Mafiat 1600 - TIQUE

Mafia 2 est un jeu de 2K Czech, édité par 2K Games, sorti en 2010 qui est un jeu complet mais non fini. Bienvenue dans cette TIQUE.

Mafia 2 est un jeu narratif en open-world mais pourrait très bien se passer du dernier. En effet, si celui-ci est très beau, même en 2020, notamment grâce à des textures fines et un moteur physique génial (pour les voitures, les vitres, mais surtout les décors destructibles, très impressionnants en combat), il est vide. Il n’y a que quatre choses à faire dans la carte : amener des voitures à une casse pour obtenir un peu d’argent, voler des voitures (que l’on peut un peu légèrement tuner grâce audit argent), acheter des munitions dans les magasins (ou les cambrioler), et aller à l’emplacement de la mission principale suivante en écoutant la radio et son nombre minuscule de très bonnes musiques. C’est tout. Il y a bien des icônes qui laisseraient penser que des missions secondaires étaient prévues, mais non. Certains magasins semblent avoir été prévus comme accessibles mais ne le sont pas. En bref, on se balade d’un point A à un point B en essayant de pas avoir la police aux fesses.
En effet, la police vous poursuivra si vous dépassez la limite de vitesse ou commettez des infractions, ce qui peut être dommageable, dans la mesure où une mort ramène au dernier checkpoint. Checkpoints qui se trouvent à la fin des étapes de mission. Exemple : vous entamez un chapitre. Petite cinématique, on vous appelle pour vous lancer dans la mission. Vous sortez vous balader, volez quelques voitures, gagnez un peu d’argent, et là, paf ! vous mourrez. Pas de bol, vous revenez au touuuuut début du chapitre (idem si le jeu crash, ce qui m’est arrivé 4 fois en 12 heures, uniquement dans la deuxième « partie » du jeu). Cela force au final à ne faire que l’histoire principale, ce qui est assez logique puisqu’il n’y a rien d’autre à faire dans le jeu.
L’histoire est donc le focus du jeu. Globalement très chouette, bien mise en scène, quoique parfois confuse, elle a tout de même un souci de redondance. D’abord une introduction consistant à répondre au téléphone ou à aller voir quelqu’un, aller voir une autre personne, aller dans un lieu spécifique pour faire un truc illégal (dans des niveaux chouettes), retourner voir la personne, rentrer chez soi. Rebelote.
Globalement, la difficulté des missions est bien dosée (même les missions en temps limité ne sont pas trop frustrantes) : on meurt vite mais les ennemis aussi. Il n’y a en revanche pas vraiment de progression du personnage : on change certes un peu d’armes, mais il y en a vraiment peu et on peut les obtenir facilement sur des cadavres. Le gunplay est très sympathique, juste ce qu’il faut d’imprécision : on ne tirera en général qu’un coup ou deux à la suite, ou une courte rafale, pour mieux viser, le tout en utilisant un cover system très fonctionnel (attention, votre abri n’est pas toujours indestructible…). Du côté des combats à mains nues, c’est moins bon. Très peu d’options : coup léger, fort, esquive et contre. C’est tout. On a vite fait le tour, sans être pour autant sûr de ce qu’on fait (tout coup pouvant être esquivé, pourquoi arrive-t-on à frapper ?), mais il est assez souvent mis en avant, malheureusement.
Quelques autres petits soucis viennent entacher le jeu : un pop-in très visible des objets du décor (probablement une concession pour les graphismes) et une fin un poil trop rapide : on penserait que Vito réagirait à ce qu’on vient de lui annoncer, mais il fait juste une tronche indéchiffrable – l’occasion de parler des visages très beaux mais pas excessivement bien animés car trop statiques.
Alors que penser de ce Mafia 2 ? C’est un jeu très agréable, pas trop long, rempli de petits détails cools, mais clairement pas fini. Paradoxalement, ce n’est pas gênant (même s’il aurait clairement pu être un jeu linéaire). Cependant, je ne peux m’empêcher de penser à MGS V qui, lui non plus, n’est pas fini. 

D’un côté, nous avons un jeu complet, qui, sur la fin, s’effondre soudain, montre ses intestins de jeu non fini.
De l’autre, nous avons un jeu complet, qui montre en négatif qu’il n’est pas fini, par l’absence.
MGS V n’est pas fini, son deuxième acte est boursouflé, clôturé à la va-vite et cela se ressent, voire pire : est clairement visible. Missions recyclées, cassettes déversées, beaucoup moins de missions, histoire pas tout à fait conclue…
Un joueur de Mafia 2 pourrait croire que le jeu est fini, mais on a un sentiment de vide, un manque en y jouant. Tout est là, il ne manque plus qu’à remplir son monde.
Les deux expériences sont très intéressantes à mettre en parallèle. Je pense que plus de joueurs ont été énervés de voir MGS V charcutés ainsi, n’ont pas compris ce deuxième acte. Probablement moins ont été gênés par le vide de Mafia 2. L’absence peut-elle nous manquer ?