de liberté, sont en fait assez « couloir ». Mais de grands couloirs. Pareil pour la fin unique du jeu qui avait fait parler d'elle bien avant la sortie du jeu. Et c'est vraiment dommage car la ville est tout de même assez vivante, même si parfois on sent les évènements scriptés. Il est toujours agréable de se promener dans une rue et d'entendre une dispute dans un appartement, de voir la vaisselle voler, d'aider une jeune femme en panne de voiture, de suivre des discussions en pleine rue... La ville est vivante, pas autant que dans GTA, mais suffisamment pour qu'on s'y sente à l'aise. Et entre deux missions il n'est pas désagréable de se promener au volant d'une décapotable avec une petite chanson d'époque, cheveux au vent.

Dernier petit bémol tout de même, l'impossibilité de pouvoir mettre le jeu en VO. Même si les voix françaises sont loin d'être ratées, on aurait aimé jeter une oreille aux voix originales avec le bon accent italien qui va avec. Ici point d'accent en VF, juste des acteurs qui lisent leur texte, avec plus ou moins de conviction, et parfois ça sonne faux. D'autant plus que ça occasionne souvent des décalages de doublage, ce qui fait qu'un personnage a encore les lèvres qui bougent alors que sa phrase est finie depuis 2 ou 3 secondes. Dommage.
Le jeu s'adresse à un public résolument adulte, car la violence, si elle n'est pas omniprésente, est assez crue et sans complexe. Toutefois le jeu ne verse pas dans le gore gratuit et chaque giclée de sang est savamment mesurée pour que l'effet escompté fasse mouche. Et ça marche. S'il y a bien un domaine maîtrisé par Mafia II c'est l'ambiance. S'il n'a pas le fun d'un Saints Row 2 ou le charisme d'un GTA IV, Mafia 2 saura assurément toucher son public et lui offrir un temps de jeu de qualité, si ce n'est de longévité. On espère que le DLC attendu bientôt saura se montrer à la hauteur du titre original pour en prolonger agréablement l'expérience.
Benjamin
7
Écrit par

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le 8 oct. 2010

Critique lue 317 fois

Benjamin

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